L’Ademe appelle à un développement irréprochable des énergies renouvelables

Par Dominique Pialot  |   |  709  mots
Pour Arnaud Leroy, président de l'Ademe, le développement des énergies renouvelables doit être irréprochable. (Crédits : Reuters)
En ouverture du vingtième colloque annuel du Syndicat des énergies renouvelables, Arnaud Leroy, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, explique pourquoi il faut répondre aux questions posées par le développement de ces énergies "vertes", que l'Agence soutient fortement.

L'Ademe entend ré-affirmer la proximité de ses positions avec celles du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Ainsi, invité à s'exprimer lors de son colloque annuel, son président a évoqué notamment le gaz vert et les énergies marines renouvelables, parents pauvres du projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) actuellement soumis à consultation.

Pour le gaz vert, il se dit confiant dans son utilisation dans la mobilité et le transport lourd et estime qu'il faut « en discuter franchement ». L'agence a récemment renouvelé pour trois ans sa coopération avec GRDF (qui plaide pour une part de 30% de gaz vert dans les réseaux français en 2030, alors que la PPE en prévoit 7 %, ndlr). Sur l'éolien flottant, il a rappelé être allé à plusieurs reprises défendre à Bruxelles le choix français de plusieurs technologies.

Mais il a surtout insisté sur la nécessité de « continuer à aller à Bruxelles, et à y aller ensemble », afin d'y porter une voix commune. « Cela fait parfois défaut à la France, a-t-il regretté, et nous risquons de le payer cher au moment des choix sur des normes et des standards. » Rappelant le rôle d'opérateur de l'agence dans l'éolien flottant via le programme des investissements d'avenir, Arnaud Leroy a ré-affirmé que « l'EPIC Ademe est un acteur professionnel des énergies renouvelables parmi d'autres. »

Ne pas occulter les questions posées par les renouvelables

Il n'entend pas pour autant faire l'impasse sur les questions que peuvent parfois soulever certaines de ces énergies renouvelables, et qui apportent de l'eau au moulin des opposants. Ces derniers se font entendre de plus en plus bruyamment ces derniers temps sur fond de crise des gilets jaunes et de questionnements de l'impact de la transition énergétique sur le pouvoir d'achat des ménages.

« Le développement des EnR doit se faire de façon irréprochable », a-t-il insisté.

Egalement fer de lance de l'économie circulaire, l'Ademe se soucie notamment du recyclage des différents équipements. Si des progrès ont été réalisés ces dernières années concernant le solaire - avec la création de l'association PV Cycle dédiée à la collecte et au recyclage des panneaux, ndlr - cela n'est pas encore le cas pour l'éolien. La polémique actuelle sur les éoliennes offshore en Allemagne en est un exemple. Autre impact des EnR fréquemment invoqué et sur lequel l'Ademe entend se pencher de près : celui sur la biodiversité, avec « l'apparition de nouveaux enjeux, dont le risque de conflit d'usage des sols avec l'agriculture et l'élevage, et la nécessité de revoir certaines doctrines établies par le passé. »

Les emplois de la transition énergétique sont un autre cheval de bataille pour Arnaud Leroy, qui estime que « l'on paie aujourd'hui le prix de déclarations passées sur le sujet ». Autrement dit, des déclarations parfois un peu trop optimistes et surtout sans fondement solide. D'où l'initiative de « job dating », un tour de France destiné à mettre en adéquation les besoins des entreprises ENR et ceux qui cherchent des débouchés professionnels, qu'il a récemment entamée.

L'accompagnement, nécessaire pour l'industrie aussi

Soulignant un impact croissant du système ETS (European trading scheme, le marché européen du carbone) sur la compétitivité internationale de certains secteurs d'activité à mesure que les cours de la tonne de CO2 remontent, il a insisté sur la nécessité d'un accompagnement financier afin de conserver une base industrielle en France. Par ailleurs, face à ces nouveaux enjeux, l'Ademe se réforme. Arnaud Leroy annonce la création d'une entité dédiée à l'accompagnement des industries en transition, ainsi qu'une division consacrée à l'adaptation.

Les sujets sur lequel il insiste le plus restent ceux de la sobriété et de l'efficacité énergétique (plus gros contributeurs, devant les énergies renouvelables, à la baisse des émissions de gaz à effet de serre nécessaire d'ici à 2050, selon l'Agence internationale de l'énergie, ndlr). Par la voix de son président, l'Ademe se dit consciente de la nécessité d'élaborer un consensus social, prête à construire des messages positifs autour de ces sujets mais aussi à « employer les mêmes armes que ceux qui nous expliquent qu'on ne pourra jamais se passer de pétrole. »