Eolien offshore : le modèle danois séduit les opérateurs français

Alors que la France s'apprête à lancer un plan pour l'implantation de parcs éoliens en mer, l'exemple du Danemark, pionnier en la matière, est riche d'enseignements.

Le vent tourne enfin pour l'éolien offshore. Le gouvernement français lancera à l'automne un appel d'offres pour la production d'électricité d'origine éolienne offshore sans limitation de puissance, avec tarif d'obligation d'achat. Il doit dans un premier temps sélectionner une dizaine de « zones » pour l'implantation des parcs marins. Une planification réclamée par les opérateurs, qui jugent cependant peu ambitieux l'objectif français de 6.000 mégawatts d'éolien offshore en 2020. La France ne dispose à ce jour d'aucun parc, pas même en construction. Le « parc éolien en mer des deux côtes » porté par la Compagnie du Vent (groupe GDF Suez) vient d'entrer dans la phase de débat public. Situé au large de la Seine-Maritime et de la Somme, c'est le plus gros projet français : 140 éoliennes de 5 MW pour un investissement estimé à 1,8 milliard d'euros.

Fixé à 13 centimes d'euro le kilowattheure (8 centimes pour l'éolien terrestre) pendant les dix premières années, le tarif de rachat français comprend le raccordement à la terre. Un point contesté par les opérateurs qui font valoir qu'au Danemark ou en Allemagne, les tarifs - proches des 13 centimes - ne comprennent pas le raccordement, pris en charge par le gestionnaire du réseau, le « RTE » local. Le Syndicat français des énergies renouvelables milite donc pour un tarif de 18 centimes le kilowattheure pour un parc « moyen », permettant un retour sur investissement de 10 %. Les opérateurs veulent aussi faire voler en éclats le dogme du tarif unique. « Chaque projet devrait avoir son propre tarif, comme au Danemark », estime le directeur général adjoint de la Compagnie du Vent, Pierre Lagandre.

Pionnier de l'éolien terrestre dans les années 1970 puis de l'offshore depuis 1991, le Danemark, qui ne peut compter sur l'hydraulique en matière d'énergie renouvelable, fait figure d'eldorado de l'éolien. 22 % de son électricité sont aujourd'hui générés par le vent et l'objectif est fixé à 50 % en 2025 grâce au remplacement des vieilles éoliennes terrestres par des machines plus performantes et à de nouveaux parcs en mer, s'ajoutant aux neuf existants pour une capacité totale de 700 MW. « S'il a été si précoce en matière d'éolien, c'est parce qu'il est beaucoup plus pollueur que la France », analyse Pierre Lagandre. 80 % de l'électricité française, d'origine nucléaire, n'émet pas de carbone tandis que l'essentiel de l'électricité danoise est produite par des centrales thermiques au charbon !

négociation

Le port d'Esbjerg, qui a vu fondre sa flottille de pêche de 46 % en dix ans, s'impose désormais comme une plate-forme d'expédition d'éoliennes et comme le « cluster » de l'offshore, gazier comme éolien. La cohabitation entre parcs éoliens offshore et pêcheurs a été réglée par la négociation dès la construction et avec des mécanismes compensatoires pour le « manque à pêcher ». La pêche au chalut est en effet interdite à une distance de 250 mètres des parcs éoliens en mer pour que les engins de pêche ne viennent pas endommager les câbles sous-marins.

Les Danois ont bâti autour de l'éolien une vraie filière industrielle des gestionnaires de réseaux offshore, comme Dong Energy, jusqu'aux constructeurs. Aux côtés de Vestas, numéro un mondial de l'éolien, Siemens Wind Power, né du rachat en 2004 du danois Bonus, revendique « le plus gros carnet de commandes mondial dans l'éolien offshore ». Retenu pour le premier parc offshore autorisé aux Etats-Unis, Cape Wind (420 MW) dans le détroit de Nantucket (Massachusetts), il a les yeux rivés vers le colossal potentiel du Royaume-Uni qui annonce 32.000 MW pour 2030. Et peut-être bientôt sur la France ? n

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