Et si Lufthansa pactisait avec Ryanair ?

Selon certaines sources, Lufthansa et Ryanair discuteraient d'un partenariat dans lequel la low-cost assurerait quelques vols de courte distance pour alimenter des vols long-courriers de l'une des compagnies du groupe Lufthansa.
Fabrice Gliszczynski

Les présages de Michael O'Leary concernant les coopérations à venir entre compagnies classiques et compagnies low-cost commencent à prendre forme. Alors qu'il est convaincu que les compagnies traditionnelles comme Air France, Lufthansa ou Alitalia n'auront pas d'autres choix, à terme, que de confier une partie de leur réseau court et moyen-courrier déficitaires à des opérateurs à bas coûts comme Easyjet ou Ryanair, pour mieux se focaliser sur leur réseau long-courrier, le directeur général de Ryanair commence à intéresser certaines compagnies long-courriers.

C'est connu, le transporteur irlandais est en discussion avancée avec Norwegian pour alimenter à partir du mois de juin une partie des vols de la compagnie norvégienne vers les Etats-Unis. Mais Ryanair serait aussi sur un plus gros poisson. Selon certaines sources, la compagnie irlandaise serait en discussion avec le groupe Lufthansa pour un accord du même type sur quelques lignes seulement. Interrogées, Lufthansa et Ryanair ont déclaré ne pas commenter des "spéculations".

Ces mêmes sources n'ont pas spécifié si les discussions concernaient la compagnie Lufthansa (alors que Ryanair va prochainement ouvrir ses premiers vols à Francfort, le hub principal de Lufthansa), ou un autre transporteur du groupe Lufthansa (la low-cost Eurowings, Swiss, Brussels Airlines et Austrian). Quelle que soit la compagnie, un tel accord risquerait de provoquer la grogne des syndicats, même si les discussions ne portent que sur quelques lignes.

Ce lundi, dans une interview accordée au site spécialisé Austrian Aviation Net, Michael O'Leary est une nouvelle fois revenu sur l'intérêt qu'il voyait à ce type de coopération, en suggérant à nouveau à Air France, Lufthansa ou Alitalia de collaborer avec sa compagnie.

Un moyen de pression sur les syndicats

"La seule issue possible pour les compagnies établies est de collaborer avec les compagnies à bas coûts (...). A partir de juin, nous assurerons des correspondances avec des vols long courriers de Norwegian. Pourquoi cela ne pourrait-il pas fonctionner avec Lufthansa, Air France ou Alitalia ?", a-t-il dit, en ajoutant qu'une telle collaboration "leur donnerait une arme et un moyen de pression sur les pilotes et les syndicats", pour que ces derniers consentent à faire des efforts.

Pour Michael O'Leary, les compagnies traditionnelles n'ont guère la possibilité d'opérer avec profit des compagnies à bas coûts, telle la filiale Eurowings de Lufthansa.

"Le problème de Carsten Spohr (le PDG de Lufthansa, NDLR) avec Eurowings, c'est qu'à cause des syndicats, il n'obtiendra pas l'efficacité et la productivité dont il a besoin pour sa filiale à bas coût (...). Lufthansa et Air France parlent chaque année de réformes mais rien ne se passe, car à chaque fois qu'elle essaient, les syndicats disent "Non", a-t-il souligné.

Interrogé en novembre au sujet d'un éventuel accord avec Ryanair, Carsten Spohr n'avait pas exclu de confier une partie de ses vols d'alimentation à des partenaires. Dans des propos rapportés par l'agence Bloomberg, il avait en effet indiqué que sa "préférence était d'alimenter son long-courrier avec Lufthansa, que sa deuxième préférence était de le faire avec Eurowings et que sa troisième préférence était d'utiliser d'autres partenaires".

Le patron de Lufthansa fait preuve d'opportunisme

Pour Lufthansa, un accord avec Ryanair traduirait une nouvelle fois l'opportunisme de son patron, lequel, alors que les négociations avec les pilotes pour leur arracher de nouvelles économies se sont soldées par....une hausse des salaires, n'hésite pas à saisir toutes les opportunités qu'il juge opportunes pour améliorer la performance du groupe, quitte à s'allier avec les concurrents pour faire bouger l'entreprise (comme Etihad récemment) ou à remettre en cause des engagements pris dans le passé concernant le positionnement d'Eurowings. Pour rappel, alors que le transfert des vols de point-à-point européens de Lufthansa vers Eurowings (à l'époque Germanwings), excluait ceux au départ et à destination des deux  hubs de Lufthansa, Francfort et Munich, Lufthansa a autorisé l'ouverture en mars d'une base d'exploitation d'Eurowings à Munich.

Toujours dans le souci de développer Eurowings, sa priorité stratégique, Carsten Spohr a par ailleurs réalisé un coup magistral en signant avec Air Berlin la location d'une trentaine d'appareils avec les équipages. Cet accord lui permet de faire grossir Eurowings à une vitesse foudroyante tout en éliminant un concurrent sur son marché naturel.

Pour l'heure, Ryanair attaque de front Eurowings en ouvrant cet été trois bases en Allemagne, Berlin, Hambourg et Cologne, dont les deux dernières sont également des bases d'Eurowings.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaire 1
à écrit le 15/02/2017 à 16:49
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C'est que ça n'arrivera pas.

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