L'Australie rêve de « charbon propre »

La gazéification permettrait au premier producteur mondial de limiter l'impact environnemental de sa production d'énergie.

Transformer son charbon en gaz, voilà un scénario idéal pour le premier producteur de la planète, et aussi l'un des principaux pollueurs avec 65 % de son énergie issue de la combustion du minerai. Pour reverdir son image, l'Australie s'intéresse de très près à un procédé connu depuis le début du xxe siècle, la gazéification souterraine du charbon (« Union Coal Gasification », UCG en anglais). Cette technique consiste à transformer le charbon en gaz au coeur même du gisement avant de le récupérer pour le transformer en carburant ou pour l'injecter dans les centrales électriques.

À ce jour, elle n'a été utilisée à grande échelle que dans l'ex-URSS, vantée par Lénine lui-même dans la « Pravda ». Plusieurs installations ont vu le jour dans les années 1960 en Ukraine et surtout en Ouzbékistan. Trop cher face au pétrole et au gaz, l'UCG n'a pourtant jamais dépassé les frontières soviétiques. « Jusqu'à ce que la nécessité de trouver de nouvelles sources énergétiques le remette au goût du jour », explique Cliff Mallett, en charge du dossier pour le CSIRO, l'équivalent australien du CNRS. Le Canada et la Grande-Bretagne ont annoncé en 2009 des projets qui pourraient révolutionner le mix énergétique de ces pays.

solution providentielle

En Australie, le premier site UCG a vu le jour en 1998, du côté du Queensland dont les sous-sols renfermeraient près de 35 milliards de tonnes de minerai. Trois projets y sont actuellement en cours. « C'est une piste importante dans le développement des techniques de charbon propre mises en avant par le gouvernement de Brisbane, qui permet en plus une exploitation maximale des gisements, à hauteur de 95 % du minerai identifié », précise encore Cliff Mallett. Le CSIRO participe d'ailleurs au projet de Dalby opéré par Carbon Energy, actuellement le plus avancé. Au point d'attirer les premiers gros investisseurs, comme Pacific Road, filiale du holding gouvernemental singapourien Temasek, qui vient de prendre début avril 15 % du capital de l'opérateur. « Une preuve du potentiel du projet », selon Ross Paul, consultant sur les énergies alternatives pour un fonds de placements, qui estime que, « l'arrivée d'investisseurs importants, si elle se confirme, va grandement accélérer le développement de l'UCG en Australie ». Surtout qu'en ces temps de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le procédé apparaît comme une solution providentielle pour l'industrie charbonnière. « Les impuretés du CO2 libéré lors de la combustion du charbon restent dans le sous-sol et après utilisation par les centrales, le gaz carbonique est réinjecté dans la cavité vidée de son charbon, selon les techniques classiques de géoséquestration », reprend Cliff Mallett. L'empreinte carbone du minerai devient donc « quasi nulle », d'après le scientifique du CSIRO.

Seul inconvénient, les besoins importants en eau durant le processus de gazéification, problèmatiques dans un pays aussi aride. Les recherches s'étendent à d'autres États australiens, notamment dans le Victoria et en Australie méridionale. Tous ont maintenant les yeux tournés vers Brisbane, qui décidera avant la fin de cette année des suites à donner aux initiatives lancées à travers le Queensland par le secteur privé. n

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