Les États-Unis veulent maintenant développer les éoliennes en mer flottantes

Par latribune.fr  |   |  809  mots
La course à l'éolien en mer est déjà bien lancée. (Crédits : Reuters)
Afin d'augmenter la production d'énergies propres dans le pays, l'administration Biden, qui s'est déjà engagée à donner un nouvel élan aux éoliennes en mer, veut désormais aussi mettre l'accent sur les éoliennes flottantes. En Europe, les pays qui cherchent des alternatives au gaz russe, multiplient aussi les projets de développement de l'éolien offshore.

Longtemps à la traîne des Européens en matière d'énergie éolienne en mer, les États-Unis veulent cette fois-ci prendre de l'avance. L'administration Biden, qui entend accélérer son programme d'énergie verte au niveau national, s'est fixé un nouvel objectif : déployer suffisamment d'éoliennes en mer flottantes pour produire 15 gigawatts en 2035, de quoi alimenter 5 millions de foyers en électricité. Un objectif qui s'ajoute à celui décidé l'an dernier par le gouvernement américain de générer 30 gigawatts d'électricité au moyen de l'énergie éolienne offshore d'ici à 2030.

Implanter des parcs éoliens en eaux profondes, réduire les coûts de 70%

« Aujourd'hui, nous lançons des efforts pour saisir une nouvelle opportunité, l'éolien en mer flottant, qui nous permettra de construire dans des zones en eaux profondes où les turbines ne peuvent pas être fixées directement au fond marin, mais où il y a des vents forts que nous pouvons exploiter », a expliqué jeudi la conseillère de la Maison-Blanche sur le climat, Gina McCarthy, lors d'un briefing avec des journalistes.

L'administration pense notamment à des projets au large des côtes de la Californie et de l'Oregon, à l'ouest, et du Maine, à l'est. Elle estime que deux tiers du potentiel des énergies éoliennes en mer aux Etats-Unis reposent sur les eaux profondes.

Le gouvernement américain voudrait aussi faire baisser le coût de production de ces éoliennes flottantes de 70% d'ici à 2035. L'administration entend consacrer près de 50 millions de dollars à des projets de recherche et développement.

Ces projets, assure la ministre de l'Énergie, Jennifer Granholm, seront menés de façon à s'assurer que les éoliennes flottantes « puissent coexister avec la faune et la flore sauvage, et avec les pêcheurs ».

Le ministère de l'Intérieur prévoit pour sa part de débuter le processus d'attributions de concessions en eaux profondes avec une première mise aux enchères pour une zone au large de la Californie à la fin de l'année.

Réduire les émissions de CO2 des États-Unis de 40% d'ici à 2030

Joe Biden, qui a fait de la lutte contre le changement climatique l'une de ses priorités, s'est fixé comme ambition de réduire les émissions de CO2 des États-Unis de 40% d'ici à 2030 par rapport à 2005. Cela passe notamment par le déploiement des énergies renouvelables. Une enveloppe globale de 370 milliards de dollars est allouée à de tels investissements dans ce domaine jugé « historique » par le président.

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Pour s'assurer le soutien des ménages américains, peu concernés par la crise climatique quand l'inflation atteint des records, le gouvernement a décidé de les toucher directement au portefeuille : une partie de ces fonds servira ainsi à financer des crédits d'impôts pour les producteurs et les consommateurs d'énergie éolienne, solaire et nucléaire. Il s'agit donc de mettre en place des incitations financières destinées à faire évoluer l'économie américaine vers des sources d'énergie non-fossiles plutôt qu'une politique de sanctions contre les pollueurs.

Si l'éolien se taille une place de choix dans le mix électrique américain, il n'est pas encore près d'éclipser les combustibles fossiles, encore largement majoritaires. La production d'électricité à partir de gaz fossile, qui est principalement obtenu par fracturation hydraulique outre-Atlantique, reste la principale source d'énergie pour produire de d'électricité.

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ZOOM

Privée de gaz russe, l'Europe mise sur l'éolien offshore

Les pays européens, qui cherchent à tout prix des alternatives au gaz russe, multiplient les projets de développement d'énergies éoliennes. Huit pays de l'Union européenne riverains de la mer Baltique (Danemark, Allemagne, Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie, Finlande et Suède) sont convenus de multiplier par sept la capacité de production d'énergie éolienne en mer d'ici à 2030. La Baltique compte actuellement 2,8 gigawatts (GW) de capacité éolienne offshore, dont la quasi-totalité dans les eaux danoises et allemandes.

Quant à la France, qui accuse un grand retard dans ce domaine sur les pays d'Europe du Nord où des parcs entiers fonctionnent déjà, produit enfin de l'électricité éolienne offshore. Douze ans après les premiers appels d'offres, depuis le mois de juin, de l'électricité d'origine éolienne a été produite au large des côtes françaises près de Saint-Nazaire. D'autres sites éoliens offshore français doivent encore voir le jour dans la Manche et l'Atlantique dès 2023, et à terme en mer Méditerranée, alors que le développement de l'éolien terrestre marque le pas.

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(avec AFP)