Metron, pépite tricolore de la greentech, vise une entrée en Bourse dans trois ans

La startup parisienne collecte et analyse les données des usines pour réduire leur consommation énergétique et leur empreinte carbone. Présente dans une vingtaine de pays, elle compte aujourd’hui plus de 100 groupes industriels clients.
Vincent Sciandra, directeur général et fondateur de Metron.
Vincent Sciandra, directeur général et fondateur de Metron. (Crédits : Metron)

Alors que la révolution promise par l'hydrogène vert ne devrait porter ses fruits que dans une dizaine d'années, d'autres solutions existent déjà pour décarboner les activités industrielles. C'est le cas de la technologie mise au point par la startup Metron. Depuis sept ans, la jeune pousse parisienne propose aux industriels de réduire leur consommation énergétique grâce à l'analyse fine des données de leurs usines, et donc mécaniquement, de réduire leurs émissions de CO2, principales responsables du réchauffement climatique.

Dans le monde, l'industrie est le troisième secteur le plus émetteur de CO2 (derrière la production d'électricité et les transports), avec 18% du total des émissions. Dans certaines régions, comme en Chine, ce pourcentage frôle même les 30%, selon les dernières données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Croiser les données

« Notre force, c'est de permettre aux industriels de consommer moins d'énergie avec l'existant, c'est-à-dire sans changer les machines de leurs usines », fait valoir Vincent Sciandra, directeur général et fondateur de Metron.

Sa technologie consiste à collecter toutes sortes de données liées aux consommations d'électricité et de gaz : celles issues des automates industriels notamment, mais aussi les données de production, celles des contrats de fourniture d'énergie, ou encore des données exogènes à l'usine comme les données météorologiques (températures et niveaux d'humidité), qui ont un impact direct sur les procédés de production.

Ces données sont ensuite croisées et des algorithmes d'intelligence artificielle permettent d'identifier des pistes d'amélioration possibles pour réduire la consommation énergétique, tout en conservant le même niveau de qualité et de productivité.

Une baisse de plus de 10% de la consommation énergétique

Sur les quelque 200 usines que compte Danone sur la planète, une trentaine a déjà adopté cette technologie.

« En un an, Danone a constaté une baisse de plus de 10% de la consommation énergétique sur ces sites grâce aux différents réglages effectués. Dans les années à venir, Danone espère diminuer de 30% l'empreinte carbone de ses usines grâce à notre technologie », se félicite l'entrepreneur.

Le groupe dirigé par Emmanuel Faber n'est pas le seul à miser sur la jeune pousse. Aujourd'hui, Metron revendique une centaine de groupes industriels clients dans des secteurs variés :  agroalimentaire, chimie, sidérurgie, mais aussi automobile et construction. Parmi eux : Imerys, Arcelor Mittal et Saint Gobain.

« Depuis un an et demi, tous les industriels se préoccupent de leur empreinte carbone et investissent pour accélérer leur transition énergétique », constate Vincent Sciandra.

+ 70% de croissance en 2020

Une prise de conscience qui profite à Metron. L'entreprise affirme avoir enregistré une croissance de 70% en 2020, sans dévoiler pour autant le montant de son chiffre d'affaires. Elle a aussi ouvert deux nouvelles filiales lors du premier confinement l'année dernière et se targue de compter déjà 9 millions d'euros de commandes pour les douze prochains mois.

Alors que la pandémie a plombé de nombreux acteurs de l'énergie, la crise sanitaire et la relance verte ont, au contraire, constitué un vrai tremplin pour la jeune pousse, qui a connu des débuts plus compliqués.

« On nous regardait comme un Ovni lorsqu'on expliquait que la donnée était un enjeu de performance énergétique », se souvient l'entrepreneur.

Mais si la dynamique est si forte pour Metron, c'est aussi parce que les gains d'efficacité énergétique peuvent avoir un impact énorme sur les dépenses de ces industriels, contraints à être toujours plus compétitifs. Metron vise en effet les groupes dont la facture énergétique annuelle est supérieure à 1 million d'euros. 10% de consommation en moins représente donc 100.000 euros d'économies. Une somme conséquente qui peut être réinvestie ailleurs.

Huit filiales à l'étranger

« Plus l'énergie est chère dans un pays, plus nous sommes attractifs », souligne le dirigeant.

Metron tire ainsi plus de 70% de ses revenus de son activité à l'étranger où l'énergie peut être bien plus chère qu'en France. La jeune pousse, qui s'est internationalisée très tôt, est aujourd'hui active dans une vingtaine de pays à travers le monde et dispose de huit filiales à l'étranger (Singapour, Corée du Sud, Japon, Dubaï, Colombie, Mexique, Brésil, Italie).

La greentech ne compte pas en rester là. Elle travaille à l'ouverture de nouvelles filiales en Russie et aux Etats-Unis et prévoit de recruter une cinquantaine de nouveaux collaborateurs pour en compter environ 200 à la fin de l'année 2021.

Encore déficitaire, elle vise la rentabilité avant 2024, date à laquelle elle entend s'introduire en Bourse.

« C'est pour nous le moyen de devenir l'acteur indépendant de référence de l'efficacité énergétique grâce aux données », affirme Vincent Sciandra.

Une entrée en Bourse pour 2024

Objectif : atteindre une taille critique, de plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires avec près d'un millier de salariés, pour être un acteur indépendant viable. Un défi de taille alors que Metron évolue sur le même marché que des mastodontes comme Siemens et Schneider Electrics, dont les revenus annuels se comptent en dizaines de milliards d'euros.

D'ici cette échéance majeure, Metron entend boucler une augmentation de capital de 30 millions d'euros au cours de l'année, qui viendra compléter les plus de 20 millions d'euros déjà levés depuis sa création. Cet argent doit permettre de financer son expansion à l'international et des investissements technologiques destinés à couvrir un spectre plus large. Désormais, Metron souhaite cibler des industriels de plus petite taille, mais aussi d'autres types de structures « quasi industrielles" comme les entrepôts, les ports et les aéroports afin de décarboner plus massivement les territoires.

Pour donner plus d'écho à cette ambition, elle a récemment publié un rapport regroupant une série de solutions concrètes pour le verdissement de l'économie, cosigné par une dizaine d'entrepreneurs et acteurs de l'économie, dont Bertrand Piccard (Solar Impulse), Laurent Bigorgne (Institut Montaigne), Sylvie Jehanno (Dalkia), Frédéric Mazzella (France digitale et Blablacar) ou encore Vincent Jauneau (Siemens).

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Commentaire 1
à écrit le 16/02/2021 à 7:48
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Metron ou Macron ? Parce que dans les deux, ça collecte et ça croise des données ...

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