Les travaux publics "optimistes" pour 2019

Par César Armand  |   |  603  mots
Le chiffre d'affaires des travaux publics a progressé de 7% par rapport à 2017. (Crédits : Thierry Gouegnon)
La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) table sur une croissance de 3% en volume et de 5% en valeur pour cette année.

À la différence du secteur du bâtiment qui redoute "la fin d'un cycle" après une croissance de 2,3% en 2018, le chiffre d'affaires des travaux publics a progressé de 7% par rapport à 2017. Ce résultat s'explique par une augmentation des dépenses d'investissement des collectivités locales de l'ordre de + 6,3%. Pour 2019, « nous sommes encore optimistes » a affirmé le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). « Les années pré-électorales sont toujours dynamiques. Tout doit être propre, remis en état et prêt à être inauguré » après les municipales du printemps 2020, a expliqué Bruno Cavagné, en marge de la conférence de presse.

En cette période de vœux, le patron de la FNTP a dit espérer ce 10 janvier que le grand débat national « débouchera sur quelque chose. Si j'étais président de la République, je proposerais un acte IV de la décentralisation avec un droit à l'expérimentation. Arrêtons un peu d'emmerder (sic) les collectivités ! » tonne Bruno Cavagné.

Cette proposition se trouve en réalité dans le projet de révision constitutionnelle, mais l'examen de ce texte n'est plus à l'ordre du jour du Parlement depuis le début de l'affaire Benalla en juillet dernier.

Les TP se posent en solution pour les "Gilets jaunes"

Si le "chantier du siècle" du Grand Paris Express capte trois quarts des dépenses d'investissement au profit des entreprises des TP, deux bémols subsistent : le manque de main d'oeuvre en Île-de-France et l'effet tant accélérateur "qu'aspirateur" des ressources humaines disponibles. Le déploiement du très haut débit, la régénération du réseau à la SNCF et le plan de relance des sociétés concessionnaires d'autoroutes acté l'été dernier demeurent cependant autant de feu verts supplémentaires.

Le projet de loi d'orientation des mobilités, qui devrait arriver tôt ou tard au Sénat en première lecture, est devenu, en revanche, une "grande inconnue". En 2018, les recettes des radars prévues pour le financement des infrastructures ont été inférieures aux 200 millions d'euros espérés. Pour 2019, les saccages de radars ces dernières semaines et l'absence de vignette poids lourds dans le projet de loi de finances plongent le président Cavagné et ses adhérents "dans l'incertitude la plus totale". Or, « la mobilité est l'une des solutions à la crise des "Gilets jaunes" », insiste-t-il.

À cet égard, le patron de la FNTP refuse d'être « le dindon de la farce ». « Nous avons vu la difficulté à trouver quelque 200 millions d'euros puis, en quelques semaines, le gouvernement a trouvé 10 milliards d'euros. Nous pouvons donc nous poser la question de la suite. »

Un clip de rap pour attirer les jeunes talents

Le secteur veut par ailleurs continuer à recruter. De 10.000 emplois nets créés à 2018, il veut embaucher 200.000 personnes dans les cinq ans à venir. C'est pourquoi il va lancer une grande campagne d'affichage ainsi qu'un... clip de rap pour attirer les 13-18 ans. « Nous nous sommes posés la question de ce que nous pouvions faire pour qu'un jeune ait envie d'aller travailler dans les travaux publics », justifie Bruno Cavagné. 12.000 postes d'apprentis et 16.000 stages sont également à pourvoir. 

Malgré un recul de 5,2% pour les permis de logements neufs en 2018 qui aura un impact sur la construction des infrastructures adjacentes, et en dépit de coûts de construction qui progressent du fait de la cherté de matériaux, l'activité devrait croître en 2019 de 3% en volume et de 5% en valeur. Le président de la FNTP propose ainsi de sortir des critères des 3% de Maastricht les projets prioritaires.