Voiture thermique : l'Allemagne s'abstient, l'interdiction dans l'UE reportée sine die

Par latribune.fr  |   |  578  mots
Le texte qui devait être voté mardi prévoit de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves en Europe à partir de 2035. (Crédits : Reuters)
Prévu mardi, le vote des Etats membres devait entériner l'interdiction de la vente de voitures à moteur thermique en 2035. Berlin souhaite que la Commission propose une législation supplémentaire pour encourager les carburants de synthèse qui pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après cette échéance.

C'est un sérieux revers pour l'Union européenne en matière de transition énergétique. En raison de l'abstention annoncée de l'Allemagne, les Etats membres ne voteront pas mardi l'interdiction de la vente des voitures à moteur thermique en 2035.

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Ce texte qui prévoit de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves en Europe à partir de 2035 a fait l'objet en octobre d'un accord entre Etats membres et négociateurs du Parlement européen. Il a été formellement approuvé mi-février par les eurodéputés.

« Nous sommes arrivés à un accord historique, qui réconcilie l'automobile et le climat, deux frères ennemis », s'était réjouie l'eurodéputée écologiste Karima Delli, présidente de la commission Transports au Parlement européen.

L'Italie et la Pologne opposées au texte

Premier mode de déplacement des Européens, l'automobile représente un peu moins de 15% des émissions de CO2 du continent. La nouvelle réglementation doit permettre à l'UE d'atteindre ses objectifs climatiques. L'Union souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% d'ici 2030 par rapport à 1990 et atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050.

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Le texte devait encore être entériné mardi par les Vingt-Sept, lors d'une réunion de ministres à Bruxelles, dernière étape avant son entrée en vigueur, sans possibilité de renégocier le contenu.

L'Italie avait annoncé de longue date son opposition au texte. La Pologne voulait, elle aussi, se prononcer contre et la Bulgarie souhaitait s'abstenir. Ces pays, à eux trois, n'ont pas les moyens de bloquer la procédure.

Désaccord autour des carburants synthétiques

En revanche, Berlin a indiqué ces derniers jours son intention de ne pas accorder non plus son feu vert dans l'immédiat. Sans l'Allemagne, la majorité qualifiée des Vingt-Sept qui est requise (vote favorable d'au moins 55% des États représentant au moins 65% de la population de l'UE) n'était plus atteinte.

« Nous avons toujours dit clairement que la Commission européenne devait présenter une proposition sur la manière dont les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035 (...). Ce qui manque maintenant, c'est la réalisation de cet engagement », a rappelé vendredi le ministre allemand des Transports, Volker Wissing (FDP, libéraux).

A la demande de Rome et Berlin, les Vingt-Sept avaient intégré au texte un possible feu vert à l'avenir pour des technologies alternatives, comme les carburants synthétiques (e-carburants), si celles-ci permettent d'atteindre l'objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules.

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La technologie des carburants de synthèse, actuellement en cours de développement, consiste à produire du fuel à partir de CO2 issu notamment des activités industrielles en utilisant de l'électricité bas-carbone. Pour la filière automobile, elle permettrait de prolonger l'utilisation des moteurs thermiques menacés par l'irruption des véhicules 100% électriques. L'usage de cette technologie dans l'automobile est contesté car elle est très énergivore.

Berlin souhaite que la Commission propose une législation supplémentaire pour encourager ces carburants de synthèse dans le transport routier tandis qu'un autre texte sur les « infrastructures pour carburants alternatifs » est en cours de négociation.