Solaire  : l'État met de l'ordre dans les tarifs de rachat

Dans l'ensemble, les professionnels se réjouissent des nouvelles règles instaurées par le gouvernement, qui voulait éviter la formation d'une bulle.

C'était annoncé depuis septembre : le secteur espérait une publication au plus tard le 31 décembre, c'est enfin fait. L'arrêté fixant les nouveaux tarifs de rachat des énergies renouvelables est publié ce jeudi. Il prévoit notamment des baisses pour certains tarifs solaires (voir ci-dessous).

Dans son ensemble, la profession se réjouit d'une mesure qui évite la formation d'une bulle solaire telle que celle subie par l'Espagne il y a peu. « C'est par principe une bonne chose que les tarifs baissent avec les coûts de production, reconnaît Xavier Barbaro, directeur général de Neoen. Depuis un an, on a vu se créer des centaines de sociétés, alors que nous ne sommes qu'une dizaine à avoir réalisé des projets et à posséder l'assise financière suffisante pour nous développer. » Nicolas Rochon, chez Financière de Champlain, évoque « les niches de défiscalisation » qui ont conduit aux débuts d'une bulle, et des taux de rendement malsains de 25 % à 30 %, alors qu'un plafond de 10 % à 15 % est nécessaire pour pousser le secteur à des efforts de productivité et éviter la multiplication des « vendeurs de papier ». Xavier Barbaro parle de « centrales solaires sur pilotis » vendues à des agriculteurs alors que sa société équipe, elle, de vrais hangars.

Daniel Bour, président de Sunnco GC, apporte néanmoins un bémol à ce constat. « Sur les 4 gigawatts évoqués, tous n'auraient pas été menés à terme, ne serait-ce qu'en raison des besoins de financement correspondants et des autorisations nécessaires. »

Indexation modifiée

Pour les centrales au sol, l'argument d'EDF EN (qui va ouvrir, en partenariat avec l'américain First Solar, une usine dans le Lot) sur la création d'une véritable filière industrielle en France, grâce aux volumes correspondants, aurait beaucoup pesé dans la balance. « La régionalisation des tarifs pour les centrales solaires au sol est une très bonne chose car elle permet de récupérer presque 50 % de la perte de production observée entre les régions ensoleillées et les autres, se réjouit David Corchia, le directeur général d'EDF EN. Toutefois, la modification apportée à la formule d'indexation risque d'avoir un impact très négatif sur la rentabilité, et donc le développement des projets. Ça change la donne ».

Cette régionalisation des tarifs, jugée très positive en matière d'aménagement du territoire, rend par ailleurs possible l'objectif du Grenelle de l'environnement de 50 mégawatts de solaire par région. Mais elle n'a pas été obtenue pour les installations en toitures, comme le regrette Daniel Bour. Autre grief qu'il adresse à cet arrêté : la pénalisation des constructions neuves, notamment les immeubles de bureaux. Si le tarif de 42 cents est jugé « tendu », y compris par EDF EN, il reste attractif. « Il va falloir s'organiser pour faire encore baisser les coûts, à tous les niveaux », admet David Corchia. Au-delà des niveaux de tarifs, Xavier Barbaro reproche au texte « le recours au seul bâton financier sans jouer sur le levier administratif pour faire le tri entre les projets sérieux et les autres ». Thierry Lepercq, président de Solaire Direct, juge la forme très malheureuse et estime que cela porte un doute sur la fiabilité des tarifs d'ici à 2012. En revanche, il estime que « les tarifs ne baissent pas encore suffisamment » pour pérenniser un marché sain.

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