Massenez exporte ses eaux-de-vie sans méthanol

La distillerie contourne les barrières réglementaires grâce à un procédé chimique intégré à la production.

L'eau-de-vie d'Alsace n'est protégée par aucune appellation d'origine contrôlée. Pourtant, malgré la concurrence allemande, suisse ou autrichienne, elle s'exporte de mieux en mieux. Ainsi, 88 % de la production de la distillerie Massenez, leader régional dans le segment de la gastronomie, est vendue à l'export, dans une centaine de pays, États-Unis et Russie en tête.

« Notre méthode de production ouvre l'accès à des marchés internationaux qui utilisent l'argument du méthanol, dont on peut déceler des traces dans n'importe quelle eau-de-vie, pour protéger leur propre production. Nous supprimons cette molécule dans les lots exportés », explique Manou Heitzmann-Massenez, qui dirige cette entreprise de 12 salariés (2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires) à Bassemberg, dans le Bas-Rhin. La distillerie a investi 300.000 euros dans une colonne de « déméthanolisation », un prototype unique en France, de 14 mètres de hauteur installée à côté des alambics traditionnels en cuivre.

Sans équipe commerciale intégrée, l'entreprise s'appuie sur des revendeurs indépendants dans chacun des pays abordés. Y compris la France, où le groupe Taittinger prête sa force de vente pour écouler une centaine de milliers de bouteilles d'eau-de-vie par an. Massenez, affaire familiale depuis quatre générations (1870), a diversifié sa production avec une gamme de liqueurs dont les arômes s'éloignent parfois des fruits traditionnellement utilisés (prune, cerise, mirabelle, poire williams?).

valeur ajoutée

Les développements récents ont fait l'objet d'associations techniques et commerciales autour du chocolat (Marquise de Sévigné) ou du pain d'épices (Fortwenger). La recherche de valeur ajoutée se traduit par des emballages de plus en plus luxueux, tels que les bouteilles inspirées par Gallé ou créées par la cristallerie de Baccarat. « En réponse à la crise qui risque d'affecter la consommation de nos eaux-de-vie dans les boutiques duty-free, les restaurants et les hôtels de luxe, nos prochains développements prendront racine dans le vignoble », annonce Manou Heitzmann-Massenez. La famille, qui souhaite autofinancer sa croissance, procédera à une augmentation de capital pour acquérir un domaine haut de gamme sur l'un des 51 grands crus d'Alsace, « dès 2009 si possible ». Olivier Mirguet,

à Strasbourg

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