P1, le très sélect réseau social chinois des « beautiful people » et des « ultrariches »

Ce réseau sur cooptation se rémunère grâce aux publicités de luxe et à sa plate-forme commerciale.
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Le grand Timonier doit se retourner dans son mausolée. Ouvertement élitiste, dédié au luxe et à la mode, relais et sponsor des soirées les plus folles de la jeunesse pékinoise et shanghaïenne, le réseau social P1 (prononcer «pi-ouane»), lancé en 2008 par deux Chinois ayant vécu en Suède, est résolu à devenir un acteur clé du e-commerce. « P1 est un club privé où l'on n'entre que par cooptation, c'est le leader chinois sur le segment des personnes influentes », explique avec fierté Sophia Pan, cofondatrice du réseau qui revendique déjà 1 million de membres.

Dans un pays où les informations personnelles des internautes sont peu protégées, P1 connecte les « beautiful people » et riches Chinois dans une cible d'âge limitée aux 20-40 ans avec pour but affiché de monétiser cette précieuse base de données partagée avec les entreprises du luxe. Le réseau cogère aussi des pages dédiées à ces marques (Chanel, Hennessy...), lui rapportant des recettes publicitaires. Troisième atout : la plate-forme d'e-commerce P1 Mall. Elle accueille les magasins en ligne des marques de luxe et d'autres opérateurs de sites marchands tournés vers son public de prédilection.

« Pour adhérer à P1, il faut gagner au minimum 8.000 yuans (800 euros) par mois, c'est la catégorie des ?membres normaux?, viennent ensuite les ?silver?, les ?gold members? et nous nous adressons enfin aux ?ultrariches?, qui représentent 1 % de la population chinoise », se félicite Sophia Pan. En fonction de leur rang, les membres de P1 bénéficient d'un traitement privilégié de la part du réseau et de ses marques partenaires dont des invitations à des soirées de lancement de produits (voitures de luxe, téléviseurs hors de prix...) ou à des ventes « flash », limitées dans le temps et très sélectes.

« Notre cible est en croissance exponentielle. Voilà quatre ans, le marché du luxe ne concernait que 4 millions de clients en Chine, contre environ 90 millions de personnes actuellement et 160 millions attendus à l'horizon 2016 », estime la patronne de cette start-up, qui a déjà fait ses preuves. En 2010, son chiffre d'affaires s'est élevé à 450.000 euros et ses objectifs de revenus s'inscrivent respectivement à 2 et 7 millions d'euros pour 2011 et 2012.

Développement en Asie

Compte tenu du succès de sa société, Sophia Pan n'écarte pas d'introduire P1 en Bourse d'ici à quelques années et d'implanter le réseau dans d'autres pays asiatiques dont Singapour. Mais d'ici là, un autre projet lui tient à coeur qui sera lancé à la rentrée : référencer 600.000 photos de ses membres afin que les vêtements portés sur ces clichés puissent être achetés sur la plate-forme P1 Mall qui se rémunère grâce aux commissions des vendeurs et ne gère ni les paiements, ni la logistique. Un modèle ressemblant à s'y méprendre à celui du site marchand britannique Asos (« as seen on screen ») dont Sophia Pan assure n'avoir jamais entendu parler malgré sa renommée et un récent voyage professionnel à Londres.

 

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