Sans Adobe, l'infographie serait plus triste

En créant Adobe en 1982, John Warnock et Charles Geschke voulaient commercialiser un langage informatique standardisé capable de transmettre à une imprimante les pages créées sur écran, fussent-elles extrêmement complexes. Le logiciel Postcript, qui permet de reproduire les caractères d'imprimerie, les images et les dessins d'un écran, a été le résultat de leur recherche. Il s'est imposé dans le monde entier grâce à une politique commerciale astucieuse. Adobe a distribué gratuitement les codes des caractères d'imprimerie mais a conservé les droits du logiciel de traduction. La reconnaissance mondiale est venue en 1985 avec Apple Computer, qui a incorporé le logiciel d'impression d'Adobe dans son Macintosh. Un phénomène normal puisque la technologie du Macintosh est née dans le Xerox Research Center de Palo Alto. Or, John Warnock et Charles Geschke sont deux anciens du célèbre centre de recherches. En 1986, Adobe sollicitait les suffrages de la Bourse. L'entreprise a voulu imposer un autre standard avec Acrobat, un logiciel de gestion de documents, qu'elle a distribué gratuitement en 1993 et en 1994. Récemment, elle a intégré Acrobat avec les navigateurs de Netscape. Elle vient aussi de conclure un accord similaire avec Oracle. Parallèlement, une autre société, Aldus, gagnait des parts de marché dans un autre segment de l'infographie avec son logiciel PageMaker (édition de pages). La coopération entre les deux entreprises a abouti à une fusion en 1994. L'année dernière, Adobe a racheté Frame Technologie, dont le logiciel FrameMaker permet la mise en page de catalogues de gros volume. Cenneca Communications est également entrée dans son giron, lui permettant de renforcer son offre sur le Web. Son logiciel PageMill permet de créer des pages sur le Web aussi facilement qu'un document en traitement de texte, tandis que SiteMill simplifie la gestion des documents sur un site Web. Chaque achat a permis à Adobe d'intégrer des technologies complémentaires. Toutefois, ses coûts d'exploitation ont vivement augmenté et la Bourse a eu peur. Finalement, le matelas de 800 millions de dollars de liquidités a rassuré les investisseurs mais Adobe devra aussi les convaincre que sa rentabilité est préservée. Le bénéfice net de son deuxième trimestre a baissé de 3,4 %, pour s'établir à 34,1 millions de dollars alors que ses ventes ont augmenté de 7,8 % (2.04,3 millions de dollars). La réussite dans le monde Internet est cruciale si Adobe veut prouver qu'elle reste une entreprise de croissance au lieu de vivre sur les rentes de ses premiers succès. P. B.
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