Après le dessalement de l'eau de mer, TMW s'attaque aux effluents industriels

TMW a réussi à mettre en boîte le cycle de l'eau ! Cette innovation est le fruit du rapprochement entre 3MW et TET, acté en septembre dernier, qui a donné naissance à TMW. À l'origine, cette start-up parisienne misait principalement sur le dessalement de l'eau de mer. Elle réoriente aujourd'hui sa stratégie pour attaquer aussi le marché du pré-traitement des effluents industriels. Un secteur jugé plus accessible à court terme.
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TMW mène un projet pilote dans ce domaine en France. Et après avoir levé 400.000 euros en mars, elle cherche 2 millions supplémentaires d'ici à la fin de l'année pour enclencher la commercialisation de ses solutions, prévue au dernier trimestre 2011.

Concentrer les liquides pollués
TMW a déjà investi près de 5 millions d'euros pour développer sa technologie tournée initialement vers le dessalement de l'eau de mer (Aquastill). Mais la France ne dispose pas d'un grand marché sur ce secteur et la start-up a vite réalisé qu'il était difficile d'aller démarcher des clients, ou simplement des projets pilotes, à l'international. C'est là qu'intervient son deuxième produit, Ecostill, capable de concentrer des effluents industriels, du lixiviat de décharges et autres liquides pollués. Un marché plus important dans l'Hexagone. Ecostill apparaît comme un produit d'amorçage commercial pour la société, qui emploie une dizaine de personnes.
"'Ecostill va aussi permettre à la société de tester facilement sa solution dans des régions proches de sa base, afin d'affiner les réglages techniques", note Antoine Gourdon, directeur du développement. En d'autres termes, les premiers produits Ecostill doivent essuyer les plâtres. La société préfère revoir sa copie à quelques centaines de kilomètres de son centre technique, situé près d'Angers (Maine-et-Loire) qu'à plusieurs milliers de kilomètres, en Afrique ou en Asie.

Un projet pilote dans le Pas-de-Calais
De fait, sa solution Ecostill a trouvé un écho auprès de la société de traitement Ovive (basée à Seclin / Nord) sur un site d'enfouissement technique dans le Pas-de-Calais. TMW a livré son tout premier module industriel, un produit en bêta test, dans le cadre d'un projet expérimental. L'enfouissement des déchets sur le site génère du biogaz et du lixiviat, un liquide souillé issu de la fermentation des déchets. La solution Ecostill, livrée en conteneur prêt à l'emploi, permet de concentrer cinq fois le lixiviat et de produire parallèlement une eau déminéralisée. Grâce à sa concentration, le coût de traitement du lixiviat est ensuite réduit de manière significative pour l'exploitant.
Avec les concentrateurs classiques, les technologies concurrentes sont les systèmes de distillation sous vide ou de compression mécanique de vapeur. Cette dernière approche consommerait près de 100 fois plus d'énergie que l'approche Ecostill de TMW, qui revendique une consommation électrique de 1 kWh/m3.

L'argument du coût énergétique
Que se soit en mode Aquastill ou Ecostill, la consommation d'énergie est le grand point fort des systèmes de TMW. "Notre objectif est de faire baisser le coût énergétique des solutions de traitement et de production d'eau", indique Antoine Gourdon. Reposant sur le cycle naturel de l'eau (Lire : 3MW dessale naturellement l'eau de mer), la technologie de TMW est peu énergivore. Seule la ventilation du système est consommatrice d'électricité, et dans une moindre mesure l'échangeur thermique (mais il peut être alimenté par un système d'énergie renouvelable : solaire thermique par exemple, ou biogaz comme sur le site d'enfouissement d'Ovive).

En matière de dessalement de l'eau de mer, le système Aquastill ne consommerait que 0,5 à 1 kWh pour produire 1 m3 d'eau douce, contre 3 à 7 kWh pour l'approche concurrente par osmose inverse, explique la société. Or l'osmose inverse occupe 90% du marché des installations de capacités inférieures à 1.000 m3 par jour.

Des développements avec Total
L'argument commercial de TMW semble donc imparable. La start-up est engagée depuis un an sur un projet avec le pétrolier Total. Ce dernier teste l'Aquastill sur ses plateformes offshore dans le cadre d'un accord technologique. D'autres projets sont en cours avec des partenaires, pour tester le couplage de la solution avec des technologies solaires par exemple. Sur le traitement des effluents, elle collabore aussi avec le britannique Microbac Biomass Engineering.
TMW est soutenue actuellement par un groupe d'une trentaine d'investisseurs individuels (type friends and family). Elle a bouclé sa dernière levée de fonds en mars dernier, avec 400.000 euros. La moitié a été apportée par les actionnaires historiques, l'autre par de nouveaux investisseurs. Aujourd'hui, 60% du capital est verrouillé par quatre associés.
L'entreprise espère boucler un nouveau tour de table de 2 millions en octobre prochain. Un investisseur industriel, ou financier, pourrait faire son entrée. L'objectif est de financer des outils de production industrielle, tout en renforçant la R&D. TMW voit encore plus loin en envisageant de développer des équipements de grande capacité (plus de 1.000 m3/jour) afin de pouvoir proposer une offre sur ce segment dès 2014. L'objectif est de réaliser un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros à l'horizon 2016.

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