La filiale santé d'Alphabet (Google) perd l'un de ses principaux chercheurs

Thomas Insel a quitté sa fonction de leader des programmes de recherche dans la santé mentale chez Verily Life Sciences. Un coup dur pour la filiale santé d'Alphabet (Google), qui mène des projets ambitieux mais subit des défections régulières.
Jean-Yves Paillé
Entre 2014 et début 2016, une douzaine de départ de cadres importants (scientifiques, leaders ou ingénieurs) ont quitté de Verily Life Sciences.

Verify Life Sciences mène une stratégie de recrutement agressive pour s'offrir les services des meilleurs bioinformaticiens et chercheurs académiques dans la santé. Mais il a du mal à garder ses cadres. La filiale santé d'Alphabet (maison-mère de Google) a annoncé lundi 8 mai sur son blog que Thomas Insel a quitté son poste de scientifique en chef de la partie "santé mentale" de la société. Verily ne précise pas les raisons qui ont motivé ce choix.

Le scientifique a été nommé à ce poste fin 2015. Il manifestait alors son enthousiasme : "La philosophie de Google est de multiplier l'efficacité par dix pour résoudre les problèmes. J'attends avec impatience un défi multiplié par dix dans la santé mentale", écrivait-il alors dans un communiqué. Avant de rejoindre Verily Life Sciences, Thomas Insel a dirigé pendant treize ans la partie du National institutes of health (organismes de recherche dans la santé rattachés au gouvernement américain) dédiée aux troubles mentaux.

Avec sa partie dédiée à la "santé mentale", Google espère développer des systèmes pour diagnostiquer, prévenir, trouver des solutions contre l'autisme, les troubles de l'humeur et les psychoses notamment. Et ce, afin de supplanter les solutions actuelles qui sont partiellement efficaces ou inexistantes. Pour le moment, Verily Life Sciences n'a pas annoncé de lancement, ni même de pistes de développement précises de produits ou de technologies contre les troubles mentaux et maladies mentales.

Défections multiples

Thomas Insel n'est pas le premier haut cadre à quitter la jeune société, créée quatre ans plus tôt (elle s'appelait Google Life Sciences avant de devenir Verily Life Sciences en 2015). Le site spécialisé Statnews a recensé entre 2014 et début 2016 une douzaine de départs de cadres importants de Verily Life Sciences : des scientifiques, leaders ou ingénieurs. Ces derniers ont changé de filiale ou rejoint la concurrence. Toujours selon le site, plusieurs collaborateurs de Verily Life Sciences se sont plaints d'un manque de priorités et d'orientations claires dans les projets.

Plus récemment, fin 2016, Verily Life Sciences a connu une défection particulièrement importante. Vikram Bajaj a abandonné son poste chef de la direction scientifique pour rejoindre la startup Grail, spécialisée dans la détection précoce des cancers.

Verily se passerait bien de ces départs, d'autant que certains de ses projets ambitieux font face à des barrières technologiques imposantes. Par exemple, les lentilles connectées pour suivre le diabète développées par Google et Novartis devaient être testées cliniquement sur des humains en 2016. Mais le géant américain et le laboratoire suisse ont annoncé qu'il était trop tôt pour les essais cliniques, et n'ont pas fixé de nouvelle échéance.

Verily s'appuie sur son savoir-faire dans le big data

Malgré tout, Verily Life Sciences a gagné la confiance de grands acteurs de la santé,  les laboratoires pharmaceutiques en particulier, grâce à ses capacités en big data et analyse de données. Verily Life Sciences s'est ainsi associé aux géants pharmaceutiques GSK, ou encore à Sanofi avec la coentreprise Onduo, visant à trouver de nouvelles solutions pour les patients diabétiques.

En avril, Google a lancé un autre projet de grande envergure : le recrutement de 10.000 personnes pour établir une "carte de la santé humaine" afin d'identifier les signes avant-coureurs des maladies. En clair, le géant américain va recueillir leurs données génétiques et cliniques, mais également des informations sur le sommeil et l'activité physique.

Jean-Yves Paillé

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 09/05/2017 à 18:41
Signaler
non pas avec un grand A bien entendu mais un grand S, désolé...

à écrit le 09/05/2017 à 18:40
Signaler
Argent et sciences ne font pas bon ménage, il faut laisser les scientifiques chercher là où ils veulent chercher et de la façon qu'ils veulent chercher, ce qui est à l'opposé de la pensée marchande qui veut un maximum de gain en un minimum de temps. ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.