Made In France : comment et pourquoi RED Electric rapatrie la production de ses maxi-scooters dans la Sarthe

Cinq ans après sa création, le constructeur français de scooters électriques, RED Electric relocalise son activité dans la Sarthe. Au terme de la consultation d’une quinzaine d’acteurs français, c’est finalement l’équipementier Chastagner, spécialisé dans l’automobile, l’aéronautique, la défense et luxe, qui prend en charge l’assemblage des maxi-scooters connectées, qui font leur entrée à la FNAC et chez Darty.
A travers ses trois versions de maxi scooter électrique et connecté de la gamme Model E (E50, E100, E125), le constructeur français Red Electric assure une autonomie record de 200 à 300 kilomètres, grâce à 1,2,3 ou 4 batteries embarquées, fabriquées en France.
A travers ses trois versions de maxi scooter électrique et connecté de la gamme Model E (E50, E100, E125), le constructeur français Red Electric assure une autonomie record de 200 à 300 kilomètres, grâce à 1,2,3 ou 4 batteries embarquées, fabriquées en France. (Crédits : red electric)

La question ne se posait pas en 2015. «Depuis, beaucoup de choses ont bougé. Les technologies de l'électrique sont devenues plus matures. Un mouvement sociétal s'est créé. De nouveaux intervenants sont arrivés. Une compétitivité s'est créée en France. Les distributeurs eux-mêmes, comme la Fnac et Darty, se sont engagés vers la mobilité légère électrique pour compenser certaines activités. A notre grande surprise, les études et plans industriels élaborés ont montré que le coût de revient d'un scooter produit en France est inférieur ou égal à ce que l'on observe en Asie », témoigne le spécialiste de la mobilité électrique, Bertrand de la Tour d'Auvergne, directeur général délégué de la société Red Electric, créée en 2015, à Nancy. L'explosion des coûts de transport maritime passés de 1.000 à 7.500 dollars au gré de la pandémie ont fini de convaincre le jeune startuper Valentin Dillenschneider, président et cofondateur de Red Electric de changer son fusil d'épaule et de participer à la réindustrialisation du territoire français. A l'issue d'une consultation d'une quinzaine d'acteurs hexagonaux, Red Electric a finalement choisi la société sarthoise Chastagner pour le "sourcing" (achat auprès des fournisseurs) et l'assemblage de ses maxi scooters de la gamme model E.

La démonstration d'un modèle viable

Equipementier pour les domaines de l'automobile, de l'aéronautique, de la défense et du luxe depuis soixante-treize ans, Chastagner a su convaincre de la pertinence d'un modèle économique viable pour les deux parties. Spécialisée dans l'ingénierie de produits, la gestion petites séries (assemblage) et de la "supply chain" (chaîne des fournisseurs) en France (70%) et en Asie (30%) et la sous-traitance industrielle, l'entreprise (150 personnes), habituée à manier les process industriels et les relations avec les grands comptes, s'est depuis cinq ans diversifiée en développant une stratégie additionnelle et complémentaire vers les marchés du luxe et de la petite mobilité. « Tout ce qui se fait entre le vélo et la voiture », résume Christophe Camaret, président de Chastagner. A travers le luxe et la mobilité, la gestion des petites séries (jusqu'à 10.000 pièces) représentera 50% de son chiffre d'affaires en 2022 (20 millions d'euros, contre 17 millions en 2021). Dont la moitié sera assurée par Red Electrique.

« Notre offre, c'est de proposer un assemblage complet, du 'sourcing' à la 'supply chain', avec des approvisionnements essentiellement français, voire européens ou asiatiques quand les filières n'existent pas en France. Et de plus en plus de clients nous approchent pour des lancements de produits », constate Christophe Camaret. Installée sur 3000 m² à la Ferté Bernard et au Mans, Chastagner achèvera une extension de 4000 m² au troisième trimestre 2022 pour accompagner sa croissance.  « C'est à la fois une démarche militante mais aussi la démonstration que les choses sont possibles et que le monde d'après existe réellement !», dit-il. Red Electric sera véritablement le premier client à localiser sa production en France. Proche de Paris, implanté dans une région industrielle où le savoir-faire dans l'automobile est réputé, et disposant d'une capacité de production pour accueillir des séries de 10.000 pièces et d'un savoir-faire dans les assemblages complexes, Chastagner a coché toutes les cases.

De une à quatre batteries embarquées

Entré dans l'univers des scooters électriques avec la conception du modèle Pro 50 visant, principalement, l'exigeant marché de la livraison du dernier kilomètre de la Foodtech et du Quick Commerce, Red Electric est depuis deux ans venu sur le secteur du BtoC, avec le maxi scooter électrique et connecté de la gamme Model E (E50, E100, E125). Des engins robustes, d'une puissance de 4.000 (45km/h), 6000 (80km/h) ou 11000 watts (120 km/h), équipés d'une solution logicielle  « maison » (GPS, maintenance prédictive, 4G...) et d'un système de gestion intelligent des batteries (BMS).  Ils offrent une autonomie de 300 à 200 kilomètres, grâce à l'utilisation simultanée de une, deux, trois ou quatre batteries. « Une grande partie du coût d'un scooter repose sur la batterie. Ici, selon les besoins de l'utilisateur, il peut acheter 1, 2, 3 ou 4 batteries pour gagner à chaque fois 65 km d'autonomie », explique Bertrand de la Tour d'Auvergne.  Un surpoids qui abaisse le centre de gravité, mais qui, selon le constructeur, n'affecterait pas la vélocité des deux roues.  « C'est le véhicule léger le plus proche de la voiture », ajoute le directeur de général délégué de Red Electric qui entend s'imposer sur un marché où « le législateur flingue le scooter thermique, ou des centres-villes leur interdisent l'accès ou des collectivités mettent en places des solutions payantes coûteuses et rédhibitoires... », observe-t-il.

red electric 2 distribution

Après les trottinettes et les VAE, la FNAC et DARTY s'ouvrent à la distribution de maxi scooters de RED Electric en magasin.

Du « Made in Sarthe » pour le printemps

IInnovant dans sa conception et dans la production, Red Electric le sera également dans la distribution. En plus des réseaux de concessionnaires classiques, les Model E de Red Electrique seront distribués dans les réseaux de magasins français de la FNAC et de Darty, engagés dans la mobilité électrique (trottinettes, vélos...) depuis deux ans. Des discussions ont lieu pour aller en Belgique, en Espagne, au Portugal... où ces enseignes disposent de points de vente. Du coup, les ventes On line du constructeur ont été mises en sommeil pendant le lancement de cette nouvelle offre. L'entreprise, qui a levé 15 millions d'euros en 2020 et 2021 auprès d'industriels et en family office,  a réalisé un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros en 2021 et indique avoir sécurisé un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros pour 2022.  « 2021 a été extrêmement compliquée et nous a empêché de sortir les model E en temps et en heure », reconnaît Bertrand de la Tour D'auvergne, qui ne délaisse pas pour autant le BtoB. « Avec ces maxiscooters, nous discutons avec des opérateurs du freefloating, des loueurs, la Police, des collectivités territoriales et des grandes entreprises... qui ont, pour ces dernières, pour obligations de proposer à leurs salariés des solutions décarbonées autre que le VAE (Vélo à Assistance Electrique) ». Les premières livraisons des Models E, en stock, sont prévues au cours des prochaines semaines. Les premières machines « Made in Sarthe », elles, devraient être disponibles entre avril et juillet prochain.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 19/01/2022 à 21:17
Signaler
@matins calmes et Toto : si je comprends bien, c'est grâce au fabless et à la division internationale du travail que le pays s'appauvrit un peu plus tous les jours. Très logique, mais destructeur, finalement : vous pourriez vous en apercevoir aussi....

à écrit le 19/01/2022 à 9:10
Signaler
Si je comprends bien (mais je suis un peu c..., c'est vrai), après les commerçants bidons qui achètent tout en Chine et font donc des marges merveilleuses (et tant pis si on ne fabrique plus rien en France), arrivent les industriels bidons. Qui n'as...

le 19/01/2022 à 9:28
Signaler
Pour info et les non comprenants, helas fort nombreux, le "sourcing" est toujours base en Asie. Le montage sera francais. Reste a savoir quelle en sera la qualite ? Idem pour les velos made in France avec les equipements Shimano, made in Japan, et j...

le 19/01/2022 à 9:42
Signaler
@Asimon: cela s'appelle un business model "fabless". La société qui design ne fabrique pas (n'assemble pas), elle sous-traite. C'est aujourd'hui le modèle majoritaire dans la high tech dont le semi-conducteur. Il faut dire qu'à plus de $20 Milliards ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.