Avec Écodas, les déchets prennent un coup de chaud

La société innove dans le recyclage des déchets hospitaliers infectieux.

Jeff Squalli ne croit pas dans « les vertus du feu purificateur » en ce qui concerne le traitement des déchets d'activité de soins à risques infectieux (les Dasri) que les hôpitaux français ont pris l'habitude d'incinérer. « Le feu n'a pas éliminé les déchets infectieux, il les a transformés et on les retrouve sous forme de boues toxiques qu'il faut solidifier et stocker dans des décharges de classe 1? »

Lorsqu'il crée Écodas en 2000 afin de sauver l'outil industriel et la moitié des emplois d'une entreprise qui fabrique des autoclaves à destination de l'industrie textile, cet ingénieur ingénieux travaille depuis sept ans sur un procédé innovant de recyclage des déchets basé sur le broyage puis la stérilisation par la chaleur et la pression. « Aucun micro-organisme ne résiste à cela et les déchets ainsi traités peuvent rejoindre la filière classique des déchets ménagers », se félicite le PDG et actionnaire unique d'Écodas qui a réalisé un chiffre d'affaires de 7,5 millions d'euros en 2008 et emploie 22 salariés. Un procédé efficace, écologique et abordable. « Le coût de revient est quatre fois inférieur à l'incinération?: il faut compter entre 120.000 et 400.000 euros selon que l'hôpital compte moins de 100 lits ou plus de 1.000 », précise-t-il.

Après l'hôpital de Roubaix, ville où Écodas est installée, la société a séduit près de 300 établissements en France dont les hôpitaux de La Pitié-Salpêtrière à Paris, de Pontoise, Vannes mais aussi le CHRU de Lille et l'hôpital de Limoges qui centralise l'ensemble des Dasri du Limousin et s'est équipé de quatre grosses machines.

label « écoentreprise »

Mais, selon le chef d'entreprise, il reste encore beaucoup de progrès à faire. « Si nous sommes précurseurs en termes de technologie, nous sommes en retard dans la pratique. En France, 80 % des déchets hospitaliers sont encore brûlés? » Ce qui explique qu'aujourd'hui encore Écodas exporte 80 % de sa production dans 45 pays différents, notamment vers l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient, la Russie et l'Amérique du Sud. Jeff Squalli, dont la société est la première à avoir obtenu le label « écoentreprise » attribué par l'Afnor et le CD2E (l'agence régionale de création et de développement des écoentreprises), sait que les habitudes seront longues à modifier. « Globalement, nous sommes loin derrière les pays du nord de l'Europe. La directive européenne demande que chaque pays atteigne le seuil de 50 % de recyclage de ses déchets d'ici à 2020. La France en est à moins de 30 % pour ses déchets ménagers... »

E. M. , à Lille

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