Avec Keolis, la SNCF se lance dans les ambulances

Filiale à 70% de la SNCF, Keolis, le spécialiste du transport urbain et interurbain, crée Keolis Santé avec les deux premières entreprises du secteur du transport sanitaire. Déjà numéro un de ce secteur qui croît avec le vieillissement de la population, Keolis Santé entend doubler de taille d'ici à 2021, en procédant essentiellement à des acquisitions.
Fabrice Gliszczynski
Détenue à hauteur de 51% par Keolis aux côtés des patrons d'Intégral et de Douillard (24,5% chacun), Keolis Santé entend doubler de taille d'ici à 2021.

La volonté de croissance de Keolis amène la filiale à 70% de la SNCF (le reste du capital appartient à la Caisse des dépôts du Québec) à explorer de nouveaux territoires qui sortent de son cœur de métier, le monde du transport urbain et interurbain du quotidien. Après s'être lancé l'an dernier dans les véhicules de transports avec chauffeurs (VTC) face à Uber en prenant le contrôle de Le Cab, Keolis se lance aujourd'hui dans le transport des personnes ayant besoin de soins médicaux (transport sanitaire), lequel est réalisé par des ambulances pour le transport dit allongé, et, pour le "transport assis professionnalisé", par des véhicules sanitaires légers ou des taxis agréés par la Caisse primaire d'assurance maladie. Un marché de 4 milliards d'euros en France, en croissance de 3,5% par an ces dernières années du fait du vieillissement de la population.

"Cela pèse autant que notre métier principal qui est le transport urbain en France", a fait remarquer ce mercredi Jean-Pierre Farandou, le PDG de Keolis, lors d'une rencontre avec la presse.

Numéro un du marché

Keolis déboule dans ce marché atomisé (il est composé de 55.000 entreprises) en rachetant les numéros un et deux du secteur, les réseaux Intégral et Douillard, pour créer Keolis Santé, qui devient de facto le numéro 1 du secteur du transport sanitaire avec 70 millions d'euros de chiffre d'affaires, une taille 100 fois plus grande que la moyenne du secteur.

Détenue à hauteur de 51% par Keolis aux côtés des patrons d'Intégral et de Douillard (24,5% chacun), Keolis Santé entend doubler de taille d'ici à 2021 pour atteindre à cet horizon 175 millions d'euros de chiffre d'affaires.

"Il y aura un peu de croissance organique, mais les acquisitions seront le moteur principal de cette croissance", a expliqué Jean-Pierre Farandou, qui considère Keolis Santé comme la "pionnière de la consolidation" de ce secteur "en croissance" pouvant "être optimisé en termes de qualité et d'efficacité" non seulement pour les patients mais aussi pour la dépense publique.

"L'une de nos ambitions est de contribuer à cette efficacité dans la chaîne de soins. Ce secteur est complexe à organiser au niveau national compte tenu du nombre d'entreprises. En tant que pionnier de la consolidation, s'il y a des réflexions à mener en termes d'efficacité (...), nous sommes ouverts pour en discuter. Beaucoup d'améliorations peuvent être apportées", a expliqué de son côté Laurent Kocher, directeur exécutif marketing, innovation et services de Keolis, qui a initié et porté le projet de création de Keolis Santé.

Partage

Pour Keolis, la question de la mutualisation des moyens est centrale.

"Le partage est le meilleur moyen d'optimisation. C'est l'organisation du partage des véhicules qui est le levier majeur pour l'efficience pour la puissance publique", a indiqué Jean-Pierre Farandou. C'est à dire "avoir moins de courses à vides et plus de personnes dans les véhicules", précise Laurent Kocher.

Cela peut avoir pour conséquence la remise en cause du libre choix de l'entreprise de transport par le patient. Un point qui constituera d'ailleurs l'un des facteurs de consolidation.

"Celle-ci ne peut que s'accélérer que si les organisations de soins choisissent eux-mêmes l'organisation des flottes. Cela débouchera sur des appels d'offres portant sur des gros volumes et les gros acteurs seront plus adaptés à y répondre. Ce mouvement est en discussion", a expliqué Jean-Pierre Farandou.

Il y en a d'autres, comme l'homogénéisation de la tarification sur le transport assis qui est différente entre taxis et VSL.

Marchés conventionnés

Keolis n'arrive pas dans le transport sanitaire en terre inconnue. Le groupe connaît parfaitement les rouages de ces marchés "conventionnés" en raison des relations que la société entretient avec les grands donneurs d'ordre public, même si ces derniers sont différents de ceux qu'elles côtoient dans le transport urbain puisqu'il s'agit dans le transport sanitaire de la caisse primaire d'assurance maladie, des agences régionales de santé ou des hôpitaux selon les différentes modalités de transport.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 4
à écrit le 22/11/2018 à 12:21
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Étant ambulancier de profession je suis complètement contre. Comme dit dans l'article, ils veulent augmenter le nombre de personnes transporté dans un même véhicule. On va finir avec des vsl en bus qui va transporter 10 patient en même temps. Et des...

à écrit le 07/07/2017 à 17:15
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Je ne comprend pas ? C'est pas la SNCF qui disait qu'ils n'ont plus d'argent et qu'ils sont ruinés ? Et là ils se lancent dans des domaines qui ne sont pas les leurs ?

à écrit le 07/07/2017 à 5:42
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Apres la Poste s'occupe de vos vieux, la SNCF les transportent a l'hosto. Bientot, la bnp les transferera au cimetiere. La France va mal.

à écrit le 06/07/2017 à 17:22
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La SNCF fort de son " financement sans limites " par l'Etat se permet à étendre son activité dans plusieurs secteurs ( transport de marchandises, bus, taxi ) et maintenant dans les ambulances. D'un côté c'est son bon droit, mais d'un autre c'est de...

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