Paul partage son pain quotidien

La chaîne de boulangeries distribue ses produits invendus au Secours populaire et offre chaque année des fonds à Action contre la faim.

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Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit. » Selon Sandrine Huguet, la responsable de communication du groupe Holder (plus de 270 millions d'euros de chiffre d'affaires, 8.000 collaborateurs), telle est la devise de son PDG, Maxime Holder. L'entreprise, qui possède entre autres les boulangeries Paul et les salons de thé Ladurée, ne fait pas étalage de ses contributions à Action contre la faim (un total de 74.536 euros entre 2006 et 2008 pour les boulangeries Paul). Ni de son partenariat avec le Secours populaire pour distribuer du pain invendu. Pourtant, la notion de « partage » est au c?ur de sa gestion des ressources humaines. « Il nous paraît difficile de gérer efficacement une entreprise comme la nôtre si on jette du pain chaque jour, explique Sandrine Huguet. En respectant le produit, nous montrons à ceux qui le font que nous les respectons aussi. »

Si la mode est aujourd'hui à « l'entreprise citoyenne », Paul la pratique au quotidien. Au-delà des dons de pain au Secours populaire, les salariés sont appelés chaque année, depuis 2006, à vendre un produit spécifique. L'an dernier, des kits pour faire découvrir la fabrication du pain aux enfants. Cette année, ce sera un petit bonhomme en forme de saint Nicolas. Une partie de la marge réalisée est reversée à Action contre la faim (ACF) pour ses programmes à travers le monde. Les salariés sont mis en concurrence dans les boutiques. L'équipe qui aura enregistré les meilleures ventes sera distinguée. La communication interne joue à plein.

l'aventure bangladesh

Cet été, les boulangeries Paul sont allées plus loin. À l'invitation d'ACF, elles ont délégué un salarié pour aller se rendre compte sur place de l'utilisation des fonds versés à l'ONG. C'est Olivier Lemarchand, chef boulanger du magasin de la rue de Buci, à Paris, qui a eu cet honneur. Parti pour une semaine au Bangladesh, où ACF opère dans plusieurs camps de réfugiés de la minorité rohinga ? des musulmans persécutés par la junte militaire du Myanmar voisin ?, il est revenu ému par ce qu'il a vu, impressionné par le travail effectué par l'ONG, et, surtout, gonflé à bloc. « J'ai toujours cru dans le caritatif, dit-il, mais là j'ai fait le plein d'énergie avec ce séjour. »

C'était la première fois qu'Olivier se rendait dans un pays en développement. Le Bangladesh, inondé tous les ans par la mousson, est l'un des plus pauvres de la planète. Il a sillonné un bidonville de Dacca (où ACF espère travailler prochainement), sans oser, au début, utiliser sa petite caméra, par peur du voyeurisme. Et, pendant plusieurs heures, il a pataugé dans la boue des camps de réfugiés, à la frontière avec le Myanmar. Quelque 30.000 personnes au total sont là, coincées depuis quinze ans pour certaines, dans un cloaque insalubre, avec pour seul toit parfois une bâche en plastique, en cette période de pluies diluviennes. Il a observé la préparation des rations hautement protéinées fournies par l'ONG aux nourrissons et aux jeunes mamans. Il a même « mis la main à la pâte » en donnant à manger aux enfants. Olivier Lemarchand a vu exactement à quoi servait l'argent des kits de petits boulangers vendus dans la boutique du quartier chic ? le VIe arrondissement parisien ? où il travaille.

« Pour nous aussi, c'était important, souligne Gwendoline Khoudi, responsable des partenariats entreprises et institutionnels pour Action contre la faim. Nos donateurs doivent se rendre compte par eux-mêmes de notre action. » Les équipes de Paul écouteront bientôt le témoignage d'Olivier. Il montrera le petit film qu'il a réalisé pour doper l'engagement des salariés afin qu'ils contribuent encore davantage aux opérations d'ACF. Déjà, tous veulent savoir comment s'est passé le voyage. Le chef boulanger de la rue de Buci est devenu le héraut de leur geste de partage avec les damnés de la terre boueuse du Bangladesh. n

Commentaires 3
à écrit le 11/12/2009 à 10:00
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mac Adam vous avez tous fait raison, vos propos sont correcte!et veridique!

à écrit le 11/12/2009 à 9:58
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bonjour, j'ai une question assez contradictoire à vous poser:"pourquoi Paul jette le pain cette année???

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Belle publicité que la tribune fait à ce patron; quand on sait que leur employé sont virés quand ils récupèrent le pain dans les poubelle des magasins. Où va ce monde!

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