Les chantiers navals chinois se modernisent pour contrer les leaders coréens

Le groupe Yangzijiang vient de signer une commande historique portant sur 2,5 milliards de dollars. Les navires chinois sont de plus en plus sophistiqués.
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Une étape historique vient d'être franchie dans l'histoire des chantiers navals chinois. Pour la première fois, un constructeur de l'ex-empire du Milieu, Yangzijiang Shipbuilding, vient de remporter un contrat hors de Chine continentale pour fabriquer des navires pouvant transporter jusqu'à 10.000 conteneurs. L'accord signé avec l'armateur hongkongais Seaspan porte sur une commande sept navires et une option l'autorisant à acquérir 18 porte-conteneurs supplémentaires. Ce contrat pourrait rapporter jusqu'à 2,5 milliards de dollars à Yangzijiang.

Cette annonce a été saluée sur les Bourses de Singapour et Taiwan sur lesquelles est coté le troisième armateur privé chinois. « Le fait d'avoir scellé cet accord nous renforce dans notre conviction que Yangzijiang finira par devenir le leader du secteur en construisant des navires plus volumineux », s'est félicité Jon Windham, chez Barclays Capital, dans une note adressée à ses clients. Alors que les sept premiers navires doivent être livrés à Seaspan en 2014 et 2015, cet accord pourrait constituer un véritable « tournant dans la construction de porte-conteneurs en Chine au cours des cinq prochaines années », assure l'analyste.

Les opérateurs de marché estiment que l'essor de groupes chinois comme Yangzijiang constitue une véritable menace pour les constructeurs sud-coréens tels Hyundai Heavy Industries et Samsung Heavy Industries qui dominent le secteur au niveau mondial.

Depuis quelques années, les coréens se font tailler des croupières par leurs concurrents chinois qui leur livrent une impitoyable guerre des prix. Jusqu'à récemment, les grands fabricants chinois (Rongsheng qui a levé 1,8 milliard de dollars l'an dernier sur la Bourse de Hong Kong, Yangzijiang, Cosco Corp...) étaient pour l'essentiel spécialisés dans la construction et l'équipement de vraquiers, soit des navires transportant des marchandises solides en vrac, segment actuellement en surcapacités. Or ces industriels investissent pour se diversifier dans la fabrication de bateaux à plus haute valeur ajoutée comme les transporteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) ou de véhicules automobiles.

Soutien de Pékin

À l'instar de leurs concurrents étrangers, les constructeurs chinois subissent la phénoménale hausse du prix des matières premières qui pèse sur leurs marges. Mais ils bénéficient aussi du ferme soutien de leur gouvernement. En 2009, un plan triennal a été lancé pour leur permettre de traverser la crise. Les banques du pays ont alors été incitées à leur ouvrir des lignes de crédit et à leur permettre de proposer des conditions de financement intéressants à leurs clients étrangers. Pékin entend ainsi aider le secteur à profiter du boom des échanges commerciaux, notamment dans la région Asie-Pacifique. Deuxième objectif : soutenir l'emploi et d'autres secteurs d'activité sur le continent, notamment la sidérurgie.

Pékin pousse aussi à la consolidation parmi les quelques 3.000 fabricants chinois de tailles diverses. Yangzijiang a pris part à ce mouvement en réalisant plusieurs acquisitions dont celle de son compatriote Jiangsu Zhongzhou Marine Equipment à la fin 2010.

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