Faber-Castell cultive au Brésil le bois dont sont faits ses crayons

Le spécialiste allemand des produits d'écriture gère 10.000 hectares de forêt dans l'Etat de Minas Gerais au Brésil, qui fournissent en bois "durable" 86% de ses besoins.
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Lorsque Kaspar Faber a lancé son entreprise de crayons de papier à Stein, à côté de Nüremberg (Allemagne), il n'en fabriquait que cinq par jour. C'était en 1761. Deux cent cinquante ans plus tard, la production quotidienne a été multipliée par un million et un peu plus de deux milliards de crayons par an sortent des lignes de production de Faber-Castell, dont les trois-quarts au Brésil.

Le groupe s'est implanté dans ce pays en 1967, en devenant actionnaire majoritaire d'une fabrique de crayons de couleurs. Il faut cependant attendre l'arrivée d'un représentant de la huitième génération d'entrepreneurs pour qu'apparaisse l'idée d'une intégration verticale. L'homme providentiel s'appelle Anton, Graf (Comte, en français) von Faber-Castell. Au début des années quatre-vingt, il vient d'abandonner une carrière dans la banque d'affaires pour reprendre l'entreprise familiale. Il cherche à asseoir son développement sur le long terme. Dans l'industrie des crayons, l'approvisionnement en bois est essentiel. Il doit être à la fois solide et suffisamment tendre pour pouvoir être taillé : non seulement pour la production des plaquettes de bois qui seront travaillées pour faire les crayons, mais aussi pour l'utilisation courante par le propriétaire du crayon.

« Dans les années quatre-vingt, le rachat d'un de mes concurrents allemands par Gillette m'a mis la puce à l'oreille », explique Anton von Faber-Castell. Gillette commercialise un crayon fabriqué en bois de Cachetta (didymopanax morototoní), une essence à croissance rapide, renouvelable. Cependant, à l'époque, les groupes environnementaux s'opposent à sa récolte intensive qui risquerait d'endommager l'habitat naturel de certains marais du Panama.

Peintures à base d'eau

Faber-Castell essaye le gmelina (gmelina arborea), une autre essence à croissance rapide du Costa-Rica mais qui ne donne pas totalement satisfaction.

« Parfois, le gmelina croît trop vite et emprisonne des cristaux de silice, poursuit Anton von Faber-Castell. Cela émousse les outils de coupe qu'il faut changer plus souvent, ce qui renchérit les coûts de production. » Finalement, le groupe choisit de cultiver le pin des Caraïbes (pinus caribea). Il plante 10.000 hectares de forêts dans la savane brésilienne, dans l'état de Minas Gerais. C'est aujourd'hui une de ses fiertés. Cette forêt durable, émaillée d'espaces sauvages, abrite 19 espèces de mammifères différentes et 148 races d'oiseaux. Puma, ocelot, renard du brésil, renard des savanes, grande aigrette et nandou d'Amérique (un cousin de l'autruche) y cohabitent. Elle permet à Faber-Castell de bénéficier du label FSC (Foresty Stewardship Council) réservé au bois de forêts gérées équitablement. Sa forêt du Brésil fournit 86 % de ses besoins en bois. Le solde provient d'achats en Californie (cèdre) et en Indonésie (gmelina) auprès de fournisseurs qui, souvent, disposent également du label FSC.

A terme, l'objectif est de parvenir à 98 %, voire 99 %, d'approvisionnements durables. Ce qui représente un volume conséquent, pour un groupe qui a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 450,8 millions d'euros. Et ce n'est pas tout. Le souci de l'écologie lui a fait adopter des peintures à base d'eau pour ses crayons de couleurs, remplaçant les vernis toxiques d'autrefois.

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