Ressource en eau : les entreprises peinent à rassurer les investisseurs

Selon le premier rapport sur l’état de la gestion de l’eau par les entreprises européennes, tout en identifiant massivement l’eau comme un risque majeur pour leur activité, elles sont encore peu nombreuses à communiquer des données précises sur le sujet aux investisseurs qui les leur réclament.
Dominique Pialot
Un manque d'eau de qualité suffisante peut limiter la production et, en tout état de cause, ralentir le développement d'une activité.

Sécheresses, inondations, détérioration de la qualité de l'eau... ces composantes d'une crise de l'eau constituent autant de menaces pesant sur la planète et l'économie au cours de la prochaine décennie, selon le spécialiste du reporting environnemental CDP (ex Carbon disclosure project), qui recense depuis une dizaine d'années les rapports des entreprises concernant leurs émissions de gaz à effet de serre. C'est pourquoi le sujet préoccupe de plus en plus d'investisseurs.

L'étude sur l'état de la gestion de l'eau des entreprises en Europe, que le CDP publie pour la première fois, résulte des réponses apportées par près de 300 grandes sociétés européennes cotées concernant leur stratégie de gestion de la ressource, aux questions de plus de 640 investisseurs institutionnels, représentant 67.000 milliards de dollars d'actifs sous gestion. Ils étaient quatre fois moins nombreux à se préoccuper du sujet lors du lancement du programme sur l'eau par le CDP en 2010.

Des risques mais aussi des opportunités

Car le tarissement de la ressource en eau n'est pas seulement dévastateur pour la nature et l'homme, mais constitue un risque stratégique pour l'activité des entreprises. La concurrence pour l'accès à l'eau peut entraîner une interruption de l'activité, porter atteinte à une marque et même mettre en péril le "permis d'opérer" d'une entreprise dans la zone géographique concernée. Un manque d'eau de qualité suffisante peut limiter la production et, en tout état de cause, ralentir le développement d'une activité. L'industrie, l'agriculture et la production d'énergie sont les secteurs les plus directement menacés. A l'inverse, cette situation présente des opportunités de marché pour les entreprises qui, à l'image de Suez, sont susceptibles de fournir des solutions innovantes en matière de consommation en eau des process de production, de recyclage ou de réutilisation des eaux usées. Et pour leurs clients, qui pourront ainsi bénéficier d'un avantage compétitif.

En avance sur le sujet en comparaison de leurs pairs au niveau mondial, 61% des entreprises européennes reconnaissent une exposition de leur activité aux risques liés à l'eau (stress hydrique, sécheresse et déficit à venir de la ressource). Elles sont également 72% à entrevoir de nouvelles opportunités liées à ce risque.

La moitié des entreprises n'évaluent pas leur exposition

Comme le rappelle Jean-Louis Chaussade, PDG de Suez (ex. Suez Environnement) et partenaire du programme, en introduction de ce rapport, "les entreprises sont confrontées à de nouveaux défis environnementaux, sociaux et sociétaux susceptibles d'affecter leur croissance, dont la pression sur les ressources naturelles, la digitalisation de l'économie, l'accélération de l'urbanisation et le changement climatique. De nombreuses opportunités sont liées à ces sujets et les entreprises ont tout à gagner à mettre en œuvre une stratégie de gestion des risques solide et à transformer leur activité."

Pourtant, seulement 38% des entreprises européennes approchées pour ce rapport ont fourni les informations demandées par les investisseurs quant à leur gestion de ce risque, et plus de la moitié (56%) ne procèdent pas encore à une évaluation complète des risques hydriques.

Malgré une prise de conscience qui a largement progressé parmi les investisseurs (un peu moins parmi les entreprises), la marge de progression demeure importante, notamment dans un contexte où les objectifs européens en matière de politique de gestion hydrique risquent de ne pas être atteints, que ce soit en raison de la mauvaise qualité de l'eau,  de l'eutrophisation ou du manque de réformes entreprises pour l'allocation de la ressource par secteur (industrie, agriculture et production énergétique).

Dominique Pialot

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Commentaire 1
à écrit le 31/05/2016 à 12:39
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IL VAS FALLOIR RECENCER TOUTE LES ZONES INONDABLE ET VOIR SI ON PEUT Y VIVRE MALGRES LES INONDATIONS PREVUS EN SURLEVANT TOUT CE QUI ET POSISIBLE DE SURELEVE? DEJA CERTAIN PAYS INOVENT? IL FAUT PRENDRE EN CONSIDERATION LEURS EXPERIENCE DANS CE DOMEME...

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