Pieter Wispelwey, l'archet vaillant

L'oreille constamment en éveil, l'oeil complice, Pieter Wispelwey dites Wichpelway) inspire la même séduction que son violoncelle. Vif, pétillant, efficace, ce gourmand se délecte de sonorités éclatantes de couleurs ou abîmées de profondeur. De Bach à Ligeti. Trois cents ans de musique qu'il embrasse avec une aptitude particulière à choisir l'essentiel. Parmi la deuxième génération d'interprètes « historique » sur instrument ancien, il est peut être celui qui se glisse le plus spontanément dans les partitions les plus sensibles. De Vivaldi à Hindemith. Sans effort apparent. Ni (peut-être) trop d'interrogations. Reprenant à son compte, dans sa ferveur juvénile (il est né en 1962), l'éclair de René Char : « Aucun oiseau n'a le coeur de chanter dans un buisson de questions ». Notamment, dans les redoutables Sonates pour violocelle seul de Jean-Sébastien Bach. Véritable alpha et oméga de son répertoire, il n'a pas hésité à les graver d'emblée - et avec bonheur - dans sa discographie. Alors que ces aînés les signaient plutôt en testament (Casals, Starker), dans leur maturité. Il faut y voir le geste fondateur d'une relève, assumée. Même s'il n'a de cesse de revenir (en concert*) sur l'énigme de « ce panorama infini de sentiments ». Quel que soit le monument (les sonates de Vivaldi, l'intégrale des sonates pour violoncelle et piano de Beethoven), la musique n'est ni un discours philosophique, ni une oeuvre de science, mais un flux de sensations, une force vitale à dominer et à transmettre. Ce qui ne l'empêche pas de tenter de vrais défis (musicologiques) comme cette uniue « intégrale des sonates pour violoncelle et pianoforte » de Beethoven. Dans cette interprétation stimulante sur instruments anciens - choquante pour les puristes, le pianoforte rééquilibre la force - et ce faisant, le dialogue - des deux instruments. Olivier Olgan Pieter Wispelwey poursuit l'introspection des Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach, ce soir au Théâtre des Champs-Elysées (49.52.50.50), le 28 au Théâtre du Musée Grévin (48.24.16.97), et les 17 et 18 février à l'Abbaye Royale de Fontevraud (41.51.73.52). Discographie chez Channel classics. Bach, Suites pour violoncelle seul. CCS 1090. Beethoven, Intégrale des sonates pour violoncelle et piano. CCS 3592. Vivaldi, six sonates pour violoncelle. CCS 6294. Hindemith -Sessions- Ligeti. CCS 7495.
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