SUV à Paris : Anne Hidalgo propose de tripler les tarifs de stationnement

Par latribune.fr  |   |  865  mots
D'après la mairie, la place de la voiture individuelle a diminué dans la capitale. En revanche, la taille et le poids moyen des véhicules n'a fait qu'augmenter. (Crédits : DR)
Une votation est organisée le 4 février prochain à Paris pour augmenter ou non les tarifs de stationnement des SUV. Le vote est ouvert à tous les Parisiens inscrits sur les listes électorales.

L'étau se resserre autour des SUV. La ville de Paris a annoncé mi-novembre vouloir organiser une votation le 4 février prochain sur le sort des tarifs de stationnement de ce type de véhicules. Objectifs présentés par la mairie : accélérer la transition écologique en s'attaquant à la pollution de l'air, améliorer « la sécurité routière » et « mieux partager l'espace public ». Selon les édiles, la place de la voiture individuelle a diminué dans la capitale. En revanche, la taille et le poids moyen des véhicules n'a fait qu'augmenter.

Mais alors qu'ils n'avaient pas encore fixé le montant du tarif spécifique envisagé, c'est désormais chose faite. La mairie de Paris proposera un triplement des tarifs de stationnement pour les voitures hautes et lourdes, lors de la votation, a annoncé ce vendredi la maire PS Anne Hidalgo. Selon elle, ces augmentations de tarifs pourraient apporter un supplément de recettes de 35 millions d'euros à la ville.

Si le « oui » l'emporte à la question « Pour ou contre la création d'un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ? », les conducteurs de SUV devront dès lors s'acquitter d'un tarif horaire de 18 euros pour les arrondissements centraux et 12 euros pour les arrondissements extérieurs, a précisé son adjoint aux mobilités David Belliard (EELV).

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Tous les SUV ne sont pas concernés

Dans sa proposition, la mairie a fixé les seuils de poids pour appliquer ces tarifs à « 1,6 tonne pour les véhicules thermiques et hybrides » et « 2 tonnes pour les véhicules électriques », qui sont tout de même « polluants avec leur système de freinage et les pneus », a indiqué Anne Hidalgo.

Cette mesure ne devrait donc pas concerner tous les SUV : les modèles plus vendus sur le marché, comme les Peugeot 2008 et 3008, le Renault Captur ou le Dacia Duster passent pour la plupart sous la barre de 1,6 tonne, selon les versions. Par contre, de gros SUV comme les Volkswagen Tiguan, le Ford Kuga, des Renault Espace ou des Range Rover devraient bien payer plus pour stationner en surface.

Si le « pour » l'emporte, les résidents parisiens, les professionnels dits sédentaires et chauffeurs de taxi dans leurs zones dédiées, les artisans et les personnes à mobilité réduite ne seront pas concernés par la nouvelle mesure, a précisé Anne Hidalgo. De même, le stationnement restera gratuit pour les SUV comme les autres véhicules le soir après 20H00 - jusqu'à 09H00 le lendemain - et le dimanche, a-t-elle précisé.

Même principe que pour les trottinettes électriques

« Le vote sera ouvert à tous les Parisiens inscrits sur les listes électorales », comme pour la consultation sur les trottinettes en avril, a-t-on précisé. Les résidents de la capitale qui souhaitent participer sont invités à s'inscrire sur les listes électorales d'ici le 8 janvier, si ce n'est pas déjà fait.

Pour rappel, la votation sur les trottinettes électriques en libre-service en avril avait réuni un peu plus de 100.000 votants, soit 7,46% des inscrits. Ils avaient massivement rejeté (89,03%) ce mode de transport qui a depuis disparu des rues parisiennes.

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Ce rebondissement intervient alors que le ministre des Transports et la mairie de Paris sont en plein bras de fer à propos du périphérique parisien. Bien que Clément Beaune a annoncé sur France info jeudi 7 décembre qu'il « ne validera pas » le projet de limiter la vitesse sur cette voie de ceinture à 50 km/h à la fin de l'année 2024, la mairie a riposté.

Si le périphérique « est géré par la Ville de Paris », un changement de la limitation de vitesse nécessite « évidemment une validation de l'État », a rappelé le ministre. Ce à quoi le premier adjoint à la ville Emmanuel Grégoire a rétorqué : « Je vous confirme que nous baisserons la vitesse », lors d'une conférence de presse quelques heures après. David Belliard, en charge des transports à la mairie de Paris, a enfoncé un peu plus le clou l'après-midi lors du « Forum Zéro Carbone » organisé par La Tribune à l'hôtel de ville de Paris.

La mairie justifie ce projet par un intérêt écologique. Le périphérique, un des principaux axes urbains d'Europe, est emprunté chaque jour par 1,2 million de véhicules, franciliens en majorité. Pour rappel, la vitesse maximale autorisée sur cette ceinture routière de 35 kilomètres qui entoure la capitale était déjà passée de 90 à 80 km/h en 1993, puis à 70 km/h en 2014. Depuis 2021, la vitesse a par ailleurs été limitée à 30 km/h dans la plupart des rues de la capitale.

Une mesure « antisociale » et susceptible de générer davantage de bouchons, et donc, d'émissions de CO2, a fustigé ce vendredi de son côté la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

(Avec AFP)