"Nous ferons mieux que le marché qui va doubler chaque année", PDG de Vulog

Grégory Ducongé, PDG de Vulog, explique pour La Tribune la stratégie de croissance qui va être mise en place au lendemain d'une nouvelle levée de fonds de 17,5 millions d'euros. Vulog qui met en place des solutions pour des services de mobilités partagées, estime que ce marché va quasi-doubler chaque année. La société niçoise estime qu'elle fera mieux que le marché... Propos recueillis par Nabil Bourassi
Nabil Bourassi
Grégory Ducongé estime que la croissance se fera surtout hors de l'Hexagone qui prend du retard en matière de mobilités partagées.

LA TRIBUNE - Vulog a annoncé une levée de fonds de 17,5 millions d'euros auprès d'une diversité de fonds, pourquoi ne pas avoir privilégié un nombre plus restreint d'investisseurs afin de constituer un noyau dur ?

GREGORY DUCONGE - Nous avons deux actionnaires qui ont participé à la précédente levée de fonds (8,4 millions d'euros en 2015, Ndlr), ETF Partners et BPI France, et qui voulaient absolument participer au nouveau tour de table, grande marque de confiance dans notre société. Mais nous voulions également nous engager avec de nouveaux investisseurs qui pouvaient nous apporter quelques choses comme des accès à de nouveaux marchés ou de nouveaux partenariats... Nous avons eu la chance d'avoir eu le choix entre les candidats.

Une introduction en Bourse n'est pas encore d'actualité...

C'est encore prématuré... Nous savons que Vulog est au début de l'aventure et que son marché va exploser dans les prochaines années. Nos levées de fonds actuelles nous permettent d'avancer au bon rythme pour réaliser nos projets que nous voulons mettre en place dans cette perspective.

Comment définiriez-vous votre stratégie de croissance ?

Nous avons une stratégie assez ciblée. Nous privilégions aujourd'hui l'Europe et l'Amérique du Nord. L'Europe, parce que c'est notre marché historique et un marché en forte croissance. L'Amérique du Nord parce que nous avons de beaux projets au Canada et nous voulons nous en servir comme fer de lance pour attaquer les États-Unis, marché très prometteur.

Ces deux zones nous permettent déjà d'envisager de belles perspectives de croissance dans les années à venir. Nous restons néanmoins attentifs à l'Asie où il existe de véritables opportunités surtout dans un contexte de grandes mégalopoles congestionnées et polluées. Nos solutions sont parfaitement adaptées pour répondre à ces problématiques, Vulog ira donc en Asie en temps utile.

Votre stratégie de croissance pourrait se cantonner à travailler avec un acteur global qui, lui, se chargerait de déployer vos solutions à l'échelle mondiale...

Il n'existe pas à proprement parlé d'acteurs globaux dans les mobilités partagées. Vulog a vocation à travailler avec un grand nombre d'acteurs différents. Pour l'heure, les grands acteurs sont surtout régionaux, tandis que les très grandes entreprises susceptibles d'avoir une envergure mondiale sont encore assez conservatrices en matière de mobilité partagée.

Avez-vous estimé la croissance du marché ?

Nous pensons que le marché va quasi-doubler chaque année. Les villes vont continuer à fortement croître dans les 30 prochaines années. Or ajouter des véhicules personnels dans ces villes déjà très denses ne sera simplement plus possible (espace de parking, pollution, congestion) et la mobilité partagée, autonome ou pas, va très vite devenir une évidence.

Votre objectif est d'être en ligne avec la tendance ?

Nous estimons que nous serons un peu au-dessus de ce rythme de croissance et que nous conforterons notre position de leader de marché.

Vous privilégiez la croissance organique ?

Notre plan de marche est effectivement de nous concentrer sur nos projets d'innovations propres et de croissance organique. Nous sommes néanmoins pragmatiques et regarderons les opportunités si elles se présentent.

Vulog est une société française installée à Nice. Le marché français pourrait être une zone privilégiée de croissance pour vous, hors celui-ci constitue moins de 10% de votre chiffre d'affaires...

En matière de mobilité partagée, le marché français est d'une timidité navrante. Quand je vois la dynamique dans les grandes villes étrangères, alors même que la France dispose d'une expertise mondialement reconnue dans la mobilité, je suis désolé de constater que les métropoles françaises prennent du retard. Celles-ci sont plus polluées et congestionnées qu'elles ne devraient l'être si elles avaient les solutions de mobilité partagée adéquates. A Madrid par exemple avec 500 voitures électriques, notre client a enregistré plus de 100.000 adhésions en seulement 90 jours. Rien de cela en France...

Pourtant, il y a des solutions comme Autolib à Paris qui ont su se dupliquer dans d'autres métropoles y compris aux États-Unis notamment à Indianapolis...

Pour l'heure, les services de solutions partagées en France ne sont pas du tout adaptés parce qu'elles sont souvent le fait de délégations de service public. Si elles étaient 100% privées, elles auraient des offres bien plus riches et plus ciblées aux vrais besoins des usagers. Ce n'est pas encore le cas aujourd'hui.

Les pouvoirs publics en France continuent de considérer que la voiture partagée est un concurrent des transports publics. Nous avons pourtant constaté dans les faits que les villes qui mettaient en place d'ambitieux plans de voiture partagée sont celles qui ont vu le trafic des transports en commun, le vélo et la marche à pied très fortement augmenter. Et la place de la voiture et ainsi la pollution diminuée.

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Propos recueillis par Nabil Bourassi

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 30/08/2017 à 17:50
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Sympa l'entreprise ... Surtout que le marché va " exploser " d'où forte plus value en perpective !!! Question : si la France représente 10% de votre chiffre d'affaire , vous travaillez a l'export ...Bien ... Mais combien est votre CA ? Combien de s...

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