Jusqu'où diversifier les rémunérations ?

Dans certaines entreprises, les salariés peuvent piocher à leur guise dans des paniers pour composer leur rémunération. D'autres refusent ces choix. Les juges commencent à se pencher sur le dossier.

L'individualisation des rémunérations répond à une réalité : l'individualisation des potentiels et la nécessité d'attirer et retenir les talents », souligne Eudes d'Orléans, de Sanef (Société des autoroutes du nord et de l'est de la France). Une question essentielle a, en effet, agité la première journée de l'Université Adding : la diversité dans la rémunération. C'est l'apport des « flexibal benefits », ces paniers de rémunérations, inventés par les spécialistes anglo-saxons, dans lesquels va piocher chaque salarié pour composer son package, avec une part plus ou moins importante de salaire, de bonus, de voiture de fonction, de conciergerie ou de retraite d'entreprise. Même si cette innovation sociale n'est pas encore répandue en France, l'individualisation des rémunérations et surtout des avantages sociaux est déjà bien engagée.

Certaines entreprises plaident farouchement pour cette solution. C'est notamment le cas de Maude Gautier-Jarjaval, de Kellog's France. L'entreprise a mis en place un programme de rémunérations différenciées dit « Corn'flex ». Chez Nestlé, des critères fixés au niveau monde permettent de suivre les évolutions différenciées des rémunérations des femmes, des seniors et des handicapés. En revanche, d'autres entreprises refusent cette flexibilité généralisée. C'est notamment le cas de la Société Généralecute; Générale et de Solvay. Les deux groupes ont fermé leurs plans flexibles. Pas de sens, pour le chimiste belge. Déficit de régimes de retraites trop individualisés, pour la banque française.

 

Freins juridiques

Ce débat, en tout cas, devra tenir compte de la jurisprudence sociale. Si la loi prévoit des régimes de retraite ou de prévoyance catégoriels, souligne Marc Garnier, d'Aprionis, groupe de protection sociale complémentaire, en revanche, les juges ont considéré que la seule différence de catégorie socioprofessionnelle ne saurait justifier l'attribution d'un avantage. En d'autres termes, la justice pose le principe : « À travail égal, protection complémentaire égale. » Ce serait donc la fin d'une certaine diversité.

La fin des grilles spécial jeunes ?

Est-ce la fin des traditionnelles grilles de salaires d'embauche définies en fonction de l'école qui a délivré le diplôme ? « C'est la question qui se pose depuis un récent arrêt de la Cour de cassation qui sanctionne une entreprise accordant un salaire différent à deux jeunes diplômés titulaires d'un master 2 de même spécialité, mais délivré par deux universités différentes », explique Frédéric Cadic, d'Accenture. Certaines entreprises contournent la difficulté en donnant des salaires identiques à l'embauche, puis en faisant évoluer différemment selon le diplôme. Une manière de continuer à attirer les talents.

 

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