Quatre candidats potentiels... et un inconnu

Yvon Jacob, l'homme de l'industrie "Il y a eu la refondation sociale. L'heure est maintenant à la refondation économique." Apprécié par l'Elysée, le président du conseil de surveillance de Legris Industries, une entreprise rennaise de construction mécanique de 3.000 salariés, a déjà des idées bien arrêtées sur le contenu de son mandat s'il est élu à la tête du Medef, dont il est déjà membre du conseil exécutif.A soixante-deux ans, Yvon Jacob est un militant patronal chevronné : il préside la Fédération des industries mécaniques et le Groupe des fédérations industrielles. Il estime que la très riche actualité sociale de ces dernières années a détourné le Medef de ses fonctions premières. Aussi, s'il est élu, il compte engager une réflexion sur une vraie réforme de la fiscalité des entreprises et du financement des charges sociales. Il souhaite aussi impliquer les "entrepreneurs de terrain" et les voir "davantage expliquer aux Français que ce sont les entreprises qui créent la richesse".Quant on lui reproche d'avoir trop frayé avec le monde politique - il a été député apparenté RPR de Rennes de 1993 à 1997 -, il rétorque que "ce ne sont que quatre ans de ma vie. Et cette expérience me permet d'anticiper les réactions des hommes politiques."Guillaume Sarkozy, Monsieur frère"Le prin- cipal pro-blème de Guillaume, c'est son frère." Ce patron résume toute la difficulté que représente pour l'aîné des Sarkozy les ambitions politiques de son cadet Nicolas.Pourtant, à cinquante-trois ans, Guillaume Sarkozy affiche une curriculum vitae très respectable pour prétendre au poste de numéro un du Medef. Il est déjà vice-président de l'organisation patronale, président de l'Union des industries textiles (UIT) et de l'entreprise des Tissages de Picardie. Il connaît bien les syndicats, qui le trouvent "réglo". En revanche, ses détracteurs patronaux lui reprochent de ne pas avoir une opinion suffisamment affirmée sur tel ou tel dossier et "de composer en fonction des circonstances".Reste donc "le problème Nicolas"... Guillaume Sarkozy considère que les deux frères peuvent faire coexister leurs ambitions respectives. Pourtant, il n'a jamais démenti le scénario qui affirme qu'il serait prêt, dans le cadre d'un "ticket", à se contenter, pour l'instant, d'un poste de vice-président délégué, en attendant de voir la tournure prise par la carrière de son frère.Laurence Parisot, la femme de tête"Ernest-Antoine Seillière a une telle personnalité que l'on a du mal à imaginer la suite"... Très attachée à l'actuel président (qui le lui rend bien), Laurence Parisot se verrait bien lui succéder. A quarante-six ans, cette diplômée de Sciences po pense ne pas manquer d'atouts. Membre du conseil exécutif du Medef depuis janvier 2003, elle dirige deux PME : l'institut de sondage Ifop (32 millions d'euros de CA) et Optimum (45 millions de CA), une entreprise de fabrication de portes de placards installée à Agen. Elle est par ailleurs membre du conseil de surveillance d'Euro Disney et devrait intégrer prochainement celui de Michelin.Laurence Parisot est très fière de ses multiples activités. Elle affirme qu'il faut à la tête du Medef "quelqu'un qui fasse la synthèse entre les PME et les grandes entreprises et entre l'industrie et les services, tout en sachant s'adresser aux autres acteurs économiques et politiques". Pour séduire la base patronale, elle n'hésite pas tenir un discours très ultra sur les questions sociales. C'est ce côté "passionaria" que lui reprochent certains. Seule femme candidate, elle affirme ne pas rencontrer de misogynie parmi les patrons. Selon l'un d'entre eux, elle pourrait paradoxalement profiter de son "profil atypique : c'est une femme, qui a une bonne connaissance de l'opinion pu- blique et qui dirige une PME", souligne-t-il. Hugues-Arnaud Mayer, l'invité surpriseA quarante-six ans, le très dynamique dirigeant d'Abeil, une entreprise de couettes basée à Aurillac, a déjà un vécu patronal : président du Medef Auvergne, du Medef Puy-de-Dôme, ancien membre du conseil exécutif du Medef, etc. Il se lance dans cette bataille en estimant être "un vrai entrepreneur qui a choisi le risque".Très tourné vers l'international, il pense aussi être l'homme de la synthèse, "capable de comprendre les problèmes de toutes les entreprises [TPE, PME, grandes entreprises] et d'être représentatif du renouveau du Medef de l'après-1998". Pour lui, l'organisation patronale doit prendre une plus grande dimension économique et sociétale, notamment en développant des vocations de patrons chez les jeunes et en agissant davantage sur les leviers de la croissance.Son manque de notoriété ? Il hausse les épaules : "Ce n'est pas une élection au suffrage universel. Et j'ai été membre du conseil exécutif avant les trois autres candidats."Monsieur X, l'émanation du CACC'est le virtuel futur candidat, rêvé notamment par ceux qui ne veulent pas laisser les rênes du Medef à un simple "entrepreneur de terrain". Le profil de ce "Monsieur X" ? Un grand capitaine d'industrie, une figure du monde entrepreneurial. D'où certains noms parfois évoqués, tels que Georges Pebereau (BNP), Francis Mer (ex-Arcelor), Louis Schweitzer (ex-Renault), voire Henri de Castries (Axa). "C'est un fantasme, assure un observateur, car, au contraire, il faut un patron de rupture par rapport à Seillière." Mais ce "grand patron", qui descendrait dans l'arène, c'est aussi, peut-être, la planche de salut pour Guillaume Sarkozy à la recherche d'un "ticket". Ceci dit, ce "Monsieur X" - s'il existe - n'a vraiment plus beaucoup de temps pour se dévoiler, depuis qu'Ernest-Antoine Seillière a délibérément choisi d'accélérer sa succession.Jean-Christophe Chanut
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