Total, futur numéro un français de la production de modules solaires ?

Cette fois, c'est fait : le pétrolier renonce officiellement à produire des wafers de silicium avec GDF-Suez pour se concentrer, seul, sur une activité de fabrication et d'assemblage de modules photovoltaïques. Un site industriel d'une capacité de 50 MW va prendre forme sur le Composite Park de Porcelette, tout près de Carling (Moselle), un complexe technologique inauguré hier par la Communauté de communes du Pays Naborien.
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A l'origine, en mars 2009, Total prévoyait une usine de plaquettes de silicium (ou wafers), en partenariat avec l'électricien GDF-Suez. Le premier est actif de manière croissante sur le photovoltaïque, avec un dynamisme sur plusieurs maillons de la filière, et le deuxième est plutôt offensif sur l'aval. Le plan avait une cohérence industrielle : les deux entreprises sont déjà alliées dans le belge Photovoltech, un industriel qui transforme des wafers en cellules solaires.
Mais les choses ont changé et Total a revu sa stratégie. Une évolution déjà palpable en septembre dernier, qui est aujourd'hui officielle. A moyen terme, le groupe pourrait devenir un producteur de panneaux solaires incontournable en France.

10 millions d'investissement
L'investissement total est de 10 millions d'euros, entièrement réalisé par Total, et le site sera détenu à 100% par le groupe. Le démarrage des travaux de construction est prévu début 2011, pour une mise en service de la première ligne de 25 MW à la fin de l'année. La deuxième ligne sera mise en service au deuxième semestre 2012. Total devrait créer 80 emplois directs, à terme.
Le français a réévalué ses plans à la lueur de l'évolution de l'industrie mondiale du photovoltaïque. Le marché voit actuellement une montée en puissance de l'Asie sur l'amont de la filière, parallèlement à une chute brutale des prix des plaquettes de silicium (entre 40 et 60% en 2009). Une situation complexe qui joue contre la compétitivité d'une production de wafers sur le territoire français.

Photovoltech, un acteur toujours central dans la stratégie
Total avait initialement l'ambition d'intégrer tous les maillons de la chaîne photovoltaïque. Il dispose d'un approvisionnement en silicium, suite à son investissement dans le producteur de silicium américain AE Polysilicon (AEP). Il co-produit avec GDF-Suez des cellules avec Photovoltech. Il fabrique, installe et exploite des panneaux avec Tenesol. Il ne lui manquait plus qu'une usine de plaquettes de silicium, alimentée par du silicium d'AEP par exemple, afin d'approvisionner les chaînes de production de Photovoltech.
Cette stratégie était presque trop parfaite pour se réaliser. Néanmoins, la future usine de modules, même développée sans GDF-Suez, devrait logiquement nouer des liens avec Photovoltech, pour s'approvisionner en cellules en silicium cristallin. Total écoulera ensuite sa production de panneaux sur le marché français, au Benelux et en Allemagne.

Prochaine étape : régler l'affaire Tenesol ?
Total recule sur le marché des wafers, mais se positionne avec sa future usine de modules sur un maillon de la filière photovoltaïque où évolue déjà Tenesol, sa co-entreprise avec EDF Energies Nouvelles Réparties (joint-venture entre EDF et EDF Energies Nouvelles). Une situation qui pourrait créer des doublons industriels dans les prochaines années, voire des oppositions stratégiques sur le marché solaire français.
Or Total serait fortement motivé pour monter à 100% du capital de Tenesol, selon Les Echos. Une recomposition capitalistique délicate qui nécessiterait d'arriver à un accord à trois, entre Total, EDF et Pâris Mouratoglou, à la tête d'EDF EN. Total voudrait trouver un terrain d'entente d'ici à la fin de l'année, expliquait le quotidien économique en septembre dernier.
En cas de succès, Total prendrait un poids important sur le marché solaire. Avec l'accroissement de ses capacités de production, Tenesol va en effet disposer d'une force de frappe de 85 MW avec son site de Toulouse. Si demain, Total en devient l'unique propriétaire, il disposera en tout de 135 MW de capacités de production en France, en incluant sa future usine de Moselle. Une situation qui le placerait parmi les plus gros producteurs de l'Hexagone, si ce n'est le plus gros, devant Photowatt et Fonroche.

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