La France est de nouveau exportatrice d'électricité depuis le 1er janvier

Par latribune.fr  |   |  775  mots
Rien n'assure que la France continuera de plus exporter qu'importer sur le long terme. Il est notamment déjà prévu que six réacteurs soient arrêtés en 2023 pour des chantiers de corrosion. (Crédits : © 2010 Thomson Reuters)
La France est redevenue exportatrice nette d'électricité en ce début d'année 2023, pour la première fois depuis des mois. Elle exporte actuellement l'équivalent de la puissance consommée sur un an par 450.000 foyers après avoir été importatrice pendant quasiment tout 2022. Un retournement de situation dû à un hiver doux, une belle production éolienne et surtout des efforts d'EDF pour rebrancher des réacteurs nucléaires. La production d'électricité pourrait toutefois baisser et la tendance à nouveau s'inverser en cas de coup de froid et puisque des réacteurs vont être arrêtés cette année.

La France a retrouvé son statut historique de pays plus exportateur qu'importateur d'électricité en Europe. « Depuis le 1er janvier, le solde net d'exportation d'électricité s'élève à 1,4 térawattheure (TWh) », a indiqué mardi à l'AFP le gestionnaire du réseau de haute et très haute tension, RTE. Ce qui équivaut à la puissance consommée sur un an par 450.000 foyers.

Le scénario était pourtant fataliste début décembre puisque RTE prévoyait qu'il fallait « parier sur un hiver où on sera très importateur ». Ce ne devrait finalement pas être le cas grâce à la combinaison de trois phénomènes : une augmentation de la production nucléaire, la douceur hivernale qui évite de pousser le chauffage et des vents favorables pour la production éolienne.

« La consommation extrêmement basse, des éoliennes qui produisent à fond et un nucléaire qui produit dans la moyenne prévue par RTE, tout cela fait qu'on est exportateur net d'électricité et que plus personne ne parle de coupures » de courant, explique auprès de l'AFP Nicolas Goldberg, expert énergie au cabinet Colombus Consulting.

Au moment où les parlementaires examinent un projet de loi pour accélérer le développement des énergies renouvelables et rattraper un retard criant par rapport aux voisins européens, « l'énergie éolienne montre aussi qu'elle apporte un petit service en hiver », relève-t-il.

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La « remontada » du nucléaire...

Dans le détail, la France a renoué, selon RTE, avec les exportations nettes dès la première semaine des vacances de Noël, soit tout l'inverse de 2022. Car, pour rappel, le pays a été importateur net d'électricité sur presque l'ensemble de l'année (sauf février, mai et à partir de fin décembre), ce qui n'était pas arrivé depuis 42 ans.

Cela s'explique par le fait que le pays n'a que peu compté sur ses stocks hydrauliques (les barrages), qui ont souffert de la sécheresse, même s'ils ont depuis été partiellement reconstitués cet automne. Surtout, la production nucléaire a été historiquement basse, estimée dans une fourchette de 275-285 TWh, en raison de nombreux réacteurs à l'arrêt pour des maintenances ou des problèmes de corrosion.

Une situation qui s'est améliorée depuis. Sous pression du gouvernement, EDF a mis les bouchées doubles pour remettre en service depuis le 1er novembre 14 réacteurs. « Les ingénieurs, les ouvriers, les salariés d'EDF viennent de remettre aujourd'hui en état (sur le réseau) les 45 gigawatts qu'ils avaient promis pour la mi-janvier » (sur une capacité totale installée de 61,4 GW), s'est félicité mardi le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, devant les députés. Avec 44 réacteurs rebranchés sur 56, le parc nucléaire affichait lundi une disponibilité de 73,7%, niveau plus atteint depuis le 11 février 2022 (74,8%), selon des chiffres d'EDF analysés par l'AFP.

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... attendu de nouveau à la baisse

Attention toutefois à ne pas crier victoire trop vite. La disponibilité du parc nucléaire devrait en effet « décroître à nouveau à partir de février » 2023, relevait RTE fin décembre. Car six réacteurs devront être arrêtés en 2023 pour des chantiers de corrosion.

« On peut être enthousiaste, mais il faut rester prudent. Tout cela peut se retourner assez vite, si en février on a peu de vent et un coup de froid », avertit Nicolas Goldberg. La France devra alors puiser dans ses stocks de gaz pour produire de l'électricité et aborderait l'hiver 2023-2024 avec moins de marge.

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En attendant, la baisse de la consommation électrique est confirmée par les dernières mesures publiées mardi soir par RTE. La semaine dernière, la consommation a diminué de 8,9% par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019) à la même période, selon des chiffres arrêtés au 8 janvier retraités des effets calendaires et météorologiques. La baisse est de 8,3% sur les quatre dernières semaines. « Ces chiffres confirment la tendance observée depuis plusieurs semaines, et l'effet réel des actions de sobriété engagées par les particuliers et les entreprises », souligne le gestionnaire.

Un recul qui se maintient également côté gaz naturel : hors production électrique à partir du gaz, la consommation française a baissé de 16,6% entre le 1er août et le 8 janvier, selon GRTgaz.

(Avec AFP)