Total expérimente le captage-stockage de CO2

Le groupe pétrolier veut injecter, dans un réservoir gazier en fin d'exploitation, le dioxyde de carbone produit sur sa plate-forme de Lacq.

Ce devait en principe être une première mondiale. Mais Alstom Power lui a de peu grillé la politesse, en novembre dernier aux États-Unis. Le pilote industriel de captage-transport-stockage de CO2 que Total inaugure ce lundi sur son site de Lacq (Pyrénées-Atlantiques) en présence de Valérie Letard, la secrétaire d'État chargée des technologies vertes et des négociations sur le climat, demeure néanmoins le premier système intégré de ce type en Europe. « Captage, transport, stockage sont des opérations auxquelles d'autres ont déjà procédé ailleurs sur le continent. Mais c'est la première fois que les trois étapes se réalisent simultanément sur un même site », précise Guy Zahan, directeur régional de la communication du pétrolier français.

Total prévoit ainsi de capter sur deux ans quelque 120.000 tonnes de CO2 produites par l'une des quatre chaudières que compte sa plate-forme de Lacq pour les injecter et les stocker dans Rousse 1, un champ gazier en fin d'exploitation de 1 kilomètre de large sur 2 kilomètres de long situé à 27 kilomètres de là, en plein c?ur du vignoble de Jurançon.

Le gaz carbonique sera stocké à 4.500 mètres de profondeur à une pression de 70 bars là où le méthane l'était à 480 bars il y a trente ans, avant l'exploitation du gisement. « Ce pilote a pour vocation essentielle de développer une méthodologie de surveillance du comportement du puits, d'abord pendant la phase d'injection, puis durant les premières années de stockage, explique Guy Zahan.

Pas exempte de risques

Car évidemment l'opération, qui aura coûté 70 millions d'euros entièrement financés par Total, n'est pas totalement exempte de risques. « Le CO2 pourrait en effet migrer. D'éventuelles réactions chimiques susceptibles de réactiver des failles et de faire apparaître des fuites ne sont pas non plus exclues. Nous ne croyons pas à ces scénarios, mais il est nécessaire que nous le prouvions », assure-t-on chez Total.

Une première phase de surveillance minutieuse est ainsi prévue pour durer trois ans au terme desquels une première évaluation devrait permettre à l'administration de décider de l'avenir du site. « Soit l'opération est un succès et nous pourrons laisser le réservoir en l'état en maintenant un système de surveillance allégé. Soit c'est un échec et nous devrons réextraire le CO2 », indique Total pour qui cette dernière éventualité est évidemment hautement improbable.

Mais le pilote a aussi pour ambition de permettre aux équipes de Total de trouver les moyens de baisser les coûts du système. « La tonne de CO2 captée revient à 60 euros dans l'état actuel des choses. Et nous nous sommes donné pour objectif de ramener ce coût à 30 euros la tonne », précise Guy Zahan. Un prix qui permettrait sans doute d'accélérer le développement de ce procédé de neutralisation du CO2 dont le marché est évalué à 128 milliards de dollars à l'horizon 2030 selon une étude récente du cabinet américain Pike Research.

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