Comment le bâtiment reprend finalement des couleurs

Par César Armand  |   |  540  mots
Le secteur du bâtiment se porte mieux qu’il ne l’avait annoncé il y a neuf mois. En 2019, il devrait connaître une croissance de 1,3% et créer cinq fois plus d’emplois que prévu. A quinze jours de la de la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2020 en Conseil des ministres, les représentants du secteur demeurent toutefois vigilants sur le prêt à taux zéro et la prime rénovation.

En décembre dernier, Jacques Chanut s'alarmait de "la fin du cycle actuel de croissance", redoutant pour 2019 un repli de -0,5%. Neuf mois plus tard, force est de constater que le président de la fédération française du bâtiment (FFB) s'est trompé, lui qui table désormais sur une croissance du secteur de +1,3% : "L'activité tient parce qu'il y a un marché que personne n'aurait envisagé". Résultat, ce ne sont plus 5.000, mais 25.000 emplois qui devraient être créés cette année dans le BTP. Un chiffre au niveau  des années précédentes.

"Pour une fois, merci les banques !", s'est exclamé Jacques Chanut. "C'est suffisamment rare pour être souligné. Elles ont compensé les difficultés de financement des ménages les plus modestes en réduisant leurs demandes d'apport."

 Vigilants sur le prêt à taux zéro

À quinze jours de la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2020 en Conseil des ministres, Jacques Chanut reste toutefois vigilant. Comme fin 2018, il s'oppose à toute suppression du prêt à taux zéro (PTZ) au 1er janvier 2020 et demande son relèvement à 40%, contre 20% actuellement, dans les zones détendues. Sans surprise en effet, à l'approche des élections municipales, le logement collectif a connu "une chute très importante". Le logement individuel diffus, c'est-à-dire réalisé par des maîtres d'ouvrage uniques après avoir acquis le terrain, enregistre, lui, une hausse de 4,7%; avec +11% de ventes, entre fin juin et début septembre chez les constructeurs de maisons.

"Je suis agacé qu'on ne parle que de métropolisation !", s'emporte le patron de la FFB. "Qu'on laisse les gens vivre là où ils ont envie de vivre. Faisons du zonage par projet : 50 à 60 logements près d'une gare pour redynamiser une ville et permettre à une population de trouver du locatif."

Un regret sur la transformation du CITE en prime

Par ailleurs, à l'image de la majorité des professionnels, Jacques Chanut regrette que la transformation du crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) en prime exclut, pour l'heure, les plus riches du nouveau dispositif. "Ils représentent entre 55 et 60% du marché (40% selon d'autres acteurs, Ndlr). Peut-être faut-il les inciter à faire des travaux de manière globale", a déclaré le président de la FFB, rejoignant une proposition du président du Plan bâtiment durable Philippe Pelletier.

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À cet égard, l'activité "amélioration-entretien", qui représente 53% de l'activité de cette association de professionnels, devrait croître non plus de 0,5%, mais de 0,3% en 2019.

"15 euros pour les ménages intermédiaires pour changer une fenêtre, ça paie à peine la quincaillerie", raille-t-il. "Les montants ne sont pas suffisamment incitatifs."

Sans parler de la taxation sur le gazole non routier, le carburant des engins de chantier.  Jacques Chanut "discute" avec le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, mais, à l'image de son homologue de la fédération nationale des travaux publics (FNTP) Bruno Cavagné, il regrette la distorsion de concurrence entre les artisans ruraux et les entreprises agricoles qui continueront à profiter de la TVA à taux réduit.

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