Les chimistes espèrent redorer leur image en 2011

Les industriels comptent sur l'Année internationale de la chimie pour promouvoir leurs produits « durables ».
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Opération séduction pour les chimistes. Les industriels hexagonaux comptent profiter de l'Année Internationale de la Chimie, lancée en 2011 sous l'égide de l'Unesco, pour améliorer leur image auprès du grand public. Les précédentes éditions - la dernière date de 1999 - étaient davantage axées sur la science que sur l'industrie. « Cet événement va être un vecteur de communication pendant toute l'année », confirme Thierry Le Hénaff, PDG d'Arkema, le plus gros chimiste français. Les budgets engagés restent modestes : l'Union des industries chimiques (UIC), syndicat patronal du secteur, y consacre 800.000 euros. L'essentiel des actions prévues consiste à organiser des journées portes ouvertes et des interventions auprès des écoles. « L'objectif est de montrer nos métiers sous un jour différent », résume Jean-Pierre Clamadieu, PDG de Rhodia. La mauvaise réputation du secteur se nourrit de drames comme l'explosion de l'usine AZF de Toulouse en 2001. « Le déficit d'image de la chimie est lié d'une part au fait que nous traitons des produits et des procédés dangereux, d'autre part au côté ?invisible? de l'industrie », analyse Jean-Pierre Clamadieu. « Nos clients de l'automobile ou de l'aéronautique nous demandent de ne pas communiquer directement sur le fait que tel matériau ou telle pièce sont issus de notre industrie », confirme Jean Pelin, directeur général de l'UIC.

La France reste pourtant le deuxième producteur européen derrière l'Allemagne, avec 178.000 salariés en 2009 et des perspectives encourageantes. « Nous attendons une bonne année 2011, tirée à la fois par la demande intérieure et l'exportation, même si la hausse des volumes est inférieure à 2010 : 3 %, contre 10,3 % l'an dernier », détaille Jean Pelin.

Bataille de l'opinion

Pour redorer son blason, le secteur compte sur un argument de poids. « Le message que nous allons passer en boucle est : la chimie est incontournable pour toutes les solutions liées au développement durable », martèle Thierry Le Hénaff. Photovoltaïque, énergie solaire, traitement des eaux, recyclage... seront à l'honneur. Sans oublier la fameuse chimie verte, ces produits issus de matières premières renouvelables mais pour laquelle la France accuse un retard certain (lire encadré). Les utilisations liées à des marchés « durables » sont, elles, beaucoup plus nombreuses... et hétéroclites. Rhodia assure qu'« un tiers de [son] chiffre d'affaires est issu de produits répondant aux exigences du développement durable ». De son côté, Arkema parle de 10 % à 15 % des ventes issues de la chimie verte et « vise 400 millions de ventes liées au développement durable d'ici à cinq ans ». Reste que la bataille de l'opinion n'est pas gagnée. « Notre image commence à changer, mais cela prend du temps », admet Thierry Le Hénaff. Le tout pour un résultat par définition incertain. « Dans notre industrie, le moindre incident peut entacher toute l'image du secteur », souligne Jean-Pierre Clamadieu.

La France peut rattraper son retard dans la chimie verte

La chimie verte (qui n'est pas systématiquement végétale mais favorise le recours à des matières renouvelables) n'a rien de bien nouveau. Ses principes, développés dans les années 1990 par l'agence américaine de l'environnement (EPA), visent à réduire ou éliminer l'utilisation ou la génération de substances dangereuses dans les procédés chimiques. Pourtant, elle apparaît aujourd'hui comme l'un des relais de croissance de la chimie française. Mais le numéro deux européen du secteur, loin derrière l'Allemagne où se trouvent les leaders mondiaux, accuse un certain retard. En dehors d'acteurs de l'amont, comme le numéro un mondial de l'amidon Roquette et de quelques start-up, la France manque de PME innovantes dans la production d'enzymes et de procédés de fermentation. «L'Hexagone possède d'importantes ressources céréalières, mais les filières agricoles et les chimistes français ne travaillent pas encore assez ensemble», observe Pierre Gadrat, responsable de la chimie chez Alcimed. De 20 % à 30 % dans les tensioactifs - qui permettent de lier des éléments gras et de l'eau -, la part de marché de la chimie verte tombe à 2 % à 3 % pour les polymères, notamment utilisés dans l'emballage agroalimentaire.

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