Le numéro deux mondial de l'éclairage public coupe dans ses effectifs

Le belge Schéder va réduire de 40% ses effectifs en Belgique. Cette entreprise s'est progressivement étendue dans le monde sous la forme d'un groupement d'intérêt économique (GIE) à travers une quarantaine de sociétés, dont Comatelec en France.

L?entreprise Constructions Electriques Schréder (CES), spécialisée dans l?éclairage, a l?intention de licencier 21 des 55 salariés qu?elle occupe sur son site de Fernelmont, près de Namur. La direction a communiqué sa décision hier, lors d?un conseil d?entreprise extraordinaire. Treize ouvriers et huit employés et cadres sont ainsi visés. La procédure dite "Renault" a été enclenchée. "Les coûts salariaux sont hors-norme", explique le PDG de CES Patrick Geerts. "Nous sommes en sous-activité profonde".

Ces licenciements font partie du volet social du plan «Focus», mis en place depuis deux ans par l?entreprise. Direction et syndicats devront également négocier une réorganisation interne du site et aligner les conditions d?emplois aux normes sectorielles. "A Namur, le temps de travail sectoriel est de 38 heures par semaine. Or nous sommes à 33-34 heures chez Schréder. Les travailleurs bénéficient aussi de congés complémentaires et d?un 13ème et d?un 14ème mois", poursuit le PDG.

Depuis 1927, Schréder a équipé la plupart des réseaux d?éclairage public en Belgique. En 1950, l?entreprise s?est progressivement étendue dans le monde sous la forme d?un groupement d?intérêt économique (GIE) à travers une quarantaine de sociétés (Comatelec en France), dont le capital se trouve aujourd?hui encore entre les mains de la famille Schréder. Ce GIE, donc chaque membre est «indépendant», occupe la deuxième place mondiale dans son secteur d?activité.

Le site belge de Schréder connaît de graves difficultés financières, affirme la direction. En dix ans, ses revenus ont fondu comme neige au soleil. "C?est la quatrième restructuration depuis 2000. Malheureusement, les changements n?ont pas été suffisants", reconnait le patron, "On a continué faire la même chose, mais en étant plus petit". En 2000, la firme comptait environ deux cent travailleurs et son chiffre d?affaires s?élevait à 35 millions d?euros. Depuis lors, c?est la pente douce. En 2006, le chiffre d?affaire était de 16,7 millions, et de 11,2 millions en 2006, ce qui représente une chute de 30% en trois ans à peine. "Nous avons enregistré une perte de 700.000 euros l?an dernier" déplore Patrick Geerts. Et, cette année encore, les comptes devraient être dans le rouge. Difficile à vivre, pour une entreprise centenaire ayant engendré un géant mondial.

CES tire 95% de ses revenus de contrats avec les autorités publiques, villes et communes. Elle se dit confrontée à un ralentissement des commandes causé par la crise économique et financière, ainsi que par les mesures de restrictions budgétaires. Mais la crise n?explique pas tout. Les problèmes du secteur sont bien antérieurs. CES connaît un chômage structurel depuis 2002, avec un taux atteignant 17% en 2006. «En Wallonie, il n?y a pas que les autoroutes qui posent problème. Leur éclairage aussi», grince-t-on chez Schréder.

Les conditions du marché ont été modifiées suite aux évolutions technologiques et à l?entrée de nouveaux concurrents. L?avènement de la technologie LED, un composant électronique capable d?émettre de la lumière, a changé les choses. Dans ce domaine, la concurrence de groupes tels que Philips et Osram est féroce. De plus, les pays émergents se sont rapidement approprié la technologie. Le télémanagement, la surveillance du réseau à distance a aussi bouleversé le marché.

Et, surtout, la Région wallonne a réduit ses investissements, alors que les intercommunales ont décidé de reprendre une part du marché à leur propre compte.

L?an dernier, la direction avait activé le volet industriel de son plan «Focus» en déménageant son site d?Ans, devenu obsolète, dans des installations neuves à Fernelmont pour y développer ses produits de manière plus performante. Un investissement de plus de 7 millions d?euros.

En 2009, CES a produit 30.000 luminaires en 2009, dont 80% ont été écoulés en Wallonie et à Bruxelles.

La société se dit fermement décidée à rester en Wallonie et à "se recentrer sur le client" dans un marché où elle est le seul producteur local.

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