"Une augmentation de l'impôt sur les sociétés est peut-être la solution la moins traumatisante"

Dans un entretien accordé à La Tribune, Yvon Gattaz, l'ancien patron du patronat français, aujourd'hui président de l'ASMEP-ETI (le syndicat des entreprise intermédiaires), redoute la mise en place au nom du redressement des comptes publics de mesures qui nuiraient à la transmission des entreprises.
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Le gouvernement organise ce lundi un séminaire pour préparer la prochaine loi de finances. Les entreprises redoutent une augmentation de la pression salariale. Etes vous également inquiets ?

Bien sûr ! Dans l'urgence, parce qu'il lui faut trouver près de 8 milliards d'euros pour répondre à ses engagements européens, le gouvernement est tenté de prendre des mesures rapides et efficaces sur le plan comptable mais qui peuvent être désastreuses pour les entreprises, et donc pour la croissance et l'emploi qui sont indéfectiblement liés.

Quelles mesures redoutez-vous tout particulièrement ?
Toutes celles qui peuvent fragiliser la transmission d'entreprises. Grâce à l'action de l'ASMEP-ETI, engagée dès 1995, celle-ci est enfin facilitée. Ce n'était plus le cas depuis près de 20 ans en raison de la pression fiscale. Entre 1982 et 2000, les statistiques le montrent, les transmissions d'entreprises dans le cadre familial ont fondu. En revanche, les rachats par des sociétés étrangères ont bondi. C'est d'ailleurs une des explications majeures du faible nombre d'entreprises de taille intermédiaire en France [ETI]. Je rappelle que l'on en recense que 4.600 contre plus de 14.000 en Allemagne.

Précisément ?
Revenir sur la fiscalité du Pacte Dutreil ne serait pas raisonnable. Actuellement, la transmission est encouragée. Ce ne serait plus le cas si l'avantage fiscal est réduit. Si le gouvernement décide d'augmenter l'ISF, le risque est grand de voir les actionnaires non dirigeants vendre leurs parts. Et à qui ? Aux concurrents forcément qui seront les plus offrants. Si plusieurs actionnaires non dirigeants font la même chose, l'entreprise est fragilisée. Quand le loup est entré dans la bergerie... Même chose si la fiscalité sur les dividendes augmente. Il faut savoir que les dividendes versés par les ETI vont à 98% au Trésor public. Dans nos entreprises, le versement des dividendes n'est effectué que pour s'acquitter de l'impôt.

Certes, mais au regard de la situation actuelle des finances publiques, les entreprises ne peuvent se soustraire à un effort de solidarité. L'effort ne doit-il pas être partagé ?
C'est évident. Les chefs d'entreprises ne souhaitent pas fuir leurs responsabilités. En revanche, il faut que cet effort soit économiquement positif pour la nation, sans trop causer de dégâts.

Avez-vous une solution ?
Après réflexion, il me semble qu'une augmentation de l'impôt sur les sociétés serait peut-être la solution la moins traumatisante pour les entreprises.

Le gouvernement entend-il vos craintes ?
Je le crois. Nous avons déjà été reçu à Matignon. Mardi, nous passons la journée à Bercy pour faire entendre la voix des ETI.

En 1981, vous étiez le président du CNPF, devenu le MEDEF. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle avec le retour de la gauche au pouvoir ?
Le gouvernement fait moins d'idéologie. Pour accéder au pouvoir, il n'a rien dû promettre à l'extrême gauche. En revanche, il connait très mal le monde de l'entreprise. Nous devons faire de très gros efforts de pédagogie pour leur faire comprendre à quel point les entreprises françaises, et en particulier les ETI, sont fragiles. Leurs bénéfices ne sont pas éternels. Si elles ont été relativement épargnées par la crise, elles souffrent bien plus aujourd'hui.


 

Commentaires 16
à écrit le 04/07/2012 à 15:37
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Je suis fort étonnée du discours de Mr. Gattaz ... il ( ce gouvernement ) ne connaît pas le monde de l'entreprise! mais, Monsieur où étiez-vous toutes ces années ? On dit à cor et à cris que notre faiblesse de croissance la cause en est la disparit...

à écrit le 26/06/2012 à 12:35
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Sur quelles societes ..les multinat qui ne payent pas d`impot...et comme d hab les PME vont morfler...

à écrit le 26/06/2012 à 10:22
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Monsieur Gattaz semble oublier qu'à l'IS se superpose les acomptes sur IS. Pour le développement des PME rien de génial d'autant que les banques ne les financent plus. Revoyez votre copie Monsieur Gattaz

à écrit le 26/06/2012 à 10:20
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Monsieur Gattaz semble oublier que l'impôt sur les sociétés se double des acomptes d'IS versés en avance, lesquels sont des tue trésorerie des PME auxquelles les banques ne prêtent plus... Revoyez votre copie Monsieur Gattaz

à écrit le 26/06/2012 à 4:23
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La gauche se croit encore en 2002, elle agit comme si elle avait gagné l'élection de 2002, pensant avoir largement le temps et ne se souciant pas des "péripéties" dans les autres pays. Un petit pansement ici, un petit coup de pouce là. On nage en ple...

à écrit le 26/06/2012 à 1:01
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Hollande est nourri grassement par les français depuis l'âge de 20 ans. Il n'a jamais vu la couleur ni d'une usine ni d'une entreprise. Qu'il aille au charbon une fois dans sa vie et il comprendra.

à écrit le 26/06/2012 à 0:43
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Avec la nouvelle fiscalité Hollande, le petit entrepreneur qui voudra toucher ses dividendes, sur 150 000?, il devra verser 40% de la somme au nom de l'I.S, soit 60 000?; après sur les 90 000? restants de dividendes qu'il touchera, il devra reverser ...

le 26/06/2012 à 8:01
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Bon vos chiffres sont un peu fantaisistes, vous oubliez les cotisations sociales que verse le dirigeant (35% au RSI et autres caisses si non salarié)mais il y a du vrai dans votre raisonnement. Remarquez : dans les grandes masses, c'est un peu la mê...

à écrit le 26/06/2012 à 0:34
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Ou comment rendre les entreprises françaises encore moins compétititves et attractives pour les investisseurs qu'elles ne le sont déjà ... Dans la plupart des pays du Monde l'impôt sur les sociétés se situe autour de 15 à 25%. Après si le modèle écon...

à écrit le 25/06/2012 à 23:26
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Triste de voir combien seules les grandes entreprise et les ETI sont capables de se faire entendre en France par le lobbying forcené du MEDEF et de ce Mr Gattaz. Allez-y de toute façon augmentez l'IS, déjà qu'il n'y a quasiment plus rien à prendre da...

à écrit le 25/06/2012 à 18:44
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"Après réflexion, il me semble qu'une augmentation de l'impôt sur les sociétés serait peut-être la solution la moins traumatisante pour les entreprises"ha!ha!ils ne se refont pas au medef!toujours d'accord pour fiscaliser les petites sociétés sachant...

à écrit le 25/06/2012 à 17:23
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Le pacte Dutreil favorise les fins de race. Il devrait englober les salariés de la PME car ils ont l'expérience que n'ont pas forcément les filles et fils à papa. La père crée, le fils se sert et le petit-fils détruit.

le 25/06/2012 à 19:44
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Ouai c est cela! Lénine relève toi! Il sont devenus fous! Le droit de propriété est un droit fondamental de notre démocratie et il est régulièrement remis en question par des socialo communistes qui ne comprennent rien a notre économie ! L éducation ...

à écrit le 25/06/2012 à 17:20
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OK... et comment on fait pour la hausse des prix que ça va entraîner?

à écrit le 25/06/2012 à 17:10
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L'IS est déjà très élevé. 33,3% ce n'est pas rien... Ça tue l'investissement et les TPE PME qui n'arrivent pas à constituer de fonds propres solides.

le 25/06/2012 à 22:50
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Les capiteux propres des TPE et PME sont très faibles par rapport à nos voisins allemands Un augmentation de l is serait encore une mauvaise nouvelle pour les sociétés Il faudrait plutôt harmoniser les taux en Europe et fixer une fourchette raison...

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