"Stranded assets" ? Shell va déprécier jusqu'à 22 milliards de dollars d'actifs

Cette dépression d'actifs témoigne d'un changement fondamental pour l'industrie pétrolière: le déclin annoncé des énergies fossiles.
Déjà amorcée, la transition vers les énergies renouvelables semble s'être encore renforcée au cours des derniers mois.
Déjà amorcée, la transition vers les énergies renouvelables semble s'être encore renforcée au cours des derniers mois. (Crédits : Sergei Karpukhin)

Deux semaines après BP, c'est au tour de Shell d'annoncer une dépréciation massive de la valeur de ses actifs, dont le montant sera compris entre 15 et 22 milliards de dollars (entre 13,4 et 19,6 milliards d'euros). Celle-ci a été précipitée par les crises sanitaires et économiques, qui ont fait chuter la demande et les cours du pétrole et du gaz. Mais elle témoigne surtout d'un "changement fondamental pour l'industrie", souligne Luke Parker du cabinet Wood Mackenzie: le déclin annoncé des énergies fossiles.

Déjà amorcée, la transition vers les énergies renouvelables semble s'être encore renforcée au cours des derniers mois. Si bien que certains observateurs n'hésitent plus à suggérer que le "pic pétrolier", à partir duquel la consommation commencera à décliner, se rapproche. D'ici à 2030 pour Patrick Pouyanné, le patron de Total. Potentiellement dès 2027 pour le cabinet Rystad Energy. D'autres estiment même qu'il est déjà passé, et donc la demande de pétrole ne retrouvera jamais son niveau de 2019. Un scénario noir que n'exclut pas Bernard Looney, le directeur général de BP.

"Stranded assets"

Ce repli de la demande aura par ailleurs un impact sur les cours du baril de pétrole, au moins à court terme. Shell estime ainsi que le brut ne vaudra en moyenne que 40 dollars en 2021 et que 50 dollars en 2022, tout en espérant qu'il retrouve son niveau de long terme (60 dollars) à partir de 2023. De son côté, BP - qui va passer une charge de dépression comprise entre 13 et 17,5 milliards de dollars - mise sur un cours moyen de 55 dollars au cours des trente prochaines années, soit 15 dollars de moins que sa précédente estimation.

Pour les grands groupes pétroliers et gaziers, cela signifie que leurs actifs d'exploration et de production ne rapporteront pas autant qu'espéré. Et donc que leur valeur va inexorablement chuter. À terme, ils pourraient même devenir des "stranded assets", c'est-à-dire des actifs échoués dont la valeur sera proche de zéro en raison de la lutte contre le réchauffement climatique. Un risque qui pousse les pétroliers à abandonner des projets en cours. Et aussi un nombre croissant d'investisseurs, en particulier de grands fonds anglo-saxons, à se détourner des actions du secteur.

"Il y a encore quelques années, peu de personnes dans l'industrie du pétrole et du gaz acceptaient les notions du risque climatique, du pic de la demande, des actifs échoués ou de liquidation des modèles économiques, souligne Luke Parker. Aujourd'hui, les entreprises du secteur bâtissent leur stratégie autour de ces idées". Shell, comme BP et Total, s'est ainsi engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. Une promesse qui va impliquer des changements majeurs dans ses activités.

Lire aussi : Le pétrolier Shell s'engage à atteindre la neutralité carbone en 2050

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Commentaires 3
à écrit le 02/07/2020 à 6:04
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Souhaitons un hiver clement, sinon il va faire frais dans les chOmieres.

à écrit le 02/07/2020 à 0:03
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Cette dépréciation ne serait-elle pas plutôt liée au pétrole de schiste? le coût d'extraction soit excéder largement des 40$.

à écrit le 01/07/2020 à 21:48
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Voilà une nouvelle décision gravissime qui va entraîner des réactions en chaîne comme en 2008...

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