Les salines de Guérande récoltent les fruits d'une « révolution » maîtrisée

Que de chemin parcouru en un peu plus de vingt ans par les Salines de Guérande. Créées en 1972 à la demande des pouvoirs publics pour mieux gérer une offre complètement déstructurée, les Salines de Guérande, alors syndicat professionnel, ont connu des fortunes diverses jusqu'en 1988. Mauvaises récoltes, ruptures de stocks, méventes chroniques... n'ont eu de cesse de caractériser ces seize premières années d'existence. Bon an mal an, les Salines de Guérande ne produisent que 4.000 tonnes de sel. Une situation loin de convenir aux producteurs, qui décident de financer une étude globale de stratégie marketing. « Il faut mieux répondre à la demande en diversifiant les ventes afin d'offrir aux consommateurs d'autres produits que le gros sel », indique la conclusion du rapport. Conscients des difficultés qu'ils rencontrent, les producteurs décident de changer de stratégie. D'une part, ils transforment le syndicat professionnel en coopérative. De l'autre, ils décident d'appliquer la conclusion de l'étude qu'ils avaient commandée afin de redynamiser leurs ventes. Pour produire une offre de qua- lité régulière, les producteurs décident de créer un centre de formation professionnelle. Ainsi, chaque année, une dizaine de jeunes bénéficient de l'enseignement des meilleurs techniciens. Outre une formation plus efficace, ce projet a eu pour mérite de rajeunir cette profession puisque, selon Charles Perraud, directeur général du Groupement des producteurs de sel de Guérande (GPS), 80 % d'entre eux ont moins de quarante ans. Seconde grande « révolution » : les producteurs sont payés désormais en fonction de la qualité du sel livré. Autres initiatives importantes : l'amélioration du stockage, la modification de l'emballage et, enfin, une grande campagne de communication. Prix haut de gamme. Un changement de mentalité tout bénéfice pour les 150 producteurs rattachés au GPS puisque leur effort sera récompensé par l'obtention du label rouge. Les sels labellisés doivent répondre à des critères très stricts (taux d'humidité, granulation...) certifiés par le centre de promotion des produits de qualité supérieure (PAQ). Pas d'antimotant (pour éviter que le sel s'agglutine) ni d'additif chimique. Une qualité reconnue par les consommateurs qui plébiscitent surtout depuis deux ans le sel de Guérande. Et ce malgré un prix haut de gamme, au moins 20 % plus cher que les marques nationales (7,50 francs pour le sel fin en boîte de 250 grammes). « Nous voyons l'avenir avec sérénité. » De 4.000 tonnes en 1988, la production a atteint la barre symbolique des 10.000 tonnes en 1995. Soit 1.500 tonnes de plus que la capacité de production du site. Les salines de Guérande peuvent toutefois compter sur leurs stocks excédentaires (30.000 tonnes). Numéro deux du secteur (25 %) derrière le sel d'Armor (70 %), récoltés à Guérande pour les Salins du Midi, les producteurs de Guérande fournissent non seulement leur sel aux entreprises (30 % des ventes) et à la production animale (10 % du chiffre d'affaire), mais également à la grande distribution. « Nous voyons l'avenir avec sérénité », confie Charles Perraud. Tout en reconnaissant que la vogue des produits de terroir ne doit pas céder à la tentation de la banalisation. C'est pourquoi la société vient de constituer un dossier pour obtenir de l'Union européenne l'IGP (Indication géographique de provenance). N. T.
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