« Nous avons des discussions avec notre partenaire Donfgeng », a déclaré ce lundi à Paris Linda Jackson à l'occasion du Mondial de l'auto. La directrice générale de Peugeot a reconnu que la situation des ventes en Chine n'étaient pas satisfaisantes, ni pour la marque française ni pour son partenaire chinois.
La nouvelle 408 lancée en Chine
« C'est normal de discuter avec notre partenaire », a-t-elle tenté de feindre pour ne pas répondre à l'inéluctable question du retrait des activités en Chine. « Nous y lançons la nouvelle 408 », a-t-elle assuré.
Et pourtant, Peugeot n'est jamais parvenu à colmater l'hémorragie de ses ventes dans l'ex-Empire du Milieu. En 2021, les ventes cumulées de Peugeot et Citroën ont atteint les 100.000 immatriculations, une goutte d'eau dans ce marché aux quelque 25 millions de voitures. Une situation intenable et questionne le modèle économique de Stellantis, incapable de s'imposer sur ce marché majeur.
Il y a quelques mois, Carlos Tavares avait tiré des conclusions radicales à la problématique chinoise. Il a accusé les autorités d'empêcher le libre cours du marché et de polluer le climat des affaires. Il avait décidé d'en finir avec la coentreprise signée avec GAC et qui permettait de construire et commercialiser des Jeep. Il avait alors annoncé basculer sur un modèle dit d'actifs allégés (asset lights) : en gros, les Jeep vendues en Chines seront désormais importées.
Aversion au risque géopolitique
Au Mondial de l'automobile de Paris, le patron de Stellantis a confirmé qu'il n'avait pas changé d'avis sur le climat des affaires en Chine. Au contraire, l'actualité des derniers mois a conforté son analyse.
« Le moins que l'on puisse dire, c'est que la stabilité géopolitique Chinoise n'est pas assurée », a-t-il déclaré. « Le verbe américain est de plus en plus musclé », a observé Carlos Tavares qui estime « avoir à plusieurs reprises, été éjecté de marchés en raison de sanctions occidentales ». Il faisait alors référence à l'Iran et la Russie. Selon lui, le risque géopolitique est devenu un critère déterminant des arbitrages d'investissements.
La jurisprudence Jeep
Sur la coentreprise qui fabrique et commercialise les marques Peugeot et Citroën en Chine (DPCA), il a constaté « un problème éthique à ce que les ouvriers européens compensent les pertes chinoises ». Autrement dit, il devient impératif de régler la question DPCA qui est devenue un foyer de pertes pour le groupe. Carlos Tavares a ainsi confirmé des discussions en cours avec DongFeng (qui détient l'autre moitié de DPCA), et n'exclût pas d'appliquer la jurisprudence Jeep en passant par une commercialisation de véhicules importés. Cette stratégie est complexe à mettre en œuvre et implique des droits de douane conséquents et un accès réduit au marché chinois. Interrogé sur le risque d'être absent du premier marché automobile du monde, Carlos Tavares a répondu que ce n'était pas un problème pour Stellantis, alors que le groupe y vise 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2030.
« Il y a devant les constructeurs chinois un tapis rouge en Europe, et ce n'est pas comme ça que nous sommes reçus en Chine », a accusé Carlos Tavares. « Les taxes à l'importation des véhicules en provenance de Chine devraient être symétriques à celles qui sont appliquées aux véhicules occidentaux en Chine », a-t-il ajouté. « On est dans un monde qui se fragmente, les Etats cherchant à établir des bulles (..) Si on pense que dans quelques temps ces bulles vont se refermer, il faudra que l'on vende en Europe les véhicules fabriqués en Europe. On va s'adapter », a-t-il poursuivi, après avoir annoncé que le groupe allait produire « à brève échéance » 12 véhicules électriques en France, contre six actuellement. Les Peugeot 308, 308 break et 408 électriques seront notamment produites à Mulhouse (Haut-Rhin), a indiqué le patron de Stellantis au côté du président de la République Emmanuel Macron, qui visitait le stand Peugeot. Les SUV 3008 et 5008 électriques seront produits à Sochaux (Doubs) et le futur SUV électrique de Citroën à Rennes.
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