Volkswagen ne veut plus parler allemand

Volkswagen a décidé de remplacer sa langue de travail – l’allemand – par l’anglais, dans l’espoir d’attirer davantage de cadres supérieurs. Une décision dénoncée par les défenseurs de la langue allemande.
Volkswagen veut attirer plus de cadres étrangers: "nous avons besoin des meilleurs profils du monde", explique Volkswagen.

La place de l'anglais comme lingua franca de l'UE est l'une des questions soulevées après le Brexit. Aujourd'hui, une des plus grosses entreprises européennes, Volkswagen a officiellement décidé de l'adopter.

Ce changement a pour objectif de faciliter le recrutement et d'attirer des candidats à haut potentiel aux postes de management en supprimant la barrière linguistique de l'allemand. Le Dr Karlheinz Blessing, véritable gourou du management du groupe, a ainsi annoncé que « dans le futur [sic], l'anglais deviendra la langue du groupe ». « Nous avons besoin des meilleurs profils du monde », a-t-il ajouté.

>> Lire : L'anglais restera bel et bien une langue officielle de l'UE

Si le groupe est principalement connu pour ses voitures VW, il contrôle également des marques internationales, comme Bugatti, Bentley, Lamborghini et SEAT, qui sont à l'origine française, anglaise, italienne et espagnole, respectivement.

L'abandon par le groupe de la langue de Goethe, au bénéfice de celle de Shakespeare, traduit également son intention de se concentrer davantage sur le marché américain, particulièrement après le scandale du Dieselgate, qui a révélé des fraudes aux émissions du géant allemand.

La décision a cependant déjà été critiquée par la Deutsche Sprache, qui a décidé de vendre ses 200 actions pour protester. Cette organisation a de fait été mise en place pour protéger l'allemand d'une marginalisation dans les médias et le monde de l'entreprise.

Watler Krämer, porte-parole de Deutsche Sprache, s'est déclaré « consterné par la désinvolture avec laquelle nos élites abandonnent leurs propres langue et culture ». Pour l'organisation, cette mesure était « totalement inutile », et la langue allemande ne constituait absolument pas un frein au recrutement.

Il est intéressant de noter que l'organisation a acheté son modeste portefeuille de parts VW après l'implication du constructeur automobile dans la fraude aux émissions. La vente des actions lui permet donc d'empocher 7 000 euros de bénéfice. Elle pourrait attendre le prochain scandale pour réinvestir cet argent dans le secteur, mais pas dans VW, assure Watler Krämer.

Si sa défense de l'allemand est admirable, l'éthique de Deutsche Sprache en matière d'environnement l'est apparemment un peu moins.

>> Lire : Le Dieselgate mériterait des peines de prison, selon un représentant onusien

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Par Samuel Morgan | EurActiv.com | Traduit par: Manon Flausch

(Article publié le lundi 26 décembre)

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Commentaires 5
à écrit le 26/12/2016 à 21:28
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Ils ont tort...leurs langue les proteges de tous les vautour qui ne revent que d une chose...les devorer

à écrit le 26/12/2016 à 21:23
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Bon, et le logo "VW" comme la dénomination de la marque vont certainement prochainement devenir "PC" ? Ben oui, c'est "People Car" qu'il va falloir dire maintenant... Quel bel effet marketing : et vous avez une voiture ? Oui, c'est une PC ! Quelle cl...

à écrit le 26/12/2016 à 14:37
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Si les européens avaient été aussi pragmatique, l'UE serait un espace mieux compris par tous . Si l'anglais avait été imposé comme langue commune, outre les économies faites sur les 25 traductions nécessaires , nos jeunes auraient eu des opportunités...

le 27/12/2016 à 8:22
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Au nom de quoi nous imposer l'anglais ? Encore une idée "dictatoriale" qui fait fi des cultures des différentes populations de l'Europe et de leurs racines, au profit d'une pseudo élite mondialiste

le 27/12/2016 à 9:29
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Tout d'abord, nous avons concentré les décisions a Bruxelles, histoire de permettre des économies de lobby aux ricains. Maintenant il nous faut d'urgence remplacer les langues de management locales par l'anglais, pardon, l'américain, car il ne faut...

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