
Retour en arrière ? La seconde étude de l'observatoire des mobilités commandée par Sixt et conduite par l'Ifop montre qu'en matière de mobilité vertueuse, les Français semblent avoir fait un pas en arrière. D'un côté, les transports en commun reculent drastiquement dans le choix de la mobilité du quotidien passant de 31 à 23%. De l'autre, le choix de la voiture individuelle passe de 79 à 81%. Seul le vélo semble avoir pris de l'ampleur en passant de 11 à 15%. La moto et le scooter augmentent également de 5 à 7%. C'est en gros, la fête à la mobilité individuelle, carbonée ou non.
La défiance des transports en commun perdure
Dans leurs projections, les Français n'envisagent toujours pas leur retour dans les transports en commun, encore traumatisés par la crise sanitaire. Ils sont seulement 42% à affirmer qu'ils l'utiliseront davantage, contre 47% en 2019. A l'inverse, ils sont désormais 38% à prévenir qu'ils prendront davantage leur voiture contre 34% lors de la précédente étude. Cette fois, le vélo en prend pour son grade puisqu'ils sont également moins nombreux à prévoir de l'utiliser plus qu'avant (29% contre 33% en 2019). D'ailleurs, les Français ne croient pas à la fin de la voiture individuelle puisqu'ils sont 48% à estimer que son usage restera stable dans les dix prochaines années, tandis que 24% d'entre eux pensent même qu'elle va augmenter.
Le pouvoir d'achat
Mais cette étude met surtout en exergue la très forte préoccupation des Français quant à leur pouvoir d'achat qu'ils estiment de plus en plus impacté par le poste de dépense mobilité. Ils sont 63% à le considérer comme important, voire très important pour 23% du total des sondés.
Cette question du pouvoir d'achat est, d'ailleurs, le seul frein important qui pourrait pousser à renoncer à la voiture individuelle. Ils sont 60% (stable) à estimer que le coût à l'usage (coût de fonctionnement, carburant) est un frein à l'utilisation d'une voiture individuelle. Il sont 40% à estimer que c'est le prix d'achat (+2 points). Les autres critères sont loin derrière en termes de préoccupations pour les Français: difficultés de stationnement (35%, en baisse), les embouteillages (28%, en baisse), l'environnement (18%, en baisse)... Ils sont 72% à se déclarer dépendants de la voiture individuelle, dont presque 40% se disent très dépendants.
La voiture électrique ? Trop chère pour les Français
L'étude Sixt/Ifop a également consacré un volet sur la mobilité électrique. Le résultat revient aussi à des considérations de pouvoir d'achat puisque pour 68% des Français (le chiffre le plus élevé des différents critères) estiment qu'un prix moins élevé pourrait faire adopter une voiture électrique. Les points de recharge (38%), l'autonomie (34%)... Sont des critères qui arrivent loin derrière. D'ailleurs, ils n'anticipent pas d'amélioration sur ce front puisque pour 55% d'entre eux, le coût d'achat et de fonctionnement restera trop cher dans les prochaines années pour qu'ils puissent envisager de passer à l'achat. Cette défiance des Français paraît vertigineuse lorsque l'on compare le résultat de cette étude à d'autres chiffres. En 2010, ils étaient 49% à dire qu'ils étaient prêts à acquérir une voiture électrique. Ils ne sont plus que 31%.
L'Etat attendu au tournant
Pour Jean-Philippe Doyen, patron de Sixt France, cette étude montre un paradoxe chez les Français qui veulent gagner en pouvoir d'achat mais refusent la voiture électrique laquelle, à l'usage, permet pourtant de faire des économies de carburant et d'entretien. Il appelle l'Etat à en faire davantage pour accompagner les Français dans cette bascule dans l'électrification. Il demande à ce que le soutien à l'achat soit pérennisé, que le déploiement des réseaux de bornes de recharge soit accentué. Il appelle également à organiser un dispositif de découverte de la voiture électrique à travers un chèque mobilité électrique. "Nos clients qui essaient pour la première fois une voiture électrique reviennent parfaitement ravis de cette nouvelle expérience de conduite", explique-t-il à La Tribune. Emmanuel Macron qui vient d'être réélu président de la République a promis d'en faire plus pour la voiture électrique à travers des offres de leasing. Ce dispositif devra être reprécisé.
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