Le port du Havre mise sur l'éolien en mer

Lancé dans un appel à candidatures pour attirer des industriels de l'éolien offshore, le Grand Port Maritime de Bordeaux met en avant ses atouts, et notamment la disponibilité immédiate de sa plate-forme portuaire (Lire notre premier volet sur les ports et l'éolien en mer). Le Grand Port Maritime du Havre (GPMH), sujet de ce deuxième volet de notre série, n'est pas en reste pour tenter de capter une partie de l'industrie qui va se créer autour de l'éolien en mer.
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Le GPMH ne manque pas d'arguments : le turbinier français Areva Wind l'a d'ailleurs pré-sélectionné avec Cherbourg et Dunkerque pour installer sa future plateforme industrielle et portuaire française.
Un groupe d'industriels serait par ailleurs en phase de prospection sur la zone du Havre pour implanter une usine de mâts. Selon nos informations, des études de calibrage sont en cours avec deux hypothèses de capacités : 50 et 100 unités. Si Le Havre transforme l'essai, il marcherait alors dans les pas de Dunkerque, où une usine de mâts (capacité de 100 unités) se structure également.
Une situation géographique idéale pour le marché français
Il faut dire que Le Havre, première zone portuaire de France, est idéalement situé par rapport au marché français et son premier round de 3.000 MW. Sur les cinq sites sélectionnés, trois sont à moins de 200 km à vol d'oiseau. L'agence de développement économique Le Havre Développement met également en avant les parcs britanniques de Hastings (650 MW) et West Isle of Wight (900 MW) le long du littoral sud du Royaume-Uni, implantés juste en face.
D'un point de vue géographique, la ville présente néanmoins moins d'avantages qu'une cité comme Dunkerque, beaucoup plus proche des marchés éoliens offshore d'Europe du Nord. Mais elle peut compter sur l'appui du port voisin de Fécamp, voire de Dieppe, des plateformes portuaires secondaires capables d'accueillir des bases de stockage et d'assemblage pour les phases d'installation, de réparation et de maintenance.
Deux scénarios possibles
L'objectif du Havre est clair : attirer un turbinier. "Si deux usines de turbines se créent en France à l'issue du premier appel d'offres, c'est déjà pas mal. Si c'est trois, c'est mieux. Mais il n'y aura pas forcement besoin de déployer des moyens industriels supplémentaires pour le deuxième round", explique Gérard Mercher, directeur général du Havre Développement. En d'autres termes, les grands ports français en concurrence n'ont pas le droit à l'erreur...
Le GPMH dispose de deux sites capables d'héberger un grand industriel et quelques industries connexes (pales, mâts, fondations...). Un endroit accueillant pour la production et l'assemblage doit faire au minimum 30 à 50 hectares. Le port du Havre met en avant un site immédiatement disponible, sans gros travaux préalables à réaliser. Ce territoire est le quai de Bougainville, un quai de 900 mètres de long avec un espace de 40 hectares, aujourd'hui utilisé par Les Terminaux de Normandie (espace situé à l'est de "Darse de l'Océan" sur la carte ci-dessous). Mais cette entreprise déménage cette année sur Port 2000, situé au sud-ouest du port, rendant l'espace disponible. Pour autant, le quai de Bougainville n'apparaît pas comme la solution privilégiée par le GPMH.
Eco Wind Park
Le port a élaboré un autre scénario avec son projet phare Eco Wind Park, un espace de 50 hectares, spécialement adapté pour l'éolien offshore, avec un quai à vocation colis lourds ayant un tirant d'eau de 12 mètres minimum (zones A et B sur la carte ci-dessous). L'espace pourrait même être agrandi de 20 hectares à terme. Très bien situé pour les transports et la logistique, le site aurait également à proximité un espace d'essai à terre pour expérimenter trois éoliennes. Dans ce domaine, cet Eco Wind Park rappelle à bien des égard le site portuaire de Verdon-sur-Mer du Grand Port Maritime de Bordeaux.
Mais Eco Wind Park présente un inconvénient de taille : son quai n'est pas construit et la zone est à aménager. Seules des pré-études techniques ont déjà été engagées. Situé en zone humide, l'espace doit faire l'objet d'études environnementales d'une durée d'un an pour être utilisé. Suivrait ensuite un à deux ans de travaux, puis la construction de l'usine. Avec ce calendrier, la pose de la première pierre d'une potentielle usine n'interviendrait pas avant fin 2013. Un turbinier qui choisirait Eco Wind Park aurait donc des contraintes de temps pour la livraison des premières turbines.


Même si aucun délai de réalisation des parcs n'est prévu dans le projet de cahier des charges de l'appel d'offres, ce critère entrera forcément en ligne de compte pour les consortiums qui vont se positionner. Pour ces raisons, Gérard Mercher est convaincu que les industriels devront prendre leur décision d'implantation à l'automne.
Que ce soit pour Eco Wind Park ou le quai de Bougainville, l'industriel qui posera ses bagages au Havre devra sortir du port par l'Ecluse François 1er, passage obligé vers la mer. Une infrastructure présentée comme la plus grande écluse d'Europe avec celle d'Anvers.
Le Havre allié à Saint-Nazaire
Enfin, le GPMH met en avant le site Joannes Couvert (zone C sur la carte ci-dessus), une plateforme située à l'aval de l'écluse ayant un accès direct à la mer. Le site - une quinzaine d'hectares - est adapté pour recevoir des activités d'assemblage final et de chargement. La région havraise présente un dernier argument avec son projet Win1 de site d'essai en mer, situé près des côtes normandes. Une sorte de ferme expérimentale où des industriels pourraient "brancher" leurs prototypes afin de les expérimenter.
Pour finir, fin 2010, les communautés d'agglomérations du Havre (CODAH) et de Saint-Nazaire (Carene) se sont associées dans l'éolien offshore pour coopérer sur le plan politique, économique et scientifique. Elles sont également alliées sur le lobbying et la communication, le développement d'une logistique inter-portuaire, la mutualisation des moyens, la R&D et la formation... Elles vont aussi publier un annuaire croisé des compétences régionales et lancent une analyse des ressources humaines, techniques et financières des entreprises prêtes à s'investir dans l'éolien offshore. En espérant que l'union fasse la force !

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