Colas veut transformer le bitume en réceptacle d'énergie solaire

Le leader mondial des constructeurs de réseaux routiers a dévoilé un revêtement innovant qui permet d'intégrer des cellules photovoltaïques sur la chaussée. La technologie est ambitieuse et parait immédiatement opérationnelle. Reste à trouver le business model pour financer une telle infrastructure.
Nabil Bourassi
Les dalles WattWay revête le bitume et le transforme en panneaux solaires. Ils ont été conçus pour résister aux intempéries mais également au trafic normal des grands axes routiers.

Révolutionnaire ? Rupture technologique ? Sur le papier, Colas fait rêver avec WattWay, un revêtement routier qui consiste à intégrer des cellules photovoltaïques dans le bitume. Pour être plus précis, Colas a mis au point des dalles photovoltaïques à coller sur les infrastructures routières existantes. "20m² est capable d'alimenter un foyer français moyen", explique Hervé Le Bouc, PDG de  Colas. "1 km de route équipé de WattWay pourra alimenter l'éclairage public d'une ville de 5.000 habitants", a-t-il ajouté.

Un potentiel quasi-infini?

Autant dire qu'avec ses 11.000 km d'autoroutes, et ses 28.000 km de routes régionales, le potentiel pour la France est immense, à l'échelle de la planète il devient quasi-infini...

Pour Hervé Le Bouc, cette technologie ne présente que des atouts : pas besoin de détruire pour construire, pas besoin de foncier supplémentaire, pas de concurrence avec les terres agricoles et les paysages. Philippe Raffin, directeur technique et R&D de Colas confirme que WattWay est une innovation majeure pour les prochaines décennies et pour laquelle le groupe a consacré cinq années de R&D en partenariat avec l'INES (institut national de l'énergie solaire). "Nous avons testé ce revêtement dans toutes conditions", explique-t-il. Poids lourds de 45 tonnes, conditions climatiques extrêmes, gravillons posés sur la route et freinages d'urgence... Tout y est passé pour valider la compatibilité de WattWay pour un usage routier intense. Colas a même testé l'usure du revêtement en faisant rouler un véhicule. Après un million de passage, l'usure n'a pas encore été entamée. D'après Colas, ce revêtement dispose d'une espérance de vie de 15 à 20 ans.

L'autre volet de cette technologie est la connectivité. Colas affirme que WattWay permettra de connecter le réseau routier ce qui permettra de gérer le trafic de façon dynamique, d'établir des autodiagnostics de la chaussée.

Mystère autour du prix de vente

Herve Le Bouc a choisi le jeudi 13 octobre pour lancer la commercialisation de WattWay. C'est en effet l'ouverture du Salon World Efficiency à la Porte de Versailles. Il a souhaité faire cette annonce lorsque le produit serait pleinement opérationnel et commercialisable. Opérationnel, certainement... Commercialisable ? Colas manque d'arguments. Sur le coût, le groupe s'est contenté d'indiquer que les dalles WattWay auraient un rendement proche des dalles classiques. "Le rendement des cellules photovoltaïques actuelles est de 18%, celui de nos cellules sera de 15%", a précisé Philippe Raffin.

Le coût en euros sonnants et trébuchants n'a pas été communiqué par le groupe. Non pas par désir de confidentialité, mais parce que celui-ci n'a pas été déterminé. "Nous allons voir avec les premières commandes comment nous allons nous positionner", a affirmé en substance Hervé Le Bouc qui souhaite néanmoins afficher un prix au kilowattheure proche de celui des panneaux classiques.

Un process industriel pas encore défini

Autre réserve, le groupe n'a pas encore déterminé les conditions de fabrication de ses panneaux. Va-t-il chercher un partenaire industriel ou le faire lui-même ? Dans ces conditions, il apparait difficile d'engager des négociations commerciales sans avoir pensé aux process industriels, sans lequel par ailleurs, la notion de coût n'est pas possible.

Colas a pensé à tout : les accidents, les poids lourds, le changement des dalles endommagées sans changer toute une portion de route, l'avènement de la connectivité... Mais sur le business model, il est en revanche resté étonnamment vague...

Nabil Bourassi

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Commentaires 10
à écrit le 14/10/2015 à 8:19
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Pourquoi dépenser des millions pour cette nouvelle technologie trés intéressante, alors qu'une nouvelle taxe ( indolore, bien sûr) serait plus sûrement nécessaire ?

à écrit le 13/10/2015 à 22:41
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La meilleure utilisation serait déjà de recharger les voitures électriques dès lors qu'elles sont en contact sur la route (donc quasi tout le temps!). Du coup, les batteries des véhicules électriques deviennent quasi inutiles: un sacré allègement de ...

le 14/10/2015 à 14:15
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On appelle ça un train!

à écrit le 13/10/2015 à 18:40
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"alimenter l'éclairage public d'une ville" la nuit ?? Avec des batteries ou en "équivalent énergie" (le réseau électrique sert pour le "stockage" à double sens) ? Il faut éviter d'équiper les routes trop fréquentées de jour, sinon les cellules ne ve...

à écrit le 13/10/2015 à 17:44
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Sur le papier ça semble séduisant, mais le business modèle semble balbutiant. Qu'en est t'il de la technologie utilisées, utilisation de silicium à très grande echelle physiquement impossible (car raréfaction), intermittence (hivers, automne, embou...

le 13/10/2015 à 21:23
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@jo: le business model est pourtant clair: comme d'habitude, on va solliciter le contribuable qui, pour l'occasion, ne sera pas la vache à lait, mais la chèvre d'Hervé Le Bouc :-)

à écrit le 13/10/2015 à 17:26
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excellente nouvelle , on attend l'application industrielle avec impatience

à écrit le 13/10/2015 à 16:42
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Projet déjà lancé aux US il y a quelques mois - mais c'est une révolution écologique très encourageante! Il faudrait que les coûts ne soient pas astronomiques (un gros défi industriel surement) et que nos voitures électriques de demain puissent se r...

à écrit le 13/10/2015 à 16:01
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c est magnifique d'être à l'aube d'une nouvelle révolution énergétique et de la vivre. Quand on sait les progrès qu' a connu l'humanité avec les précédentes, ça fait rêver. Bravo à nos brillants ingénieurs!

à écrit le 13/10/2015 à 15:39
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On attend une reaction (negative, bien sur) des verts!!! Et bien sur, de notre ineffable ministre de l'ecologie (une petite taxe supplementaire)!

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