Le redresseur récompensé

Cela fait maintenant un peu plus de neuf ans que Noël Goutard est PDG de Valeo. C'est, en effet, le 1er janvier 1987 que Carlo De Benedetti, devenu six mois plus tôt le principal actionnaire et l'opérateur industriel de l'équipementier automo-bile, lui en confie les commandes. Sa tâche : recentrer le groupe sur l'automobile et lui donner une dimension internationale. Noël Goutard relève le défi. Il est vrai que son passage chez Compteurs Schlumberger, Thomson ou encore Chargeurs, lui ont forgé une solide réputation de « redresseur ». Il accélère le désengagement du groupe de diversifications hasardeuses, comme le bâtiment, et n'hésite pas à se défaire d'activités qu'il juge non stratégiques, comme les plaquettes de freins, l'allumage ou les avertisseurs. Toute cette restructuration va coûter cher, notamment en hommes, puisqu'en 1987 et en 1988 Valeo recourra à d'importantes réductions d'effectifs, notamment dans son siège social et dans son siège administratif. Mais surtout, conscient de l'importance que l'électronique va prendre dans la voiture, Noël Goutard se lance à fond dans un secteur que ses prédécesseurs avaient ignoré. Il est aussi une autre qualité que tous s'accordent à lui reconnaître, celle de « visionnai-re ». Elle lui a permis, dès septembre 1990, après l'invasion du Koweït par Saddam Hussein, de mettre en place dans son groupe une cellule de crise. Il a également été parmi les tout premiers à prévoir un marché automobile plutôt difficile en 1995 et, dès 1992, il limite les recrutements du groupe à ceux d'ingénieurs. Car, pour se hisser parmi les premiers mondiaux, il faut consacrer d'importantes ressources à la recherche et au développement, ce qu'il fait. Son obsession reste la baisse des coûts de revient et la recherche de produits nouveaux afin de continuellement acquérir de nouveaux marchés. Le bilan est aujourd'hui positif. Alors que Valeo affichait 12,1 milliards de francs de chiffre d'affaires fin 1986 et une perte de 308 millions de francs, part du groupe, après 1 milliard de coût de restructuration décidée par Noël Goutard, il affiche, pour 1995, 25,2 milliards de francs de chiffre d'affaires et devrait annoncer près de 1 milliard de résultat. Mais, surtout, Valeo occupe dans nombre de ses activités la place de leader européen, voire mondial. Une consécration pour cet homme de soixante-quatre ans, passionné de jazz et de peinture contemporaine, qui n'a fait ni Polytechnique ni l'ENA. C. M.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.