Le marché du carbone a-t-il encore un avenir ?

Rien ne va plus sur le marché du carbone. Suivant la tendance des autres marchés, il s'effondre au point que certains craignent pour sa survie. Les certificats de réduction d'émissions (CER) des Nations Unies ont perdu 50% de leur valeur depuis juin et jeudi dernier ils ont atteint leur prix le plus bas, 5.90 euros. En Europe, les EUA (European Union allowances) chutent à 7.68 euros ! Et cette semaine, leur prix a déjà perdu 15 % de sa valeur. Alors que la conférence de Durban (Afrique du Sud) sur l'avenir du Protocole de Kyoto ouvre ses portes, le marché du carbone est au plus mal.
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Le ralentissement de l?économie européenne est la cause principale de la chute du prix du carbone : moins de production signifie moins d?énergie consommée, donc moins de CO2 émis et donc un besoin en permis réduit. Le marché du carbone réagit à la conjoncture : les prix baissent quand l?offre excède la demande. Selon les analystes le plus optimistes, cela veut dire que le prix reviendra à la hausse quand l?économie repartira...
Actuellement, les prix pourraient baisser jusqu?à trois dollars la tonne de CO2, selon les analystes les plus pessimistes qui soulignent le dérèglement du marché : les règles ont été créées avant 2008, donc avant la crise. Résultat : il y a trop de permis pour peu de pollueurs. La solution pour contrer la chute des prix pourrait être d'établir un prix plancher.

Un marché jeune et complexe
Depuis l?entrée en vigueur du protocole de Kyoto, en février 2005, de nombreux Etats se sont cassés les dents sur le mécanisme de "cap and trade" (plafonnement et échange). Ce système plafonne les émissions de gaz à effet de serre d?une entreprise. Si celles-ci dépassent le quota alloué, l'entreprise peut soit modifier ses process pour polluer moins, soit acheter des droits d?émission sur le marché de carbone.
Depuis sa mise en place dans l?UE, en 2007, le marché du carbone a rencontré de nombreux problèmes. Notamment un sérieux problème de fraude. En janvier dernier, le marché a même dû s?arrêter brièvement suite à un "vol" d?environ 28 millions d?euros correspondant à environ deux millions de quotas.

Aux Etats-Unis un consensus fédéral impossible
Aux Etats-Unis, le président Barack Obama voulait établir un marché national de carbone. Son projet a été durement critiqué, car il était perçu comme un obstacle à la croissance économique à une heure critique. Depuis, le sujet a été relégué au second plan. Mais certains Etats ont mis en place leurs propres systèmes.
La Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI) est une initiative de dix Etats (Connecticut, Delaware, Maine, Maryland, Massachusetts, New Hampshire, New York, New Jersey, Rhode Island, Vermont) pour réduire leurs émissions de carbone. Selon une étude, réalisée par Analysis Group, ce projet a permis aux Etats de gagner plus de 1,6 milliard de dollars de valeur économique, les consommateurs ont économisé presque 1, milliard de dollars et 16.000 emplois ont été crées. Pourtant, le gouverneur du New Jersey a annoncé en juin que sont état quitterait la RGGI en 2011.
En Californie, Arnold Schwarzenegger a réussi, juste avant de quitter son poste de gouverneur, à obtenir la mise en place d?un marché du carbone, sur le modèle de celui existant en Europe. Il devrait voir le jour en 2012.

De signes avant-coureurs de la fin ?
Mais personne ne semble plus rêver du marché carbone à cause de son instabilité. La bourse carbone de Chicago, Chicago Climate Exchange, a mis la clé sous la porte il y a un an. Le trader de Singapour, Noble Group, a annoncé début novembre la "limitation" de l?activité de sa branche carbone. JP Morgan a vendu sa branche dans le même secteur en août dernier. Et de son côté, la Société Générale vient de céder ses parts dans Orbeo, reprises par Rhodia. Si Durban n'apporte pas un peu d'espoir sur la poursuite des mécanismes, le marché du carbone pourrait s'enfoncer encore un peu plus dans la crise.

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