Pourquoi les futures zones touristiques internationales à Paris font polémique

Par Marina Torre  |   |  599  mots
Dans son projet de décret, le gouvernement prévoit douze zones touristiques internationales à Paris.
L'intersyndicale Clic-P, qui a participé à plusieurs procès concernant le travail dominical et nocturne, dénonce les projets d'extension des zones touristiques internationales créés dans le cadre du plan d'application de la loi Macron.

La partie de Monopoly s'annonce intense. L'intersyndicale Clic-P (SUD Commerce,  CFTC, CGC, CGT, FO) s'insurge contre les projets d'arrêtés visant à délimiter les zones touristiques internationales.

"Le ministre [Emmanuel Macron] a menti, il avait d'abord parlé de 4 zones à Paris, et, maintenant, il y en a 12. (...) le but est clairement de généraliser le travail dominical et nocturne, alors même qu'il n'y a pas d'embauches" s'insurge Laurent Degousée, Co-délégué de SUD Commerce, interrogé par "La Tribune".

"6% de la surface de Paris"

Le gouvernement a défini 12 quartiers parisiens susceptibles de devenir des zones touristiques internationales (ZTI) le 14 août. Une liste adressée aux partenaires sociaux avant la promulgation officielle du décret prévue le 15 septembre qui les ont fait bondir.

Réponse du ministère de l'Economie dès lundi à l'AFP:

"Il ne s'agit en aucun cas de la généralisation de l'ouverture des commerces le dimanche puisque ces zones proposées correspondent seulement à 6% de la surface de la capitale (...) Toutes ces zones correspondent à des zones de transport important avec une forte présence hôtelière et des monuments qui participent à la fréquentation touristique de Paris."

Les zones qui posent problème

Dans ces zones, les magasins pourront ouvrir le dimanche et le soir jusqu'à minuit. Volontariat et compensations sont prévus, mais sans plancher, et doivent être décidés par des accords de branche. Même principe dans les gares et les "zones commerciales" (ZC) qui remplaceront les "périmètres d'usage de consommation exceptionnelle" (PUCE), où le travail dominical sera autorisé toute l'année. Ailleurs, ce sont désormais 12 dimanches au lieu de 5 qui pourront être accordés aux commerçants par les conseils municipaux.

L'Assemblée a validé au mois de février cette nouvelle organisation dans le cadre de la loi Macron votée en juillet. Au moment des débats avec les parlementaires, le ministre de l'Economie a évoqué notamment les futures zones touristiques internationales - sans préciser leur nombre définitif - "les Halles, Montmartre et Beaugrenelle", ainsi que, dans le reste de la France, des quartiers à Nice, Cannes et Deauville.

Emplacements contestés

Outre le nombre de zones prévues dans le projet de décret - qui pour l'instant ne concerne que Paris, les syndicats contestent certains emplacements, qu'ils ne considèrent pas comme des lieux d'attractivité touristiques internationale. C'est le cas notamment du quartier Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement, et du quartier Olympiades dans le 13e qui comprennent tous deux des centres commerciaux.

>> Le travail dominical est compromis pour la Fnac

Ils voient en outre dans le choix une forme de victoire de la Fnac, dont le patron Alexandre Bompard avait réclamé, en vain, une dérogation pour ouvrir les magasins culturels le dimanche.

Une question de prérogatives

L'exécutif indique rechercher la "concertation" afin de définir ces zones. Elle sera de toute évidence difficile à obtenir du côté de ces représentants syndicaux qui rejettent ces zones "en bloc".

Associations de riverains et municipalité seront aussi consultées. En la matière, le fait de confier au gouvernement le choix des ZTI avait fait tiquer la maire de Paris, Anne Hidalgo. Bien que prête à faire des concessions, l'élue socialiste a jugé, au mois de février, que cette délimitation par décret à Paris constituait un "recul démocratique" et un "empiétement de l'Etat sur le pouvoir des exécutifs locaux".

___

>> Pour aller plus loin:

Travail du dimanche à Paris : Anne Hidalgo tente de marquer son territoire