Microsoft lance un magazine en ligne et sur papier

Une bête étrange a surgi dans le monde surpeuplé des magazines électroniques américains. Parrainé par Microsoft, l'hebdomadaire Slate (https://www slate.com) prend le contre-pied du style habituel des « webzines », publications informelles, provocantes, tape à l'oeil, qui privilégient souvent le visuel au détriment de la substance. L'objectif de Slate ? Faire du « journalisme sérieux et conventionnel » pour des gens qui ne sont pas des « cyberdingues ». « Nous adopterons une position plutôt sceptique à l'égard des mythes et de la vanité du cybermonde », ajoute le directeur de Slate, Michael Kinsley, une star des médias américains, qui a eu le courage de quitter un prestigieux poste de commentateur sur CNN pour se lancer dans l'aventure en ligne. Pour Microsoft, le lancement de Slate s'inscrit dans une stratégie visant à développer la production de « contenu » : la compagnie possède un service d'information, MSN News, et va lancer une chaîne d'information câblée avec NBC. Slate en ligne, qui sera aussi publié sur papier, a l'aspect d'un magazine conventionnel. Pages numérotées, résumé de la semaine au début, critiques littéraires à la fin et, au milieu, de longs et sérieux articles politiques, économiques et culturels, rédigés par des journalistes chevronnés. Au sommaire : Bob Dole et les impôts, Bill Clinton et la drogue, l'ascension sociale des Américains d'origine asiatique. Chaque semaine, Herbert Stein, ancien chef des conseillers économiques de la Maison-Blanche, invite quelques cerveaux à discuter d'un grand sujet. Premier débat, histoire de démontrer l'indépendance de Slate : « Microsoft joue-t-il loyalement le jeu ? » Interactivité limitée à une messagerie électronique La présentation est claire, sobre. Les liens en hypertexte sont peu nombreux et placés en fin d'articles pour permettre une lecture linéaire traditionnelle, à l'opposé de la lecture en zigzag des autres « webzines », où le lecteur est fréquemment invité à sortir d'un article pour visiter des sites apparentés. Pour l'instant, l'interactivité se limite à une messagerie électronique. Dans quelques semaines, Slate offrira un véritable forum, où les lecteurs pourront converser avec d'autres lecteurs et les rédacteurs du magazine. Le magazine entend aussi se différencier de l'imprimé en mettant son contenu quotidiennement à jour. Le lecteur a en outre la possibilité de télécharger des séquences vidéo et d'écouter un poète déclamer ses vers. On ne pourra cependant pas accuser les créateurs de Slate de se prostituer auprès des internautes. Non seulement leur site est comparativement austère, mais il sera payant à partir du 1er novembre. C'est risqué. « Pourquoi devrais-je payer quand il y a tellement de trucs gratuits en ligne ? », demande un lecteur, Craig Schumacher. Réponse anticipée de Michael Kinsley dans sa lettre de présentation : « Faire payer aux lecteurs une partie des coûts est le seul moyen par lequel le journalisme sérieux peut vivre sur le Web. Il ne serait pas sain de dépendre complètement des annonceurs. » Jean-Marie Macabrey, à Washington
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