Métro du Grand Paris : Clément Beaune « ouvert à tout », y compris à une ligne 19 dans le Val-d'Oise

REPORTAGE. A l'issue du premier roulage du Grand Paris Express dans le centre d'exploitation et de maintenance de Champigny (Val-de-Marne), la présidente (LR) de la région et d'Île-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, et le ministre des Transports Clément Beaune, sont restés à quai pour discuter. La Tribune était sur place.
César Armand
Dans le futur centre d'exploitation et de maintenance de la ligne 15 du Grand Paris Express, situé à Champigny (Val-de-Marne), le Grand Paris Express a réalisé, dans la matinée du 28 novembre, son premier roulage.
Dans le futur centre d'exploitation et de maintenance de la ligne 15 du Grand Paris Express, situé à Champigny (Val-de-Marne), le Grand Paris Express a réalisé, dans la matinée du 28 novembre, son premier roulage. (Crédits : C.A. pour La Tribune)

Déjà treize ans que la loi relative au Grand Paris a été promulguée par le président Nicolas Sarkozy. Un projet « urbain, social et économique d'intérêt national » qui s'appuie sur « la création d'un réseau de transport public de voyageurs dont le financement des infrastructures est assuré par l'Etat »: le Grand Paris Express. Encore deux ans néanmoins à patienter avant que la première ligne de métro du Grand Paris - la 15 Sud entre Pont de Sèvres (Boulogne-Billancourt) et Noisy-Champs (à la jonction des deux communes) - n'entre en service. Et avant cette mise en circulation fin 2025, vient de s'ouvrir la phase des essais. Dans la matinée du 28 novembre, au cœur du centre d'exploitation et de maintenance de Champigny (Val-de-Marne), la première rame a roulé avec à son bord les grands responsables politiques franciliens.

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Une hypothétique ligne 19 à horizon 2040

A la sortie du train, la présidente (LR) du conseil régional, Valérie Pécresse, ainsi que le ministre des Transports, Clément Beaune, putatif candidat Renaissance à la mairie de Paris, sont restés à quai pour discuter. Le 22 novembre, la première avait interpellé à distance le second lors d'une conférence de présentation d'une hypothétique ligne 19 du Grand Paris Express traversant le Val-d'Oise entre La Défense et Roissy à horizon 2040.

« L'Etat ne nous donnera pas un kopeck », avait ainsi affirmé Valérie Pécresse.

Aussi la présidente de région et la patronne (LR) du conseil départemental du 95, Marie-Christine Cavecchi, prévoient, donc, d'investir six millions d'euros - quatre du conseil régional et deux du département - afin de réaliser une étude de faisabilité qui sera menée prochainement sur ce projet de nouvelle ligne.

Trois options sont sur la table, a confié ce matin Valérie Pécresse à La Tribune. Soit le document est conçu par IDF Mobilités, l'autorité organisatrice des transports en Île-de-France, soit par un bureau d'études extérieur. Ou soit par l'établissement public d'Etat qui conduit le chantier du super-métro, la Société du Grand Paris, via sa filiale SGP Dev, née en mai 2022 pour « conduire des études en vue de la réalisation d'autres projets d'infrastructures ».

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Un coût estimé en milliards d'euros

Et les deux élues franciliennes ont déjà calculé le coût du projet : entre six et sept milliards d'euros hors taxes mais entièrement financé par les deux collectivités territoriales. Aussi, à la question de La Tribune, « L'Etat donnera-t-il un kopeck à la ligne 19 ? », le ministre Beaune a affirmé que ce projet n'était « pas encore dans le plan de financement » des mobilités en Île-de-France. Et d'ajouter: « Je suis ouvert à tout, mais faisons déjà ce qui fonctionne. Nous avons encore quatre lignes et demi à réussir » (14 Sud, 15, 16, 17 et 18 du Grand Paris Express, Ndlr).

Dans l'intervalle, les présidentes (LR) du conseil régional francilien et du conseil départemental val-d'oisien peuvent s'appuyer sur l'article 22 de la loi de 2010 relative au Grand Paris créant le Grand Paris Express, pour pouvoir réaliser cette ligne 19.« Pour la mise en œuvre des actions et opérations nécessaires à un contrat de développement territorial », les collectivités territoriales peuvent en effet « conclure avec une personne morale de droit public », type Société du Grand Paris, un contrat.

Un contrat qui porte « à la fois sur la conception du projet d'aménagement global, l'élaboration d'une proposition de révision ou de modification du document d'urbanisme ainsi que la maîtrise d'ouvrage des travaux et équipements concourant à la réalisation du projet d'aménagement et la réalisation des études et de toutes missions nécessaires à l'exécution de l'opération », précise le texte gouvernemental.

A date, une seule gare dans le Val-d'Oise

D'autant qu'aujourd'hui, les habitants et les entreprises du 95, qui comptent à date la seule gare du triangle de Gonesse, financent déjà le métro du Grand Paris via la taxe d'équipement et la taxe sur les bureaux.

« On entend que "Trop d'argent a été donné à l'Île-de-France", mais ce modèle économique est le bon : les habitants et entreprises paient pour eux-mêmes. Ce n'est pas de l'argent qui provient de l'Etat », a insisté Valérie Pécresse.

Suite à quoi le ministre des Transports, Clément Beaune, lui a rappelé, dans un sourire, que même si l'argent vient des contribuables franciliens, la Société du Grand Paris, qui réalise le chantier, est un établissement public d'Etat...

 Financement des RER métropolitains : Beaune botte en touche

L'arrivée des RER métropolitains dans les gares de province s'accélère. Le 15 novembre, l'Assemblée nationale a définitivement adopté la proposition de loi sur les Services express régionaux métropolitains, c'est-à-dire s'appuyant sur le ferroviaire, mais prenant aussi en compte les cars express, le covoiturage et le vélo.

Le texte confirme ainsi l'élargissement des missions de la Société du Grand Paris qui sera rebaptisée Société des Grands Projets. La SGP pourra bel et bien « contribuer au déploiement du programme et, le cas échéant, intervenir sur d'autres opérations de transports collectifs à la demande de l'Etat ou des collectivités », indique la loi.

Reste le problème du financement qui n'est pas parfaitement résolu. Sollicité par La Tribune sur ce point, le ministre renvoie au vote définitif du Sénat sur le texte prévu le 18 décembre. La Chambre haute, qui pointe cette « épineuse question, » a en effet fait inscrire dans la proposition de loi finale « l'organisation d'une conférence nationale de financement des SERM ».

Un raout à une date encore indéterminée mais qui doit intervenir « d'ici à quelques mois » après la promulgation par le président Macron.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 29/11/2023 à 12:09
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Les transports du Grand Paris ne soulageront les usagers que peu de temps. Plus on crée de voies de circulation plus on attire de monde et plus on crée de circulation ! En plus comme l'actuel RER ces nouveaux transports ne seront pas entretenus et ce...

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