Economie circulaire : de multiples pistes pour une industrie plus efficace

En dehors du captage de CO2 encore trop onéreux, les sites industriels peuvent améliorer leur efficacité, recourir à des énergies alternatives ou adopter l'économie circulaire.
Suez Environnement vient de mettre en service une usine produisant de la « vapeur verte » à partir de déchets de bois. Elle alimente 15 industriels de la plate-forme chimique de Roussillon (Isère).

Régulièrement pointée du doigt pour ses répercussions sur le milieu naturel, l'industrie est responsable de quelque 36 % des émissions mondiales de CO2. En France c'est un peu moins de 18 %, et c'est le secteur où elles ont le plus diminué ces dernières années : -38 % à l'échelle européenne depuis 1990.

Cette forte baisse est largement imputable à la crise économique et au ralentissement concomitant de l'activité industrielle. Pour autant, les industries les plus émettrices (ciment, verre, acier, papier, chimie...) ont amélioré dans l'ensemble l'efficacité de leurs modes de production, tout comme le secteur du traitement des déchets, fortement émetteur de méthane, dont le pouvoir de réchauffement global est 24 fois plus fort que celui du CO2. Nettement plus discrets que ceux qui concernent les bâtiments, les progrès en matière d'efficacité énergétique accomplis sur la multitude de moteurs nichés au coeur de toutes les usines n'en constituent pas moins de considérables gisements d'économies.

Le recours à la cogénération mais aussi à des combustibles alternatifs (pneumatiques usagés, déchets solides broyés, boues, solvants, huiles usagées...), que pratiquent les cimentiers comme Lafarge pour certaines de leurs installations, contribue également à abaisser leurs émissions, du moins celles directement liées à leur consommation d'énergie fossile. Les principes de l'économie circulaire, qu'il s'agisse de récupérer de la chaleur fatale pour des établissements proches ou d'instaurer des boucles entre industriels afin de limiter les déperditions de matière, d'énergie et de valeur, concourent également à une meilleure efficacité énergétique globale, même si les modèles économiques sont parfois complexes à définir.

Les captages et stockages de CO2 revus et corrigé

Suez Environnement vient ainsi de mettre en service une usine produisant de la « vapeur verte » à partir de déchets de bois, qui alimente 15 industriels de la plate-forme chimique de Roussillon (Isère).

En revanche, certaines technologies plus spectaculaires dans lesquelles les industriels avaient placé beaucoup d'espoir semblent aujourd'hui un peu en panne. C'est le cas du captage et stockage de CO2 (CSC). Plusieurs techniques permettent de récupérer le CO2 à la source (en général, un site industriel), avant de le transporter puis de le stocker sous terre, dans des gisements de gaz ou de pétrole épuisés, ou des aquifères marins. Mais, en dehors du transport vers des sites offrant toutes les garanties de sécurité, le coût du captage pose aujourd'hui problème.

En effet, le cours actuel de la tonne de CO2, auquel les industriels européens devraient s'approvisionner s'ils dépassaient leurs quotas, reste très inférieur (entre 5 et 7 €) au coût de l'opération (60 € en moyenne, dont 85 % pour le captage).

Plusieurs projets ont d'ailleurs été abandonnés ces dernières années, notamment en Europe, dont l'emblématique Ulcos piloté par ArcelorMittal à Florange. Mais de nouveaux projets voient aussi le jour, comme celui de SaskPower couplé à une centrale à charbon dans le Dakota du Nord près de la frontière canadienne. L'agence internationale de l'énergie continue d'ailleurs de miser sur cette technique pour 14 % des efforts de réduction d'émissions nécessaires à l'horizon 2050, et le CSC reste l'une des technologies à bas carbone susceptible d'être financée par le programme européen NER 400.

Dans le même temps, les débouchés se multiplient pour valoriser une (petite) partie du CO2 produit. Dommage de continuer, comme en Arabie Saoudite, à brûler du fioul pour fabriquer du Coca-Cola ! La jeune entreprise innovante EReIE ne recense pas moins de 35 autres applications, de l'adoucissement d'eau à la fabrication d'aspirine en passant par la glace carbonique utilisée dans l'aviation et, surtout, les micro-algues. La société Algosource propose ainsi des systèmes intégrant la culture d'algues à des stations de méthanisation ou à des cimenteries, tandis que CO2 Nouvelle Énergie développe une alternative au CSC classique, en injectant le CO2 capté puis dissous dans de la saumure à proximité directe de la source pour produire de l'énergie géothermique.

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