Uramin : Anne Lauvergeon épinglée par un rapport parlementaire

Une minoration flagrante des risques encourus par Areva en rachetant Uramin, un manque de contre-expertise, une présentation volontairement biaisée à la tutelle de Bercy. La façon dont Anne Lauvergeon a acheté, à tout prix, des gisements d'uranium en 2007 est vivement critiquée par les députés Marc Goua (PS) et Camille de Rocca Serra (UMP) dans leur rapport publié ce mercredi.
Copyright Reuters
Copyright Reuters (Crédits : <small>Reuters</small>)

Dernier épisode dans l'affaire Uramin : le rapport d'information publié mercredi 7 mars par les députés Marc Goua (PS) et Camille de Rocca Serra (UMP), chargés par la commission des Finances d'expertiser la situation financière des deux entreprises publiques EDF et Areva. Leur constat est très sévère sur la façon dont Anne Lauvergeon a mené l'acquisition d'Uramin, dont la valeur d'achat (1,8 milliard d'euros) a été réduite à zéro dans les comptes d'Areva à la suite de dépréciations.

Soupçons de délit d'initié écartés
« La volonté d'acquérir ces mines primait sur les conditions de l'opération », estime Camille de Rocca Serra. « On peut se demander si elle n'est pas allée au-delà même du risque industriel acceptable pour une entreprise détenue par l'Etat », ajoute-t-il. Si les rapporteurs écartent les soupçons de délit d'initié et de malveillance pour expliquer le prix excessif consenti par Areva en juin 2007 (deux fois plus cher que ce que le groupe avait payé en mars 2007 pour 5,5% du même Uramin), ils font état, pour le moins, d'une certaine maladresse. D'abord, l'opération a été effectuée en pleine flambée des cours de l'uranium. Ensuite, l'envolée du titre a été favorisée, selon les députés, par l'entrée préalable d'Areva au capital de la junior minière. Enfin, « la communication habile des dirigeants d'Uramin » qui ont largement fait état des visées d'Areva et d'autres acquéreurs potentiels. Un vrai manuel de ce qu'il ne faut pas faire à l'usage des débutants en fusion/acquisition.

L'APE a été mal informée


Plus ennuyeux, « l'APE (la tutelle d'Areva à Bercy) n'a pas eu toute l'information, n'a pas eu les bonnes informations », affirme le député Camille de Rocca Serra. Les députés ont mis à jour des « décalages sensibles » entre deux versions d'un rapport critique de géologues envers l'opération envisagée. Dans le document transmis par Areva à sa tutelle, « certaines informations ou commentaires un peu réservés » avait été supprimés, alors que « les points positifs sont intégralement préservés, voire mis en avant », souligne Marc Goua. Le député s'étonne d'ailleurs que ni Areva ni l'APE n'ait demandé au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) une contre-expertise des données minières fournies par le vendeur. «L'APE n'a pas non plus vérifié les dires d'Areva qui affirmait à l'époque qu'un consortium chinois allait, dans les deux semaines suivantes, racheter 49% d'Uramin pour 900 millions d'euros. Tous les documents transmis à l'APE ramenaient le coût pour Areva à 900 millions », pointe encore Marc Goua. Cette revente ne s'est jamais faite.

Critiques vis-à-vis d'EDF
Enfin, les députés s'étonnent de ce qu'EDF, qui a refusé de participer à cette opération, n'ait pas transmis à l'APE ses arguments et notamment les rapports négatifs effectués par des tiers. « Il faut qu'il y ait une meilleure transmission d'informations via la tutelle entre entreprises publiques. Ce sont les intérêts patrimoniaux de l'Etat qui sont en cause », insiste Marc Goua. Dans leur rapport, les députés sont par ailleurs très critiques vis-à-vis de la politique industrielle récente d'EDF. « En privilégiant son développement international et la rentabilité à court terme, EDF a maintenu, jusqu'à récemment, un relatif sous-investissement dans l'outil de production français », assènent les députés. « Ces retards ne remettent pas en cause la sûreté des structures mais ils ont été à l'origine d'une moindre productivité et n'ont, surtout, pas permis de préparer la suite d'un parc de centrales nucléaires vieillissantes », ajoutent-ils.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 08/03/2012 à 8:36
Signaler
Madame Lauvergeon est rattrapée par son incompétence et son arrogance, mais elle est de la grande Gauche caviar : Donc comme DSK, elle est à priori irresponsable et pas coupable. Elle pourrait même prétendre donner des leçons de management.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.