
Jeep en faillite ? Plus précisément, c'est bien la filiale de la marque américaine en Chine qui a déposé le bilan ce lundi, conformément à ce qui avait été annoncé il y a quelques mois par Carlos Tavares. Le directeur général de Stellantis, groupe issu de la fusion de Peugeot et Fiat Chrysler et maison-mère de Jeep, avait annoncé qu'il voulait en finir avec les activités de Jeep en Chine à travers le format d'une coentreprise.
Dans un communiqué laconique, Stellantis annonce donc que sa filiale GAC-FCA dépose le bilan « dans un contexte déficitaire ». Jeep ne parvenait pas à gagner de l'argent sur le premier marché automobile du monde. « Stellantis continuera de fournir des services de qualité aux clients actuels et futurs de la marque Jeep en Chine », conclut le court communiqué du groupe automobile. La marque commercialisera, en effet, toujours des produits en Chine, mais sans produire sur place, c'est-à-dire via de l'exportation.
"Afin de préparer cette nouvelle étape post-JV qui permettra à la marque Jeep de continuer à servir ses clients en Chine, un plan produit comportant le détail des modèles disponibles pour le marché chinois sera rendu public prochainement. Le modèle de distribution de véhicules importés avec des concessionnaires chinois reposera sur les mêmes principes que ceux qui sont aujourd'hui profitables pour Maserati et Alfa Romeo", a indiqué un porte-parole du groupe Stellantis.
Nouvelle stratégie pour prévenir le risque géopolitique
Pour Carlos Tavares, le climat des affaires est devenu hostile aux groupes étrangers en Chine. En juillet dernier, il annonçait adopter une nouvelle stratégie dite « asset light strategy », ou « stratégie d'actifs allégés ». Il s'agit alors de ne plus agir à travers une structure dédiée, notamment en Chine dans le cadre d'une coentreprise avec un constructeur local. Le patron de Stellantis avait constaté que le monde avait basculé dans une nouvelle ère d'affrontements géopolitiques suite à la guerre en Ukraine, la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, mais également les tensions entourant Taïwan.
Carlos Tavares voulait ainsi prévenir tout risque de pertes importantes liées à un événement géopolitique majeur, à l'image de Renault qui a dû passer par pertes et profits sa filiale russe, représentant son deuxième marché mondial, et dans lequel il a investi plusieurs milliards d'euros. Carlos Tavares avait lui-même essuyé un tel dommage après le retour des sanctions en Iran alors que Peugeot et Citroën avaient relancé leurs activités.
Peugeot et Citroën sur la sellette en Chine
Au Mondial de l'Automobile de Paris, le 17 octobre dernier, Carlos Tavares affirmait réfléchir à revoir également le format des opérations de Peugeot et Citroën en Chine. Les deux marques françaises produisent et commercialisent des véhicules à travers une coentreprise avec le chinois DongFeng. Compte tenu des performances de ces deux marques dont les ventes n'ont cessé de baisser ces dernières années, Stellantis pourrait être amené à prendre une décision similaire. « Nous avons des discussions avec nos partenaires chinois », s'était bornée à répondre Linda Jackson, directrice générale de Peugeot.
Interrogé sur le risque pour Stellantis de ne plus être représenté industriellement sur un marché en pleine croissance et dont la taille est d'ores et déjà deux fois plus élevée que le marché européen, Carlos Tavares n'a pas semblé s'en émouvoir.
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