Leasing : pourquoi la location de voiture électrique coûte plus cher que des modèles thermiques

Dans une étude publiée ce mardi, l'association Transport et environnement dénonce la surfacturation des voitures électriques en location et le manque d'objectif clair des sociétés de leasing dans la transition électrique. Des résultats à nuancer pour les entreprises du secteur, estimant que de nombreux freins extérieurs persistent dans le passage à l'électrique. Explications.
(Crédits : Reuters)

« Nous demandons aux sociétés de leasing de prendre leur responsabilité, elles en ont les moyens ». Dans une large étude, l'association Transport et environnement (T&E) en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni, révèle qu'en moyenne, les prix des véhicules électriques en location sont 56% plus élevés que leurs équivalents thermiques.

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Un constat qui est à nuancer selon la société de leasing Arval, l'une des plus importantes en Europe, qui rappelle que si la location coûte plus cher sur un véhicule électrique, les coûts d'usage comme le carburant et les réparations sont quant à eux moins élevés. Au final, l'entreprise estime que le véhicule électrique reste avantageux pour les entreprises et considère que le prix n'est pas le frein à la transition des véhicules électriques en leasing. Pour rappel, le leasing permet de louer sur une durée limitée avec un tarif s'appuyant sur le modèle du véhicule, son prix neuf, sa valeur résiduelle (sa valeur à l'expiration de sa durée d'utilisation ou de location) ou encore son kilométrage. À la fin de la location, le client peut décider de prolonger le contrat, de rendre le véhicule ou encore de l'acheter (s'il a souscrit à une location avec option d'achat appelée LOA).

Quelle mensualité pour l'électrique ?

L'association Transport et environnement a analysé près de 2,7 millions de véhicules sur cinq ans pour observer les tendances des ventes sur le marché de l'occasion après l'utilisation d'un véhicule. Résultat : le prix de revente d'une voiture électrique remonte, il était de 37% de sa valeur initiale en 2017 avant de passer à 43% en 2022 et devrait continuer de progresser. Pour les véhicules thermiques, la valeur de revente était de 46,6% en 2017 contre 48,9% en 2022. Cet écart de 6% des prix à la revente entre les voitures électriques et leur équivalent thermique est largement plus faible que la différence entre les mensualités de location de ces mêmes voitures. Par exemple, pour la Peugeot 208, le modèle électrique se loue 547 euros par mois contre 355 euros pour son équivalent thermique.

Transport et environnement réclame donc aux sociétés de location de véhicules plus de transparence sur le calcul des mensualités de location ainsi qu'une révision de leur valeur résiduelle. En effet, les voitures électriques étant jugées plus robustes à long terme, leur prix de revente est plus élevé que pour un modèle thermique. Il en va donc de même pour leur valeur résiduelle. Or, plus celle-ci est haute, plus les mensualités proposées par la société de leasing devraient être faibles, puisque le loueur pourra revendre le véhicule à un prix élevé. Une équation qui ne se vérifie pourtant pas dans la réalité.

Selon l'association, le prix des mensualités aurait dû être revu depuis ces cinq dernières années et ne reflète donc pas l'état du marché actuel de l'électrique. La faute à une méfiance des sociétés de leasing dans la technologie électrique qui doutent de et dans la capacité à revendre ces véhicules. Une inquiétude qui ne devrait pas avoir lieu pour Transport et environnement :

« Nous avons plus de recul sur cette technologie en particulier sur les batteries, les infrastructures se développent, l'autonomie s'allonge et les consommateurs sont prêts à mettre le prix dans le rachat d'occasion. C'est cette approche que les sociétés de leasing n'ont pas. Elles surfacturent les véhicules électriques et freinent leur déploiement », se désole Léo Larivière, responsable du plaidoyer électrification des flottes chez T&E France.

Une idée balayée par les entreprises de leasing et le syndicat des locations de véhicules longue durée (Sesam LLD). Selon eux, cette différence de mensualité réside dans le fait que le prix des véhicules à l'achat ne couvre pour l'instant pas le prix à la revente, d'où les mensualités plus élevées. Les loyers mensuels devraient tout de même baisser d'après les sociétés de leasing, avec l'arrivée de nombreux véhicules électriques à des prix moins élevés, en particulier les voitures chinoises.

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Aucun objectif fixé sur l'électrique

Transport et environnement pointe également du doigt le manque d'ambition des sociétés de leasing. Les ventes de véhicules électriques neufs atteindraient 18,5% quand les sociétés de leasing louent seulement 7,5% de leur flotte en électrique. Une différence qui s'explique par l'utilisation des véhicules qui n'est pas la même à l'achat qu'en location.

« Les freins sont le manque d'infrastructure et l'autonomie pour nos clients car ils roulent beaucoup. Le kilométrage moyen d'un particulier à l'année est de 10.000 kilomètres quand, chez nous, il tourne entre 20.000 et 30.000 kilomètres. Nous louons également une partie de notre flotte en véhicule utilitaire, où la proposition en version électrique est plus faible », justifie Régis Masera, directeur d'Arval mobility observatory et consulting d'Arval France.

Le frein vient également des fluctuations d'aides de l'Etat pour l'électrique. Si les entreprises bénéficient d'une fiscalité avantageuse dans la location de véhicules électriques, les aides attribuées à la pose des bornes ont été supprimées. Une irrégularité qui fait hésiter certaines sociétés dans le passage aux flottes électrifiées.

Cependant, Arval assure que l'électrification augmente chaque année et « va dans le sens de l'histoire ». Le syndicat Sesam LLD a également confirmé sa volonté d'accompagner les loueurs dans la transition écologique sans afficher un objectif défini. L'association Transport et environnement réclame de son côté des ambitions claires de la part des sociétés de leasing comme chez les constructeurs, avec 100% des véhicules électriques pour 2027. Un objectif ambitieux qu'elle juge atteignable au vu de leur profit.

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Les sociétés de leasing, un business lucratif

Et pour cause, les sociétés de leasing - Arval (BNP Paribas), ALD (Société générale) ou encore Mobilize (Renault) - sont nombreuses et offrent de belles opportunités à ceux qui les possèdent. Si les plus importantes sont détenues par des banques, les constructeurs ont également développé cette branche d'activité très rentable. En Europe, un cinquième des véhicules sur le marché sont en location, soit un total de près de 12 millions de véhicules.

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En 2022, les entreprises de location ont toutes affiché de fortes croissances. Arval, par exemple, a fini 2022 sur une croissance de 8,3%. De son côté, Mobilize financial services, la banque de Renault, a confirmé la bonne santé du secteur avec une augmentation de 10% des financements locatifs en un an chez les particuliers. D'autant que, les contrats de leasing sont de plus en plus nombreux notamment avec la montée de l'électrique et, par la même occasion, des prix des véhicules. En moyenne, ceux-ci sont en hausse de 20% depuis 2019.

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Commentaire 1
à écrit le 28/02/2023 à 20:53
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"pourquoi la location de voiture électrique coûte plus cher" c'est une chose mais quand on achète une watture, l'assurance n'est-elle pas plus chère (qu'en motorisation pétrole) également ? Quand on a des aides du Gvt, en cas de casse, l'assurance ne...

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