Paul Boyé Technologies se lance dans les vêtements innovants

Après avoir affronté la crise du textile, la société se restructure vers la conception innovante. Elle produit notamment des masques de protection antigrippe aviaire.

Après plus de cent années d'existence, les ateliers de confection textile Paul Boyé (créés en 1904) ont décidé de prendre le tournant technologique du XXIe siècle. Si son c?ur de métier reste inchangé ? la confection de vêtements militaires et administratifs, notamment pour les armées françaises ?, Jacques Boyé, à la tête de l'entreprise familiale basée à Toulouse, investit résolument dans la R&D. Une politique qui permet à la société de rester rentable, alors que toute l'économie textile de la région Midi-Pyrénées a subi et subit encore l'internationalisation des marchés. « Jusque dans les années 1990, nous avions trois usines de confection sur Sète, Toulouse et Bédarieux, avec près de 750 salariés, souligne le PDG. Mais nous avons dû nous adapter, en innovant et en allant chercher de nouveaux marchés. »

relocalisation

La société qui a ajouté « Technologies » à son patronyme a ainsi décidé de délocaliser une partie de sa production dans des pays à bas coûts (Tunisie et Madagascar). Dans le même temps, elle a stoppé ses activités de prêt-à-porter et a dirigé ses efforts sur les confections spéciales : des tenues d'intervention NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique), les nouveaux filets de camouflage, etc. L'entreprise travaille aussi sur des gilets pare-balles légers et adaptés pour les militaires.

Mieux, ses brevets dépassent désormais le simple habillement. Paul Boyé Technologies s'est engagé notamment sur des programmes de recherche pour l'A380, sur des applications d'assemblage de matériaux textiles. Dernière innovation en date, la cryoveste qui a beaucoup fait parler d'elle l'été dernier, lors des Jeux olympiques de Pékin. « Nous les avons réalisées en partenariat avec la société française SM Europe. Ces prototypes ont été testés par l'Institut national de médecine, et nous avons eu d'excellents retours de la part des sportifs », souligne Jacques Boyé. Destiné à mieux supporter l'été pékinois (30 °C dans l'air et un taux d'hygrométrie de 80 %), ce gilet « réfrigéré », baptisé Cryovest, aide les sportifs à redescendre en température entre deux épreuves. Quelques centaines d'exemplaires ont été confectionnés et, déjà, cette innovation pourrait trouver de nouveaux débouchés dans le médical.

L'un des plus récents et beaux paris de l'entreprise a été la production de masques de protection dont Paul Boyé est aujourd'hui l'un des plus gros fabricants en Europe. « Avec l'arrivée des craintes sur la grippe aviaire, le gouvernement ne voulait plus dépendre des producteurs de masques chinois pour s'approvisionner, explique le dirigeant. Nous avons réussi à nous aligner sur les prix de la concurrence asiatique, en supprimant les intermédiaires et en gagnant sur les coûts de transports. Au final, nous avons remporté dès 2006 un premier appel d'offres portant sur la réalisation de 150 millions de masques. » À côté des ateliers de tests et de confection, les dernières unités de l'entreprise produisent ainsi plus de 50 millions de masques chaque année. La société a dû investir dans de nouvelles machines-outils, à grande cadence. Elle permet à l'entreprise de se positionner comme défenseur d'une certaine « relocalisation » du textile innovant en France.

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